Une affaire de Famille

Il était clair qu’aujourd’hui, le soleil était loin de l’apogée qu’il eut déjà frôlé en ces jours caniculaires propres à l’été. L’étoile incandescente trônait au-delà de son royaume avec plus de timidité que coutume puisqu’une mer de nuages menaçants gênait délibérément le rayonnement et bloquait la lumière ainsi que la chaleur, plongeant la Terre dans une atmosphère post-apocalyptique malgré quelques lanières jaunes qui striaient le ciel couvert sans pour autant atteindre les passants, peu nombreux à cause de ce climat atypique. Fort heureusement qu’une brise constante et chaleureuse soufflait sur le monde, semant un brin de douceur sur l’environnement de l’endroit. Quelques téméraires qui ne semblaient pas craindre les mauvaises augures que généraient le firmament enténébré par les nuages osaient le pas à l’extérieur, prenant l’air en profitant qu’il n’y ait pas de pluie pour l’instant, trimballant avec eux un parapluie en cas où la température voulait être capricieuse. Un coup d’œil vers le ciel permit de constater que le soleil semi-absent allait céder sa place très bientôt à l’invasion d’une masse volatile qui allait déferler la pluie comme jamais auparavant lors d’un été. Sans s’attarder davantage, désintéressée par cette atmosphère funeste que semait la demi-obscurité des lieux, elle talonna son fidèle compère au cœur du lieu publique où ils venaient tout juste d’atterrir grâce au portail inter-dimensionnel qui reliait les deux univers et permettaient le voyage. Autour d’eux, quelques passants aveugles à leur présence les effleuraient sans se douter de passer si près des deux Shinigamis, mais April les ignora, bifurquant à une rue précise avec en tête un tas de réflexions…

La raison de leur présence ici relevait de la plus haute importance. D’ailleurs s’il n’en avait pas été le cas, la Soul Society n’aurait pas fait appel aux services de deux Taisho confirmés pour mettre à terme le problème qui semblait représenter une réelle menace aux yeux de l’univers spirituel. Trois vizards que les deux hauts-gradés devaient traquer au plus vite et éliminer immédiatement et sans poser de questions, tout cela avant qu’ils ne mettent à terme des projets qui ne pourraient que nuire à l’avenir de tous les Shinigamis. Ce qui était embarrassant dans toute cette histoire, c’était principalement le fait que ces exilés occupaient autrefois des postes de hautes importantes ce qui témoignaient explicitement de leurs aptitudes au combat et qui allaient sans aucun doute possible étoffer la tâche. Mais April restait confiante, non pas uniquement à cause qu’elle avait une certaine estime de soi fortement développée, mais aussi parce qu’elle n’avait entendu que du bon du Capitaine qui avait été mandaté pour l’accompagner et que celui-ci ne pourrait représenter qu’une aide bénéfique à ne pas négliger pour cette mission. Ce qui la travaillait malheureusement, c’était que les deux Taisho ne nourrissaient pas les mêmes vertus et qu’elle sentait que le combat allait vite être déclenché à cause de la présence du plus fort de la dixième division, à savoir le département des brutes. Ainsi donc, il y avait de gros risques que les altercations débutent sans même qu’elle puisse tenter une approche pacifique – et cela même si ça lui avait été fortement déconseillé –. Mais elle ne pouvait tout simplement pas s’en empêcher, poussée par de bonnes intentions qui ne gêneront pas à la réussite de la mission même si ses tentatives s’avéreraient un échec. Au moins, elle aurait la conscience tranquille en éliminant ses ennemis puisqu’elle se dirait qu’elle aurait essayé les pourparlers afin de s’assurer de leurs réels desseins.

Néanmoins, malgré toutes les rumeurs qui ont pu courir au sujet de la légendaire onzième division, il n’en restait pas moins quelques soupçons quant à la réelle nature du vieil homme qui l’accompagnait exclusivement pour la mission. Même si son âge semblait jouer un rôle important sur son attitude, il ne paraissait pas transpirer la même agressivité commune aux Shinigamis affectés à ce département et elle était même en train de s’imaginer si cet homme n’avait pas en tête de changer complètement les habitudes propres à son département. Elle extrapolait, c’était certain. Cette idée utopique n’allait bien évidemment jamais se réaliser, mais elle était persuadée que cet homme semblait se différencier de tous les autres qui aient eu la chance de trôner à la tête de ce regroupement de barbares, elle irait même jusqu’à parier quelque chose de modique afin de prouver sa certitude. Et ce jugement, en dépit qu’il ait été exclusivement tributaire de son apparence physique, réconforta son pauvre esprit qui n’avait été que sidéré lorsqu’elle avait apprit qu’elle devait partager la route en compagnie d’une de ces brutes épaisses. Tant mieux si ses conjectures se révélaient véridiques, elle n’en serait qu’extrêmement ravie. De toute évidence, elle avait déjà du coopérer avec cet homme pour une mission bas de gamme aucunement semblable à celle-ci, mais leur lien n’était encore que trop fragile pour avoir eu la possibilité de le connaitre profondément, principalement en situation de combat. En dépit de son peu de connaissance à son sujet, elle l'appréciait pour son attention particulière qu'il lui offrait, mais sinon rien de plus rien de moins.

ø Oui, ne perdons pas trop de temps. Ces malfrats ont l’habitude de courir efficacement vite et ce ne serait que davantage déplorable s’ils filaient de nouveau hors de notre filet. Et puis je vous avoue en toute sincérité qu’il me tarde de connaitre vos aptitudes. Le peu de ce que je connaisse de vous ne me fait ni chaud ni froid, mais savoir que vous faites partie de la onzième division me donne l’impression qu’on ne s’ennuiera pas dans cette mission. Ai-je tord ?

D’une franchise inéquivalente, elle venait de s’exprimer en toute douceur sur un timbre hautain qui démontrait son parfait professionnalisme qu’elle chérissait le plus chez elle. Elle venait de lui exposer sans cachoterie ses opinions sur la onzième division et sur ce qu’elle connaissait de lui, mais préféra ne pas trop s’étendre sur des hypothèses qui ne seront confirmées que lorsqu’ils rencontreront l’ennemi. Pour l’instant, elle suivait le Capitaine.

ø Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je suivrai vos pas aveuglément car je vous avoue ne pas être spécialement calée en matière d’orientation. Je m’occuperai de protéger vos arrières et de surveiller l’arrivée de nouvelles énergies qui pourraient indiquer une présence négligée.

Plongée dans ses réflexions, il en aurait fallu de peu pour qu’April soit happée par le projectile qui fondait à toute vitesse dans leur direction. Les perturbations qu’avait générées la naissance de cette flèche débordante de reitasu étaient si intenses que n’importe qui l’aurait vite aperçue. C’est donc d’un Shunpo habilement exécuté qu’elle esquiva grâce à ses réflexes aiguisés, se déplaçant latéralement alors qu’elle vit le trait gorgé d’énergie bleuâtre la frôler de peu avant de passer son chemin et de se ficher dans le sol, déclenchant ainsi une courte détonation qui aurait été davantage dangereuse si elle avait fait mouche dans une des deux cibles. Il n’y avait nul doute quant à la source de cette soudaine attaque et les paroles clairement énoncées du Capitaine du onzième département se virent justifiées grâce à l’offensive surprise. Les ennemis avaient déniché la position avant que le contraire ne se produise, ce qui de toute évidence facilitait un peu la tâche à la Shinigami qui avait avoué sa lacune en matière d’orientation. Tant mieux, la période de chasse représentait la partie la plus redoutée dans son esprit puisque la traque n’avait jamais représenté un de ses meilleurs atouts. Elle savait dévoiler ses aptitudes qu’en combat et qu’en négociation et laissait les tâches les plus lourdes à ses yeux à de meilleurs responsables qui sauront comment les accomplir sans délais expirés, sans désirs légèrement saturés par le peu de déception au résultat obtenue d’une besogne. Maintenant que les souris avaient chassé les chats, il ne suffisait aux prédateurs que de les surprendre à leur propre piège en misant avant tout sur leurs aptitudes, bien que le nombre ne les favorise pas au cours de cette bataille irrémédiablement déclenchée par cette approche brutale.

Elle qui souhaitait s’éterniser dans un entretien verbal qui aurait pu permettre aux deux partis de trouver un terrain d’entente et d’éviter le massacre ou sinon la destruction de l’environnement vulnérable aux prochaines salves d’énergies qui fuseront de toutes parts, la partie n'était pas gagnée. Il était vrai que ses espoirs n’étaient qu’utopiques mais elle gardait en tête que son arme ne servirait pas à régler les conflits et cela même si la punition allait être exécutée au tranchant de sa lame. Il y avait toujours moyen de se repentir et de baisser les bras avant que les fautes commises ne soient trop nombreuses pour trouver un repos et éviter l’Enfer. Peu importe, tout cela ne représentait en fait que ses convictions personnelles qu'elle nourrissait secrètement par l'intermédiaire de son attitude, sans que personne réellement ne remarque l'attention particulière qu'elle lui offrait. Sans crier gare pour prévenir, une silhouette fondit immédiatement en direction de la jeune Taisho, prise par surprise par cette envolée soudaine qui avait déterminé comme piste d’atterrissage son petit corps au gabarit peu suffisant pour amortir le choc si l’impact provoqué à son arrivée à ses côtés n’était pas arrêté. D’un geste rapide exécuté avec minutie, elle fit en sorte de se mouvoir d’un pas à son flanc en vue d’éviter le corps qui agissait comme un réel obus, tellement rapide qu’il ne pourrait que fracturer les os de la silhouette fluette propre à la Capitaine s'il advenait qu'il entre en collision avec son enveloppe charnelle. Heureusement, son mouvement fut lancé à la seconde exacte qui détermina l’esquive réussite tandis qu’elle perçut l’ombre prendre appui contre le sol, puis d’un bond toucher une fois encore le ciel en vue de s’éloigner de sa cible. Satisfaite, elle tira sur son arme, cette fois-ci prête à parer un second assaut qui cette fois-ci sera contrecarré par une attaque de sa part. Elle n’allait pas laisser filer cet importun. Exhortée par ces pensées, un éclair traversa son esprit alors que tous ses membres écoutèrent les signaux d’alarmes envoyés par son cerveau, lui ordonnant de se bouger puisqu’une seconde flèche toujours aussi chargée de reiatsu s’approchait à vive allure et manqua sa cible de peu, explosant de nouveau dès le contact avec une surface dure, en l’occurrence la façade d’un édifice. Les dégâts cette fois-ci fut considérables, faisant s’écrouler toute la partie de béton en levant un épais nuage de poussières, permettant ainsi à l’ennemi d’April de créer des flammes en vue de l’attaquer, cette fois-ci avec une forme de Zanpakuto évoluée qui ne ferait qu’envenimer la situation.

ø Vous ne devriez pas vous dresser face à deux Capitaines du Gotei 13 !

Sa langue claqua au même instant que les pans de son Haori blanc qui témoignait parfaitement de son grade à ses ennemis. Ses « R » étaient roulés comme à son habitude, accent qui avait pris essence dans ses racines russes alors que même si elle avait perdu la langue, il n’en restait pas moins qu’elle continuait à en garder les tonalités et les expressions exprimées sur un timbre propre à son ancienne patrie. L’avertissement fut clair et net, mais les ennemis restèrent si sourds qu’il s’avéra inutile bien que cela avait servi à apaiser l’esprit tourmenté d’April, préoccupée à devoir affronter ces ennemis sans leur avoir suggéré une seconde alternative. Les flammes de l’ennemi se lancèrent en direction de la jeune femme, éveillant ses réflexes grâce à la chaleur qui précéda le projectile et l’avertit sans tarder de son arrivée. Un second Shunpo fut nécessaire pour les éviter, constatant qu'elle serait incapable d’affronter ce rival sans devoir y sacrifier un peu de son énergie pour libérer Ten’I de sa forme scellée et ainsi dévoiler à tous son réel pouvoir. L’important avant toute chose, c’était surtout d’éviter d’accentuer la distance entre elle et son allié. Comme l’avait énoncé l’ordre de leur mission, ils représentaient trois ex-Shinigamis exilés devenus Vizard et donc, même si les niveaux étaient semblables, ne tarderaient pas à remporter cette bataille. La minorité devait donc miser sur des atouts cachés, soit la confiance mutuelle en tant que compère ou tout simplement le travail d’équipe. Sur cette réflexion, elle rejoignit son allié à qui elle protégea ses arrières, restant concentrée devant les forces qui convergeaient vers eux.

ø Sans vouloir vous presser, si vous avez une quelconque idée de comment contrer ces malsains, il serait plaisant de vous entendre l’émettre. Pour ma part, je crois que notre coopération jouera grand rôle dans le verdict de ce combat et j’espère que vous partagerez le même avis. Si tel est le cas, vous m’en verrez qu’extrêmement ravie et j’en viendrais même à oublier mes préjugés sur votre département.

On voyait les silhouettes qui avaient gardé ses distances, qui attendaient soit de monter un stratagème utile pour terrasser efficacement les deux gêneurs que représentaient les Capitaines, ou sinon dans l’unique but de laisser ceux-ci ouvrir la marche, trop persuadés de leur victoire. De toute évidence, s’ils commençaient à sous-estimer leurs capacités, alors April n’en voyait là non pas une insulte mais un simple handicape qui les poussera inexorablement à commettre des conneries. À sentir leur reiatsu, il était évident qu’ils étaient de niveaux équitables ou sinon légèrement inférieurs qu’eux et c’était une raison de plus pour faire de sa vigilance un avantage incontestable. Nul doute, si le Capitaine qui se tenait dos à elle avait compris la situation, alors ils sauront les éliminer sans se soucier d’une éventuelle défaite, tout cela dans un esprit de fraternité propre à la Soul Society.

ø Ils sont trois au total, je suggère donc à ce que nous ne nous séparions pas pour ainsi éviter toute mégarde de notre part. La moindre erreur et l'un d'eux en profiterait pour tailler la toute première faille ce qui encourrait à notre perte. Mais cela, vous devez probablement déjà le savoir. Je ne connais pas vos aptitudes, mais sachez qu'à présent c'est le moment opportun pour témoigner de votre si belle réputation qui a su se rendre à mes oreilles.

Sur ces mots, April toucha la lame de son propre trancheur d'âme et psalmodia quelques bribes, déclenchant immédiatement l'activation de son Shikai, ce qui provoqua automatiquement la disparition de la totalité du nodachi. Elle était fin prête...

Une voix parvint aux oreilles d’April, calme et posée sans montrer aucun signe d’agitation malgré la situation. Une attitude presque semblable à celle de la jeune fille sauf que celle-ci semblait un tantinet agacée par le fait qu’elle ne pu établir de liaison avec ses assaillants avant que ceux-ci ne se décident de les attaquer. Il n’en était grave que pour eux, mais il était évident pour elle qu’elle avait tenu à leur faire savoir qu’il n’était jamais trop tard pour baisser les armes bien que ceux-ci aient voulu fermer les yeux devant son conseil de se rendre sans faire bouger la poussière. Un avertissement qui ne changea d’iota en dépit de toute la volonté à vouloir éviter de prendre les armes. Maintenant, il était définitivement trop tard pour eux de se plier face à la puissance du Gotei 13 et ce sera bien à leurs dépends qu’ils l’apprendront avec logiquement plusieurs plumes en moins. Son Zanpakuto dont le Shikai avait été libéré représentera la guillotine qui les punira pour leurs mésententes et leurs déloyautés. Il n’était désormais plus question de faire preuve d’un peu de compassion envers ces monstres qui n’avaient su trouver leur salut au sein de la Soul Society, comme toutes âmes respectables qui y sont envoyées, et avaient décidé de chercher ailleurs la puissance, alors qu’ils étaient aveugles face au fait que le pouvoir ne représentait pas nécessairement la réussite et le bien-être. Alors que son esprit était accablé par un peu d’amertume envers ces êtres aux sombres desseins, elle n’en fit paraitre rien alors qu’elle offrait son entière attention au Capitaine qui couvrait ses arrières.

Les explications à son plan pour contrecarrer cet assaut n’étaient pas très explicites mais April savait qu’elle ne pouvait en tenir rigueur car l’heure n’était pas aux subterfuges et stratagèmes et qu’il était difficile, voir absolument impossible, de monter un plan dans tous ses détails dans cette situation. Même si les ennemis se dressaient dans l’obscurité de la journée, immobiles et patients, il était impossible pour les Capitaines de deviner combien de temps perdurait leur pacifisme et à quand viendrait la seconde vague d’attaque. Il était désormais flagrant que la coopération irait de pair à leurs instincts à cause principalement de la communication qui se fera difficile lorsque reiatsu et étincelles fuseront de toute part dans une bataille de grande envergure. Ainsi donc, le Taisho responsable de la onzième préparait une attaque qui, à ses demandes, avait un délai d’exécution qui ne pouvait être à terme uniquement si April répondait à sa volonté d’occuper les adversaires et d’agir comme gardienne le temps que sa technique soit prête. Hochant la tête d’un mouvement sec même si leurs positions ne leur permettaient pas de constater les agissements de l’autre, elle pipa quelques mots à l’intention de son compère en vue de lui faire comprendre clairement qu’elle suivrait ses ordres :

ø Bien, Inoshiba-dono. Vous pouvez compter sur moi.

Puis à ces mots, elle laissa son allié s’occuper des préliminaires à sa technique afin de fondre dans un Shunpo parfaitement exécuté vers les deux ennemis dont l’ombre conférée par les nuages ne permettait aucune constatation quant au fait que l’un d’eux avait en sa possession la fameuse parure propre aux Vizards. Le troisième membre du groupe ennemi semblait rester en retrait après sa première offensive de flammes noires dont il avait été irréfutablement nommé le responsable selon la Taisho. Tant mieux d’ailleurs car la petite n’aurait guère été apte à se charger de trois ennemis tous aussi puissants les uns des autres. Brandissant l’invisible arme qu’elle tenait de ses deux petites poignes, elle fendit l’air sur l’un des ex-Shinigami sans pour autant le toucher, celui-ci ayant vite prévu le coup pour s’extirper rapidement de la trajectoire de la lame dont il estimait approximativement la longueur d’un seul bond vers le haut. Aussitôt, les deux rivaux collaborèrent ensemble en vue de lui asséner des enchainements de coup qui se mariaient parfaitement ensemble, compliquant extrêmement la tâche pour la Capitaine qui ne savait plus où donner de la tête pour ses parades. Fort heureusement que son maniement de l’arme blanche dépassait la moyenne et qu’elle avait consacré toute sa vie à l’apprentissage de sa maitrise car sinon, elle aurait vite été victime par ces assauts vigoureux qui la déstabilisaient en chargeant dans tous les sens. Serrant les dents tout en maximisant toute sa concentration sur les deux ombres qui louvoyaient à ses côtés en vue de trouver l’angle mort, elle espérait de tout cœur que le Capitaine en ait terminé avec la préparation de sa technique et qu’il sache l’aider à se tirer de ce pétrin.

Mais alors qu’April croyait perdre rapidement la main dans sa défense presque absolue, les coups finirent par cesser et les deux silhouettes s’arrêtèrent à une distance respectable de leur proie, permettant ainsi à la Capitaine d’observer les deux masques squelettiques dont les traits rappelaient sans équivoque leur appartenance aux Hollows. Leurs faciès horrifiant ne faisaient qu’étoffer la tâche de devoir les occuper puisque la puissance en présence de ces masques ne s’en voyait que décuplée et donc, cela déséquilibrait complètement l’affrontement à la base déjà difficile pour la jeune Capitaine. Ne perdant pas espoir, elle crispa ses poignes sur le manche invisible de son Zanpakuto et attendit un second assaut, cette fois-ci davantage concentrée et en proie à une détermination incassable. Dans sa tête, quelques paroles exprimées par une voix familière résonnèrent :

ø Il ne serait pas mauvais d’activer le Bankai, April.

Elle préféra ne pas répondre à ce conseil, jugeant inutile de dépenser du reiatsu tant que le troisième membre, encore immobile, spectateur du combat, ne s’en mêle. Le Bankai n’était qu’un dernier recours aux yeux de la Shinigami.

C’est immobile qu’April resta, enveloppée dans une confiance ineffable à l’égard de ses capacités au maniement de sa lame invisible mais aussi envers son compère qui semblait toujours s’adonner à ses préliminaires sans être apte à pouvoir abréger ses moyens. Tenir tête contre deux ex-lieutenants qui venaient d’activer leurs affreuses parures n’étaient pas chose facile, même pour une Capitaine qui avait su pousser à son paroxysme la maitrise de son nodachi qu’elle gardait fermement dans ses deux petits poings. Le regard sévère toisait ceux qu’elle croyait percevoir dans l’ombre de leurs masques sans pour autant être dans la capacité de déterminer la teinte de leurs pupilles probablement décolorées depuis leurs hollowmorphoses. De toute façon, leurs apparences n’importaient que trop peu dans cet affrontement. Le seul problème en réalité que généraient ces masques était le reiatsu absolument effrayant qui se dégageait grâce à l’entité vivant dans chacun d’eux, influant en même temps une puissance incommensurable qui venait changer la donne. Si le Capitaine de la onzième division n’en avait pas terminé d’ici peu, il y avait de gros risques qu’elle commence à déplumer et qu’elle en vienne à y laisser un peu de sa peau. Toujours aussi ferme, elle osa un pas en direction des ennemis qui prirent ce simple mouvement comme une intention malsaine et décidèrent de fondre les premiers, assénant une fois encore des enchainements de coups qui cette fois-ci étaient beaucoup plus véloces et précis.

Puis finalement, alors que la balance penchait un peu trop du côté des ennemis et qu’April fléchait de plus en plus sous la rigueur des coups, l’arrivée providentielle de son fidèle allié vint rééquilibrer le tout, sectionnant dans une célérité indicible la jeune dame qui, comme tous les acteurs sur cette place, n’avait guère eu le temps de prévoir le coup. La lame trancha bien évidemment sa chair et l’abondance de son liquide vital qui s’éparpilla sur le sol était d’une importance telle qu’elle ne pu empêcher son corps de choir de tout son long sur le sol, semant un bain de sang où flottait le cadavre désormais sans vie de l’ex-Shinigami. April, ayant profité de cette perte pour reprendre le dessus, n’avait pas hésité pour effectuer un demi-arc avec son Zanpakuto invisible dont la pointe alla effleurer le torse du second combattant, le réveillant de sa soudaine torpeur suite au spectacle qui fut donné. Celui-ci recula instinctivement, souhaitant prendre ses distances et de ce même fait évita de justesse le sort lancé par le Capitaine du département des brutes qui faisait désormais définitivement partie de l’affrontement. Voilà que le combat allait être juste en comptant parmi les rangs ennemis la silhouette qui se dressait dans la noirceur et qui ne semblait prendre part au combat qu’en tant que simple spectateur. Sa présence ne devait absolument pas être négligée car sinon, il adviendrait inévitablement qu’il profite d’un manque d’attention pour les rosser de coup dans le dos. Afin de le faire rappeler à son allié, April s’exprima d’une tonalité calme où un brin de fatigue était lisible dans sa voix :

ø Je souhaite rappeler la présence du troisième intrus au cas où vous seriez porté à l’oublier. Il finira tôt ou tard à participer à ce combat et je ne souhaite pas que son entrée en scène soit sanglante et trop bénéfique pour le camp ennemi.

Tandis qu’elle reconsidérait la situation le temps que l’ennemi toujours actif réplique une fois encore, des sons indistincts s’élevèrent au-dessus du silence lourd de la journée alors qu’on devinait peu à peu grâce à la résonnance et le rythme constant des coups qu’il s’agissait en fait d’applaudissements lents et malhonnêtes tirant leur source du troisième membre qui s’avançait tout en tapant dans ses mains, s’extirpant des griffes de l’ombre en vue de finalement dévoiler son apparence à ses cibles. Son expression hautaine marquait ses traits tandis qu’un sourire espiègle fendait son visage en deux et donnait l’impression d’être un véreux personnage facilement détestable. Après qu’il eut approché de quelques pas – sans pour autant arriver à la hauteur de son fils –, il arrêta immédiatement tout mouvement et s’exprima sur une tonalité lasse qui ne dénotait aucun plaisir malgré ce rictus permanant s’affichant sans cesse sur son faciès :

ø Félicitations. Vous êtes parvenus à tuer ma propre fille. Mais que ferez-vous si je me mêle à la partie ? Vous n’aurez guère le temps de préparer une seconde fois un petit tour de magie, et je crains fort que ma participation courrait sans équivoque à votre perte.

Son approche était incompréhensible mais chose certaine, elle n’était pas inutile. Pendant que les deux Shinigamis écoutaient l'ex-Capitaine, une perturbation dans l’air signala immédiatement à la jeune April que le garçon profitait de l’arrivée de son père et de leur déconcentration pour activer son Bankaï, de là toute l’énergie qui influait en lui et qui déclencha momentanément la dernière forme de son Zanpakuto. L’arc devint plus grand et beaucoup plus imposant tandis qu’il rayonnait d’une aura que l’on soupçonnait être la quantité de reiatsu qui lui était conférée et qui allait probablement participer à la prochaine dévastation. Il était évidemment trop tard pour arrêter le processus et dès que celui-ci fut mis à terme, on entendit le rire machiavélique du personnage noble qui recula de plusieurs pas, voulant laisser toute l’espace à son fils qui n’attendit aucun signal pour tirer une dizaine de flèches sur les Capitaines qu’il prenait pour cible. Un Shunpo rapide lui permit d’esquiver la pléiade de projectiles qui explosaient tous au toucher du sol, rendant difficile l’esquive des déflagrations qui s’amplifiaient à vue d’œil et l’approche était trop peu facile qu’il en advenait un réel défi si l’on voulait l’atteindre au corps à corps. N’ayant d’autre choix que de se séparer de son partenaire au risque d’y laisser sa peau dans les nombreuses explosions, elle fut contrainte de réfléchir par elle-même à une stratégie en vue de l’approcher. S’il arrivait qu’elle l’atteigne, il serait inévitable pour lui de devoir fuir le combat puisque son arme de prédilection n’était nulle autre qu’un arc, reconnu pour son efficacité seulement à distance.

Elle s’élança finalement, espérant que son compère allait en faire de même de son côté en vue de frapper des deux côtés et d’ainsi le contraindre à choisir entre ses deux cibles. Louvoyant entre les nombreuses flèches qui fondaient vers elle dans une vélocité impressionnante, il ne serait pas surprenant s’il advenait qu’elle se fasse malencontreusement frappée par l’une d'elles ce qui la mettrait probablement hors combat au vue de la distance qui la séparait désormais de l’invocateur. Il fallait frapper, très bientôt… Et alors qu'elle allait atteindre l'archer, le sourire malsain mais familier scintilla sur son chemin tandis que des flammes enténébrèrent sa vue... Alertée mais impuissante, son élan dans sa course effrénée était beaucoup trop rapide pour freiner à temps. Au dernier moment, elle perçut la lame appartenant à une faux fondre sur elle...

La Mort viendrait-elle la chercher ?