A la lueur d'une Bougie

C’était une journée de dur labeur qui tirait à sa fin. Le soleil de la soul society était bel et bien au couchant, et c’est dès lors que l’on pouvait apercevoir ce beau crépuscule qui formait toujours un beau tableau, que l’on ne pouvait se lasser d’observer avidement. Bien que ce luxe ne fût pas donné à tout le monde, le lieutenant de la cinquième, lui, ne se gênait du tout pas pour apprécier ce phénomène de mère nature. Assis sur les tuiles de la toiture de ses propres quartiers privées, il rêvassait à tout et à rien, n’attendant pas grand-chose sur le moment. Le temps défilait, tout était admirable, normal quoi ! En gros, une ordinaire monotonie à laquelle il s’était tranquillement adapté. Il ne pouvait pas vraiment s’en plaindre. Ces temps-ci, il n’y avait aucunes apparitions notables de hollows à purifier. S’ils étaient effectifs dans un coin, soit ils étaient trop faibles pour qu’on y envoie un lieutenant effectuer la besogne, soit ils déjà mort par la lame d’un autre homologue, qui surement était aussi ennuyé de ce train-train quotidien. D’ailleurs, Kensei avec sa légendaire paresse, et ses états d’âmes, ne se ruait jamais sur un hollow quelconque, tête baissé, qu’il soit faible ou non. Il ne se délectait pas non plus de combats. Pour lui, il ne s’agissait simplement que d’un devoir qui devait s’effectuer sans rechigner. La haine qu’il leur vouait dépassait l’entendement… Mais cela, peu de personne le savait de par son flegme au combat, et son indifférence à certains préjugés. Personne ne pouvait pourtant le traiter de trouillard, qui se cachait derrière une vertu minable qu’était l’humilité. Le fortin avait déjà fait ses preuves, et ce, de multiples fois. Pendant qu’il pensait à son cas, et ce des hollows dont les apparitions se faisaient bizarrement rares, ce qui était fort inquiétants, il sentit une présence non dangereuse derrière lui, et s’allongea complètement sur son dos, pour voir cette certaine personne. D’abord, il ne fit pas vraiment tilt de son visage. Il ne lui disait rien qui vaille, et il était bien évident que ce shinigami qui s’était incliné par respect, ne faisait en aucun cas partie de son bataillon. Ce n’est que lorsqu’il lui tendit une certaine missive, qu’il se mit à sourire en voyant le cachet et le signe de la onzième division. Sur place, il tendit sa main histoire de s’emparer du mot, et se redressa expressément avec le sourire aux lèvres. Sans même avoir lu quoi que ce soit, il devinait déjà le contenu de cette lettre. Chose qu’il commença gloutonnement à lire, bien après avoir remercié le simple siège qui était venu lui remettre le colis. Après une rapide lecture, le lieutenant vit qu’il avait visé juste. Son maitre voulait le voir, et lui n’allait pas se faire prier pour aller le rejoindre…

Trente minutes plus tard, on voyait –Pour ceux qui pouvait en avoir la capacité – le lieutenant parcourir les toits de la soul society de plusieurs ports de shunpo. Heureusement qu’il avait un niveau élevé en hohõ. Bien avant son départ, il avait bien du donner quelques consignes à ses hommes, en l’absence de sa nouvelle capitaine. Il espérait même parler de cette personnalité à son maitre. Arrivant sans problèmes notables au bâtiment principal de la onzième, il fut accueillit avec beaucoup de chaleurs, pour avoir été l’un de les leurs pendant un certain temps. A vrai dire, c’était surtout sa force brute qui avait fait la renommée de l’homme qu’il était aujourd’hui. Gêné par certains regards admiratifs alors qu’il ne faisait que passer, Kensei coupa court à certaines salutations, et monta en trombe les marches de l’escalier qui menait au capitaine de la onzième. Celui-ci d’ailleurs avait un fort réiatsu qui se sentait même de loin. Elle était apaisante, loin d’être colérique, ce qu’il préférait nettement. Une minute après ce qu’on pourrait appeler sa fuite, il déboucha sur une pièce, où se tenait une shinigami. Lorsque ses yeux se posèrent sur poitrine, il prit une couleur rouge pivoine, et pinça ses lèvres, en grognant. Comme dans les mangas, une grosse veine palpitait nerveusement sur son front pendant qu’il fronça les sourcils, yeux fermés. Il faisait exprès c’était certains. Il savait bien que Kensei ne supportait pas la moindre présence « trop » féminine...

- Kojima Kensei, lieutenant de la cinquième division.

Tout en lui souriant, chose qu’il ne rendit pas, la jeune shinigami fit coulisser la porte, et il s’y arrêta au seuil. Quand ses yeux se posèrent sur son maitre, il s’agenouilla aussi rapidement que possible par respect, et inclina sa tête…

- Mes respects Sensei !!!

Comme d’habitude, Kensei était assez césarien, surtout en la présence intimidante de son maitre. Il se releva, sortit de l’encens de son Kosode, et s’avança lentement ensuite vers le capitaine. A distance notable, il s’assit tout comme lui, posa l’encens à ses côtés, et sourit en attendant la moindre parole qu’il pourrait prononcer…

Quand il entendit la porte se fermer derrière lui, Kensei eût un sourire. Cette femme allait enfin les laisser tranquille. Ce n’était pas comme si elle produisait un quelconque bruit, ou vacarme susceptible de le déranger, mais c’était seulement sa présence qui l’incommodait. Il avait bien cru qu’elle était déjà sortie par la porte de la deuxième pièce, laissant celle de la première entrouverte, mais le petit bruit sec du bois de la porte, confirmait présentement sa précédente croyance. Allégé, il ne put que soupirer de soulagement, mais cria victoire trop en fait. Encore une fois, soit quelques secondes après sa sortie, la porte s’ouvrit de nouveau, ce qui eût pour effet de raidir complètement notre lieutenant, lui donnant un air d’un piquet avec son visage quasiment figé. Il fixait encore son capitaine, quand une masse sombre vint cacher sa vue. Sa transpiration devint soudain abondante, et il dut serrer les poings placés sur chaque extrémité de ses cuisses pour s’efforcer à ne pas fuir, ou crier. Même que la thèse de l’évanouissement était plausible. Quand elle servit la mixture, dont il sentait l’odeur agréable, et réconfortante, elle n’eut d’autres choix que de se pencher, ce qui mit en valeur ses formes, dont le fessier qu’elle bombait vers Kensei. Là c’en était trop ! C’est donc en fermant fortement se s yeux, qu’il pinça une nouvelle fois ses lèvres, adoptant ainsi une mine boudeuse, qi relevait d’une attitude assez puérile. Le sexe opposé trop prononcé, ce n’était pas vraiment son fort. Les planches à pains passaient encore, mais là, c’était autre chose… Personnellement, il n’était pas spécialement attiré par les garçons, mais il aimait mieux leurs compagnies que celle des femmes. D’ailleurs, n’était-on pas dans un régiment de guerre sainte ? C’était preuve que les femmes vaillantes se faisaient rares dans le coin, ce qui était mieux pour Kensei. Il n’était pas non plus féministe, mais cette situation l’arrangeait plus que tout autre. Si toutes les femmes pouvaient avoir le même gabarit que sa capitaine, ce serait assez sympa, puisque de ce fait, il était facile pour le lieutenant schizophrène de s’en approcher sans trop de problèmes. Lorsqu’il consentit enfin à ouvrir ses yeux, il vit la jeune femme s’incliner vers lui. Jusqu’à cet instant, il considérait qu’il avait bien trop été désagréable, aussi mima t-il un sourire assez notable, ressemblant plus à un rictus effrayé. Quand la porte fut refermé, il vit à travers le battant, la positon formelle adoptée, et soupira. Les vielles habitudes avaient décidément la peau dure. Il comprenait mieux la présence de cette jeune femme. Ce genre de rituel était appliqué dans la noblesse du seireitei. Une forme de protocole que le capitaine Inoshiba avait envie de perpétrer. Pour la personne qu’était Kensei, ce n’était point nécessaire. Il aurait bien pu se passer de ce genre de choses. N’étaient-ils pas assez intimes pour sauter tout ça ? En même temps, il comprenait le vieil homme. C’était la première fois depuis quelques années, qu’il croisait Kensei en tant que vice-capitaine. Ce dernier en l’absence d’un supérieur, n’avait pas eût un seul instant favorable à lui-même pour venir voir son ancien maitre. L’arrivée récente de Kaorihime en tant que capitaine de la cinquième l’avait grandement soulagé. Aussi, était-il heureux de voir le flegme de son sensei, autant que sa bonne santé. Une appellation dont seul lui, avait la permission. A sa phrase, le lieutenant soupira grandement. Ino-jii était toujours direct. Tourner autour du pot n’était pas son genre…

- Je suis sincèrement désolé Inoo-jiii. Si je n’ai pas pu venir te voir durant tout ce temps, c’était bien parce que je n’avais pas le temps pour moi-même. Depuis ma promotion, soit quelques jours avant la mort de mon précédent capitaine, je naviguais entre les officiers à guider, et les travaux administratifs à gérer. Le pire c’est que je n’avais pas de troisième siège. Sans épaules notables, j’ai donc du perpétuer l’entrainement que tu m’as fait suivre concernant mes capacités physiques, et le zanjutsu pur. Quand au kido, je dois bien avouer que…

Kensei se tût pendant un moment. Ce n’était pas vraiment une fierté de dire qu’il était l’un des lieutenants les plus nuls au kido. Hésitant, il se demandait bien ce qu’il allait dire, quand il se rappela du sujet concernant sa capitaine. Le vieux capitaine savait de toute manière que Kensei n’était pas bon à la nécromancie. Ce n’était pas son fort…

- C’est bel et bien ma nouvelle capitaine, mais vu qu’elle ne vient que d’arriver, je suis toujours comme je l’ai dit plutôt ton enseignement. J’attends qu’elle prenne ses repères, mais avec le rejet dont elle est sujette à cause de son apparence, c’est un peu compliqué. D’ailleurs… Comment la trouves-tu ? Moi je n’ai pas vraiment d’opinions propres la concernant…

Et Kensei disait vrai. L’image de son capitaine était encore trop floue pour lui. Il se redressa à moitié, et alla se poser sur le coussin qui lui était sans doute destinée. Tout juste aux côtés de son maitre, il prit son propre verre, et sirota son thé. Savourant ce délice, il le garda en main, et regarda le plafond d’un élan de gêne…

- Et vous ? Comment vous portez vous… ?

Il lui arrivait bizarrement de le tutoyer comme de le vouvoyer. Cela n’avait pas d’importance. Son respect et son estime pour le capitaine de la onzième division restait le même. Il pouvait même offrir sa vie à cet homme s’il le fallait. C’était en grande partie grâce à lui, si Kensei avait réussit à atteindre ce niveau actuel. Il anticipa un éternuement qu’il étouffa dans un mouchoir rapidement sortit de l’intérieur de son Kosode. Tout en redressant sa tête, il porta son regard sur la mine veillotte d’Inoshiba. La pénombre ne laissait entrevoir qu’une simple image de lui…

Le capitaine de la onzième division s’avérait être un drôle de personnage, que même Kensei n’arrivait du tout pas à cerner. Il connaissait ses goûts, ses habitudes, mais son caractère mystérieux le rendait plus que intéressant. Et pourtant, le lieutenant avait toujours eût cette facilité déconcertante d’analyser certaines personnes. Bien que ses souvenirs fussent lointains, il se rappelait encore de leur première rencontre. Un jour inoubliable. Le moment n’était pourtant pas opportun pour de telles pensées nostalgiques. Aujourd’hui, Kensei pouvait fièrement bomber le torse. Ce brassard qu’il avait longtemps convoité se trouvait être solidement attaché à l’un de ses bras musclé. Une lancée difficile qu’il essayait de poursuivre tant bien que mal. Le haori n’était pas vraiment prioritaire pour lui. Seul le service rendu comptait énormément dans cette vie de shinigami. Bienveillance, et simplicité d’esprit qu’il devait à ce vieillard qu’il dévisageait toujours autant. La lueur des bougies n’arrangeait pas grand-chose à l’assombrissement des lieux plus que ténébreuse. Tant bien que mal et grâce aux sourcils froncés, il réussit à distinguer le petit linge blanc qui recouvraient ses yeux. Prunelles qu’il n’avait vu que très rarement de tout son vécu. Jamais Kensei n’avait eût la présence d’esprit de lui demander quel était le but de ce tissu sur ses yeux. Il devinait néanmoins qu’avec cette méthode extraordinaire, les cinq sens de son maitre étaient surdéveloppés. S’il avait le don de combattre le lieutenant avec ce handicap et le vaincre très facilement, tout était très évident. Il n’y avait pas l’ombre d’un doute. La seule idée qu’il puisse se tromper, nourrissait néanmoins sa grosse curiosité quand à ce sujet. Qui serait à la fois simple et complexe d’esprit pour porter un truc pareil dans la vie de tous les jours. Faire ablation du sens de la vue de Kensei, c’était comme le tuer. Heureusement qu’il connaissait encore le nom de l’entité spirituelle qui résidaient au fond de son être. D’ailleurs, celle-ci ne s’était pas manifestée depuis belle lurette. Lui ne libérait que très peu son shikai. A part quelques rares personnes dont Inoshiba, personne ne connaissait son arme. Pas même sa nouvelle capitaine, à savoir Kaorihime April. Nom, qui semblait alimenter la conversation qu’aurait le capitaine de la onzième, et le lieutenant de la cinquième. Encline de plusieurs sujets, on pouvait même dire que c’était cette personnalité qui faisait la une, des différents ragots et potins qui alimentaient les conversations entre shinigamis. C’est dans ces cas là que les vertus ne subsistaient pas, et que la solidarité était régnante dans tout le seireitei…

Le calme était toujours prépondérant bien après les mots maladroits de Kensei. S’exprimer n’était pas vraiment son fort, surtout en présence d’Inoshiba. Ils étaient intimes, certes, mais son respect était tellement total et profond, qu’il ne pouvait s’empêcher de considérer ce capitaine comme son père de substitution au sein du Gotei. Le revoir lui faisait vraiment chaud au cœur. La honte n’était plus à l’ordre du jour. Maintenant qu’il lui avait expliqué le pourquoi de ses visites inexistantes, le vice-capitaine se sentait léger, décontracté. Il s’autorisa même à une nouvelle petite gorgée de ce thé, parfaitement préparé. Sans trop s’en rendre nécessairement compte, il flattait intérieurement la jeune femme qui l’avait effrayé. L’important n’était pas là. Ce n’est que lorsqu’il posa sa tasse devant lui, qu’il écouta attentivement tous les dires de son maitre sans broncher rien qu’une seule fois. Il ne mima aucune grimace. Son esprit et ses oreilles étaient focalisés sur les phrases du vieillard qu’il s’attelait toujours à mémoriser à la lettre. En récapitulatif, il se devait de servir humblement sa capitaine, en lui portant toute sa confiance et toute son estime. Si lui jugeait que Kaorihime-taisho était une bonne personne, lui n’avait plus à s’en faire. Il fallait dire que la cérémonie de bienvenue était tombée à l’eau. Depuis ce jour, où il lui montra ses quartiers, Kensei en plus de plusieurs doutes constants ne l’avait plus jamais revu. En même temps, cela ne datait que de quelques petits jours à peine achevés…

- Je te comprends merveilleusement bien et je te promets de faire honneur aux valeurs que tu m’as inculqués, auprès d’elle. J’espère seulement qu’elle sera à la hauteur des espérances de nos hommes…

C'est en prenant une pause, qu'il suivit le geste qu’avait perpétré Inoshiba, et vida à son tour sa tasse de thé, aux saveurs exquises. Une fois cela fait, il jouait avec sa tasse dans ses mains, qu’il tournait et retournait entre ses doigts, quand il haussa encore une fois la voix…

- Je suppose aussi que ce n’est pas ce sujet que tu voulais forcement abordé avec moi… En plus, et si mes souvenirs directs sont bons, tu disais vouloir analyser le développement de mon réiatsu.

Tout en souriant, et de peur de casser la tasse, Kensei la déposa et attendit patiemment la suite. C’est sur qu’il ne quitterait pas ces coins, sans avoir les muscles engourdis. Tel qu’il connaissait son maitre d’ailleurs, il le voyait venir…


Hrp: {Pas fameux, je m'en excuse...}

- Je te suis !

Sans plus parler, et restant formel quoi qu’il arrive et comme à ses habitudes, Kensei fut même le premier à se redresser entre les deux hommes. Sa très grande taille faillit lui faire défaut, puisque sa tête frôla une très grosse lanterne folklorique, suspendue au plafond par ce qui semblait être un fil de fer. Tout en remercia n’importe quel Dieu qui existerait, déjà qu’on disait qu’il était l’un d’eux, il soupira, et caressa sa chevelure assombrie par les ténèbres des lieux. Sacré Inoshiba. Il ne changeait jamais malgré le temps qui passait. Toujours aussi fidèle à ces préceptes De la théorie la plus banale, on passait rapidement à la pratique la plus effrénée. Une manière de faire que Kensei ne pourrait jamais oublier. Sans plus tarder, il suivit les pas de son maitre qui avait prit de l’avance dans l’autre pièce qu’il eût traversé. Tout comme la cinquième division, Kensei connaissait la onzième comme sa poche, pour avoir été l’un des éléments de cette circonscription du Gotei 13. C’était ici que tout avait réellement débuté. Ce vieux le rendait assez nostalgique. C’était peut être son but en y réfléchissant… Combien de fois d’ailleurs avait t-il pénétré cette enceinte pour merveilleusement s’entretenir avec lui ? Le chiffre était introuvable. Une chose était pourtant sure et certaine. Kensei était fier de revoir son maitre, en plus d’un retour aux sources qui lui faisait le plus grand bien. L’élément qui gâchait tout, c’était cette… Femme… Le vieux crouton… Il faisait vraiment exprès. Même que Kensei captait facilement ses petites œillades en sa direction. Qu’est ce qu’il croyait ? Que Kensei allait faillir ? Surement pas en sa présence. Lui s’agençait comme un pique légèrement raide. Il dandinait presque, sans oser porter un seul regard sur la jeune fille dont il sentait la présence. Qu’est ce qu’elle faisait dans une division de bourrins, elle qui était pourtant si emprunte de noblesse sans failles ? L’apparence était trompeuse, aussi déglutit-il quand il s’imagina la voir dans un combat féroce. Une sauvage à la beauté fatidique et sulfureuse. S’il pouvait la balancer par la fenêtre qu’il croisa à la seconde suivante de ses pensées, il l’aurait certainement fait, sans trop d’efforts notables à fournir. Le seul inconvénient, c’est que ce vieux le poursuivrait dans tout le seireitei, avec un katana en bois qu’il s’amuserait à fendre sur la tête de son élève. Une pointe d’humour dans ces images cocasses, qui sentait déjà le vécu. Qu’est ce qu’il n’avait pas vu avec son maitre ? Il pouvait être l’incarnation « du calme avant la tempête par moment ». De tous les shinigamis du gotei, il n’était pas celui, mais l’un des hommes à le connaitre parfaitement. D’ailleurs, il irait bien à la chasse aux hollows avec lui, un peu comme au bon vieux temps, vers la forêt du rukongai… Un sport qui manquait un peu à l’homme…

Une fois le pied dehors, il écarquilla ses yeux de surprise, et regarda le ciel déjà sombre, annonçant le début de la soirée. Il ne pensait pas qu’il avait autant échangé. En même temps, le mutisme quelques peu général, avait du faire passer le temps à une vitesse effroyable. Pour sa part, il était bien content d’avoir laissé des directives aux hommes de sa division, ne sachant vraiment à quelle heure rentrer. Si l’épuisement futur était d’ailleurs trop effectif, il passerait sans doute la nuit ici, ce qui allait parfaitement l’embêter. Le lieutenant ne savait jamais vraiment refuser une quelconque demande de la part de son maitre. Tant qu’elle n’était pas exagérée, il n’avait aucune raison de ne pas le faire. Etonné intérieurement, mais sans prendre pour autant une mine stupéfaite, il suivit toujours la petite silhouette devant lui, qui se dirigeait dans le dojo central de la onzième division. Mis à part le grand terrain inaffecté de la troisième division, et le dojo de la première division, celle de la onzième faisait partie des plus grandes centres d’entrainements, réputé pour l’ardeur et le courage dont on faisait preuve dans ce lieu. Kensei avait même observé une fois, un entrainement amical entre capitaines. Cela datait, mais ses souvenirs étaient toujours gravés dans sa mémoire, et loin d’êtres obsolètes…

A l’intérieur, Kensei suivit les directives de son maitre, quand au démarche avant le combat. En face de lui, il méditait tranquillement, son bokken à sa droite, quand il entendit un véritable remue-ménage à l’extérieur. La salle ne tarda pas à s’ouvrir, et le brouhaha général ameuta Kensei, qui ouvrit un œil pour voir ce qui se passait. Plusieurs personnes se pressaient de prendre place dans les gradins, ce qui ne manqua pas de faire vaciller le cœur du jeune homme. Il n’avait quand même pas osé…

- Hohé… Hohhééé… Inoooooo-jiiiii… Inooooo-jiiiii… Tu es sur que c’est une bonne idée… ? Heiiinn ??

Il se mit à faire des gestes idiots de ses bras, comme s'il était vraiment paniqué. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait combattu devant les yeux, autres que ceux de ces hommes à la cinquième…

- Pourquoi… Pourquoi il a fallut que tu appelles le tiers de ta division, rien que pour un simple entrainement… ? Fallait m’le dire plutôt… J’suis pas d’accord, c’est pas juste…

Bien qu’il fût fier de combattre, son petit côté schizophrène ressortait un peu dans ses phrases. Il arrêta ses gestes vagues face au flegme de son capitaine, qui ne le regardait pas de surcroit. Ce n'est que lorsqu’il voulut se lever qu’il tomba lourdement sur son dos, en poussant un léger juron. Comble de la chose, la jeune fille qui servait aveuglement son maitre, vint vers eux, en lui signifiant que tout était prêt, et en pouffant de rire quand à sa posture. Kensei se redressa tant bien que mal, à genoux sur un pied, et constata les gradins pleins à craquer, en plus de la ferveur du tapage…

- Très bien alors, dit-il d’une voix sérieuse. Je t’attends au centre du dojo.

Tout en s’époussetant, il soupira d’un coup, et refusa l’aide de la jeune fille. Imperturbable quand il s’agissait de combat, surtout contre un homme d’expérience, il prit son arme, et s’avança tranquillement vers le tatami. Son air concentré imposa le silence dans les gradins. Et c’est suite à cela, qu’il se plaça, en positon de défense, le sabre solidement empoigné de sa main droite. Il attendait patiemment, tout en étant sur ses gardes.

Cela faisait maintenant plusieurs minutes que Kensei attendait patiemment son maitre, toujours en position de défense flegmatique. Pour les shinigamis les plus lambdas, son allure était sans doute impénétrable. Il faisait surtout référence en son fort intérieur, au nombre d’officiers dans sa division qui n’avait jamais pu lui porter ne serait ce qu’un coup handicapant. Son caractère laxiste en était peut être la cause… Pourtant, il ne sentait aucune baisse flagrante de niveau quand à leur cas. Peut être était t-il trop aguerri au niveau de la force physique. Une chose était sure, c’est qu’elle faisait partie de ces minces atouts dans un combat notable. Loin d’être un lieutenant sans cervelles, on pouvait bien le considérer comme un bourrin au grand cœur. L’un des fruits de cette division qu’était la onzième. L’instant présent était donc un grand honneur, un privilège fantastique. Bien qu’étant fixé sur le visage qui allait bientôt lui faire face, Kensei avait remarqué et vu, plusieurs de ses frères d’armes. La plupart faisait partie des dix premiers soldats du coin. L’heure était à présent venue de leur montrer son évolution au cours de quelques années, devant leur plus grand soldat à savoir Inoshiba Katawari. Pour lui exprimer sa gratitude, Kensei allait se servir de tous ses acquis aux règles du noble sport qu’ils allaient appliquer. L’amalgame de sa force et du zanjutsu avait lieu d’être. L’hésitation elle, n’était pas de mise. Sans pour autant foncer dans le tas, tête baissée, il allait tout donner. Cette confrontation entre le maitre et l’élève promettait d’être palpitante, excitante. Au point même où Kensei commençait à avoir des frissons d’excitation pure. L’idée de combattre contre un capitaine semblait avoir réveillé la bête tapie au plus profond des ténèbres de son être. Ses états d’âmes changeaient du tout au tout. Dans quelques instants, l’on ne comprendrait plus le soudain changement du visage bienveillant du lieutenant. Même qu’il se mit à sourire, d’un air amusé au redressement du vieux capitaine. Ce n’est que lorsqu’il enleva son haori, que Kensei redevint subitement lui-même en s’empoignant la tête. Il prenait trop son temps, comme d’habitude. Depuis le temps que le lieutenant devrait être habitué… A ces réflexions, il se mit lui aussi à détacher son brassard de vice-capitaine, et le lança à un des officiers qui le réceptionna sans problème. Il lui fit un sourire en guise de remerciement, et reprit sa position d’antan. Il l’avait imité, et puis après ? Son brassard aurait pu prendre un sacrée coup lors de leur confrontation, aussi le préserva t-il. Lui n’avait pas envie d’aller voir son capitaine pour de telles futilités… Complètement attentif au signe de tête d’Inoshiba, il augmenta d’intensité, la poigne qu’il avait sur la garde du sabre en bois. Voulait t-il se rassurer dans le même temps ? Oui, car Kensei plus que n’importe qui d’autre, connaissait les aptitudes du vieux. Il n’avait jamais vu son bankai, c’était un fait, mais de part son shikai lors de certaines missions, et de part ce qu’il avait fait subir à Kensei lors de ses diverses entrainements, son opinion était claire. Ce vieux était tout simplement démentiel. Le haori qu’il arborait à tout moment l’attestait véritablement, mais Kensei se basait, lui, sur son propre vécu. A voir sa garde, meilleur en tous points que celle de son élève, on savait déjà qu’on avait affaire à un pro. L’esthétique de sa tenue bluffa Kensei, aussi répondit-il sans vraiment s’en rendre compte…

- Pas de problème pour moi… C’est toujours bon de reprendre les vielles habitudes…

Comme il s’y attendait, le match allait être compliqué. L’absence d’énergie spirituelle le rassurait d’un côté. Sans énergie spirituelles, il était plus que sur qu’il n’y avait pas de voie nécromancienne. En gros point de kido. C’était un fait. Généralement, il ne faisait qu’utiliser ses trois talents, à savoir sa force physique, son réiatsu, et le zanjutsu qui allait avec. L’ablation de l’un d’eux n’était pas vraiment très incommodant, aussi reprit t-il toute sa concentration. Il laissa au vieux, le plaisir d’ouvrir ses hostilités, et qu’elle ne fut pas son étonnement, de voir qu’il commençait très lentement, lui qui fendait sur son ennemie, plus vite que le vent. En reculant légèrement, il écarquilla ses yeux, et vit tomber sur lui ce qui semblait être le sabre de bois…

La vitesse était effroyable, et le coup surpuissant. Sans comprendre comment, Kensei était là, à genoux sur un pied, contenant tant bien que mal l’attaque vigoureuse de son maitre. Il avait réussit d’un sacrée reflexe, à tendre sa propre arme à l'horizontale au dessus de sa tête. Il ferma un de ses yeux sous la pression de la puissance de son maitre, et grinça des dents, en essayant de se remettre debout. Il voulut faucher son maitre d’un coup de pied, mais sa position était défavorable. Il sentit sur tout son corps, cette puissance peser lourd, pleine d’entrain, de vigueur de rage. En grognant de colère, il réussit a se remette sur ses deux pieds, avec certaines exclamations du public. Sans perdre de temps, il misa également toute la force de ses deux bras, et fit coulisser les deux armes sur son côté gauche. D’un mouvement fluide et accompagnateur, Kensei empoigna la garde de son sabre, et tourna rapidement sur lui-même en restant sur place pour finir par donner un gros coup en direction de le vieux rein gauche -Oui je ne me trompe pas de côté- du maitre. Le tout se jouait sur la seconde près, et tout ne faisait que commencer…

La contre-attaque avait été évidente. Sans doute incontestable même. Il n’avait pourtant pas l’esprit adéquat pour assener un coup de sabre à son maitre. Il y avait tout d’abord le respect. Malgré sa force, Inoshiba n’en demeurait pas moins un vieillard. Il avait beau être capitaine, mais Kensei appréhendait vraiment le fait de le taper lourdement. C’était l’un des points qui allait lui faire perdre le match. Encore un autre point dont il ne fallait pas se soucier, et pourtant... Le but n’était pas de gagner le combat, qui n’était autre qu’un simple entrainement, mais de gagner en soi, une maturité à n’en point douter, ainsi qu’une grande force non négligeable. Tous ces enseignements ancestraux défilaient dans sa tête, en un tiers de secondes, ce qui diminua considérablement le manque de volonté. Un coup de lame sans détermination, n’en était pas un. C’était un corps sans vie, qui errait dans un monde plein de misères, sans buts, ni objectifs à atteindre. S’il savait tout ça, il ne put s’empêcher de rappliquer. Rester passif sur un terrain où il excellait n’était pas son genre. L’humilité n’avait pas lieu d’être. Pour le maitre, il s’agissait d’une grosse fierté. C’était toujours flagorneur de voir un élève réussir, après un enseignement magnifiquement attribué. Les états d’âmes d’Ino, il les comprenait parfaitement, ce pourquoi il appréhendait tout doucement, le fait qu’il fut plus violent que la norme qu’il eût connue. En contradiction avec le respect pour Inoshiba, il y avait un autre point assez contraignant... La crainte. Il avait en même temps peur de sa force. Déjà qu’avec sa taille moyenne, il réussit à faire incliner une géant de la soul society, l’on imaginait donc pas, s’il avait ajouté un soupçon de réiatsu à son attaque. Certainement que Kensei aurait été enfoncé dans le sol. L’absence de son haori était trompeuse. Si cet embellissement avait été en place sur son dos, il aurait certainement mieux appréhendé visuellement le fait qu’il se frotte à un capitaine. Un homme trois fois plus fort que l’être pitoyable qu’il était en ce moment. D’ailleurs, tous ces points de vue, qui avaient juste. Il vit son ex-capitaine parer son coup avec justesse. Le temps qu’il reprenne véritablement ses repères, suite au tournoiement de son corps, le lieutenant de la cinquième sentit un violent coup dans le bas ventre, vers son côté gauche. Le vieux avait réussi à le toucher, preuve de la haute nullité de sa garde face à lui. Son coup minimisé fit tituber Kensei, vers l’arrière, mais quel ne fut pas sa surprise, quand un autre violent coup, vit parcourir sa poitrine en diagonale, déchirant dans le même moment son kosode, et son obi, à l’endroit même de l’impact. Les choses allaient trop vite, il se perdait. Physiquement, ils étaient tous deux au point, mais mentalement, le vice-capitaine de la cinquième avait été négligent, impatient, embrouillé. Pendant la concentration, et la méditation de son sensei, lui avait du faire autant, mais il avait fallut qu’il se joue au bouffon devant une belle fille, qu’il n’affectionnait pas véritablement. Les humains avaient l’art de dire « Jamais deux sans trois », aussi s’attendait-il à un nouveau coup, plus subtil, plus vicieux. Heureusement que ses pensées avaient été les bonnes. Quand il commençait à chuter, il vit la même épée qui avait faillir taper sa tête. C’est à ce moment qu’il fit port d’un shunpo, à quelques mètres, derrière lui. Tout en reprenant son souffle, Kensei ne fit pas attention aux exclamations du public. Il n’était pas la pour eux. Lui était là pour prouver sa valeur à Inoshiba Katawari, capitaine de la onzième division. Ses muscles étaient courts, et raccourcis. Rien qu’en une seule attaque parée, sa première défense avait nécessité tous les muscles de son corps. Ce vieux ne finissait pas de l’étonner. Même après plusieurs années, il ne faisait que s’améliorer. Lui par contre se rouillait lentement. Heureusement que le capitaine Kaorihime était présente. A ses côtés, il allait redevenir l’élève, plutôt que le maitre qui guidait ses subalternes. Le temps n’était pas encore aux responsabilités les plus hautes, vu qu’il n’était pas totalement aguerri. La patience, et la rigueur étaient donc de mise…

- Tsss…

Cela faisait quelques instants qu’il était encore sur un genou, à quelques mètres loin du vieillard. Lui semblait ne pas avoir fourni un quelconque effort. Après tout, il venait à peine de commencer. Sa malheureuse endurance était contraignante. Durer dans un combat, n'était pas de son ressort. Il fallait qu’il rapplique, qu’il montre à tout ce public qu’il avait le mérite de porter le brassard d’une division. Tout en épongeant son front déjà en sueurs, il se mit soudainement à faire port de plusieurs shunpos autour de son adversaire du jour. La maniabilité de son réiatsu était parfaite au moins. On l’assimilait quelques fois à un soldat de la seconde division. Sans laisser de traces derrière lui, il s’amusait en shunpo à former un cercle autour d’Inoshiba. La suite promettait d’être concluante. Sans donc hésiter ne serait qu’une seule seconde, il s’élança en l’air, sabre brandi à la verticale au dessus de la tête, qu’il était prêt à fendre sur son adversaire. L’attaque était frontale. D’un soul coup, il lança son sabre un peu plus en avant, et le récupéra après un autre shunpo, derrière le dos du capitaine à quelques mètres de hauteur, et s’appliqua à finaliser son attaque, en descendant sur lui avec toute sa hargne. Le sabre s’abattait donc sur une des épaules du capitaine, et à priori, cela ne se jouait encore que sur un laps de temps très court, puisque la lame en bois était à quelques centimètres près de la cible…

C’est sans surprises qu’il vit et entendit son bokken se fracasser lourdement sur le sol, pendant qu’il se réceptionna sans efforts sur ses deux pieds. Les aptitudes d’esquives du capitaine étaient impressionnantes. Sans gênes apparentes, il se mit à soupirer grandement tandis que son échine se redressait doucement. Une fois complètement debout, il vit bien qu’il y avait un arrêt, et n’avait pas fait tilt sur le moment, le pourquoi de la chose. Il leva donc son bokken, et le plaça sur son épaule droite, lorsqu’il entendit les paroles vives, et formelles du capitaine Inoshiba. C’est dès lors qu’il écarquilla ses yeux, en se rappelant du mal qu’il eût commit. Involontairement, il avait effectivement désobéi aux règles émises par le vieux. Il était tellement habitué à l’utilisation pure et simple du hoho, qu’il en oublia même les instructions, et le b_a.ba fondamental de la matière. En effectuant un pas assez rapide, soit le shunpo, on concentrait une infime partie d’un reiéatsu, qui pouvait même s’avérer comprimé. Pour les hauts gradés, l’utilisation d’une telle technique, ne sollicitait pas vraiment une très grande énergie spirituelle. Ce pourquoi, il n’avait même pas senti qu’il le faisait. C’était comme un réflexe, une seconde nature presque inexplicable, et dès lors, il se mit à soupirer. En plein combat, Kensei avait été un peu trop imprévoyant, mais loin d’être honteux de son geste. Il se serait encore une fois mangé un coup qui allait forcement l’entailler. C’était l’attestation irréfutable qu’il était encore loin d’un niveau du plus faible capitaine du Gotei 13 qui puisse exister. Il y avait un long, très long chemin à parcourir, et il n’était pas des plus simples. De loin, il voyait les embuches, et obstacles semer la voie qu’il voulait emprunter. Il doutait encore de sa force, et c’était à peine s’il se demandait s’il pouvait traverser ce chemin. Un complexe qui ne s’estompait pas malgré ce brassard de vice-capitaine, malgré ce respect qu’on lui vouait dans certaines divisions, malgré le temps qui s’avançait toujours lentement…

La brise fraiche qui s’engouffrait dans le géant dojo vint caresser légèrement sa peau, qui frémit doucement. Il sentait un assez grand nombre de fourmillements parcourir son corps, surtout sur sa nuque, et ses flancs. Qu’est ce qu’ils allaient faire maintenant ? Lui ne le savait pas, mais il se doutait bien que Inoshiba n’en avait pas fini avec lui. Même s’il était capitaine depuis belle lurette, ce n’était pas ce titre qui lui permettait de réunir une foule aussi nombreuse, surtout pour ne serait ce que dix petites minutes rapidement passées, dans une entrevue pas forcement sérieuse. D’un air soucieux donc, il se mit à regarder le plafond d’un air vide. L’utilisation du réiatsu allait peut être permise. Kensei devinait alors que le match, allait plus que compliqué. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas dépensé comme ça, surtout en un moment aussi court, que celui qu’il venait de passer avec le capitaine de la onzième division. En portant un regard distrait sur lui, Kensei vit qu’il lui avait tourné le dos, et qu’il faisait face à une partie de la foule. Peut être changerait t-il d’adversaire, en mettant Kensei sur la touche. Si c’était bien et bel le cas, le lieutenant de la cinquième allait être plus qu’offensé, sans pour autant le montrer. Il n’allait pas sourire, mais n’avait aucune intention de serrer sa face pour autant. La vertu de sa division à savoir l’humilité, voulait qu’il se retire sans broncher ni jurer intérieurement. Toutes hypothèses étaient donc probables. Pinçant ses lèvres, et reportant son attention sur son maitre en arrêtant de rêvasser, il attendit le prochain verdict, avec une certaine impatience. Même sentiment qui rythmait sans aucun doute les différents spectateurs. Ce vieillard avait l’art de lui imprégner le bonheur éprouvé lors d’un combat. Il était loin des entrainements avec ses hommes, où il était sur de l’issu des engagements. C’était toute autre chose à sa division d’antan. Une petite envie d’états d’âmes qu’il refoula bien vite au fond de son cœur…

A la phrase suivante prononcée, Kensei écarquilla une énième fois ses yeux. Non pas d’effroi pour sa phobie des femmes. La personnalité citée était une de ses connaissances, qu’il n’avait pas vu depuis le moment où il quitta la onzième division, soit quelques années auparavant. Il avait bien été au courant de sa promotion, par les différents potins qui traversaient le seireitei comme une trainée de poudre, et s’en était réjouit, mais l’absence de capitaine à la tête de sa division l’empêchait de délaisser son poste, pour essayer de la voir et la féliciter personnellement. Ses yeux se braquèrent sur une petite silhouette qui s’arma d’un autre traditionnel sabre en bois. Et tandis qu’elle venait en face de lui sans rechigner, lui se mit à la dévisager, l’air hébété, stupéfait. Elle n’avait véritablement pas changée... mis à part les quelques centimètres en plus qu’elle due avoir acquise. Son côté formel, et césarien gâchait pourtant sa beauté notable. Un sourire de temps en temps n’était pas trop demander. « Ambigüe » serait sans doute l’adjectif le plus approprié pour décrire sa relation avec elle. Leur point commun n’avait été que l’entrainement que leur prodiguait le capitaine de la onzième. L’affronter aujourd’hui n’était un acte inédit, tant l’intensité de leur rivalité les amenait à croiser plusieurs fois le bois, et le fer. Sans montrer sa joie de la revoir, lui aussi s’inclina respectueusement, quand elle daigna le saluer. Sa forme physique lui faisait penser à sa capitaine Kaorihime April. Des femmes qu’il ne fallait en aucun cas sous-estimer.

Tout comme son maitre, elle s’appliqua à ouvrir les hostilités. Le bokken toujours sur l’épaule, Kensei ferma les yeux. Il lui fallait une concentration sans failles. Appliquant la leçon du maître, il fit le vide dans son esprit. Pour lui, il n’y avait plus qu’un seul objectif. Celui de défaire son adversaire sans arrières pensées. Sa nouvelle situation était telle, qu’il anticipa le coup de son adversaire. En se retournant expressément, Kensei fit un seul grand bond favorisé par sa grande taille, et rejoignit soudainement Inamy dans les airs, qu’il se mit à propulser un peu plus en hauteur, par un croisement de sabre. En misant sur la force de son bras droit, un sourire affable vint se scotcher à ses lèvres, tandis qu’ils gagnaient tous deux en altitude…

- Ça f'sait longtemps, vice capitaine Inamy…

A l’apogée de son saut qui contraignait son adversaire à rester en hauteur, il coulissa lentement son sabre sur celui d’Inamy à l’horizontale, histoire d’avoir une bonne mobilité, et se mit dès lors à enchainer plusieurs coups effrénés en diagonale, de gauche à droite et de haut en bas. Il agrémenta le tout par un coup de pied, et fit un salto en arrière, avant de se réceptionner, quelques mètres plus loin en arrière derrière. La question était maintenant de savoir si son adversaire avait encaissé le moindre coup. Soupirant, il se redressa, et porta son regard devant lui. Ce combat promettait…

Un léger sourire. C’était tout ce qu’avait pu émettre Kensei lorsqu’il vit la condition physique de son adversaire du jour. Elle avait apparemment tout paré sans aucun problème. Rien ne l’étonnait plus vraiment. Leur style de combat similaire, l’enseignement du maitre, sa propre nouvelle force... Une liste qui se renouvelait et qui donnait à ce match, un sens unique inévitable. L’inutilisation de l’énergie spirituelle, et du zanpakutoh rendait une répartition nulle. Continuer de cette manière, n’avait plus aucun sens. Il fallait autre chose pour déséquilibrer complètement la donne d’un côté des opposants. A ce rythme amorcé, l’entrainement partait pour un bon moment, sans aucune faiblesse de part et d’autres. Ils étaient tout deux, bien trop aguerries pour flancher ne serait ce qu’une seconde. On leur avait appris que l’erreur n’était pas de ce monde. Sans une telle pédagogie, ils seraient morts depuis belle lurette au champ de batailles. Assimiler cet instant à un vrai combat n’était pas une mauvaise idée. Il n’avait de toute façon pas peur de faire du mal à Inamy. Des coups, elle en avait certainement reçu bien pire que ce que pourrait lui administrer le vice-capitaine. La douleur était primordiale dans un entrainement. Des doctrines de ce vieux, qu’il n’avait de cesse de s’apostropher. Etait-ce de même pour elle ? Sans nul doute que non. Lui de part son transfert qui l’éloigna considérablement d’eux, était plus nostalgique quand aux règles qu’on lui avait longtemps prodigué. Elle, bénéficiait chaque jour d’un nouvel enseignement toujours instructif. Une situation qu’il lui enviait beaucoup. Son talent confirmait à quel point elle se rendait compte de sa grande chance. Elle avait même héritée de la placidité de son capitaine. Bibliothèque des arts anciens de la soul society, Kensei se demandait ce qu’il serait advenu de sa personne, s’il ne l’avait pas consulté en bonne et due forme. Un tournant plus que décisif dans sa piètre existence de shinigami. Bien heureux était-il de lui faire honneur à la cinquième division.

Les acclamations face à leur prestation étaient devenues plus abondantes, assourdissantes. Ce vieux profita de ces moments pour appeler certains de ses meilleurs sujets. Sans même porter un seul regard vers Inoshiba, Kensei, contrairement à son amie avait maintenue son sourire, en sentant affluer quatre énergies spirituelles assez remarquables. Il n’y avait aucune raison pour lui de rester impassible. D’ailleurs, ce n’était nullement son genre. De leur groupe, il avait certainement été le plus insouciant, le plus détaché. Son air réfléchi, était pourtant équivalent à ceux de son maitre et d’Inamy. La vie de shinigami paraissait tellement éphémère, qu’il pouvait parfois la trouver trop courte, et identique à celle d’un humain banal. Il n’était pas une machine de guerre taillé sur mesure. Bien qu’également peu fêtard, le sourire, était l’une des manières les plus simples de profiter de son existence. C’était justement cette sociabilité qui le rendait trop laxiste, et non ferme. Finalement, son adversaire restait meilleure élève que lui. Elle avait tout assimilé à la lettre, et demeurait la copie conforme du vieux. Aux premières impressions depuis plusieurs années de séparation, c’était ce qu’il concluait. Et c’était largement parfait pour une vraisemblable succession. Sans dire mot, il ne fit qu’observer le signe de sa rivale de toujours. Tout comme ils s’étaient plusieurs fois affrontés en combat singulier, ce n’était pas non plus la première fois faisait équipe. Du fait de leur ressemblance, ils étaient parfaitement, et naturellement complémentaires. Chaque mouvement de sa part allait être minutieusement effectué. Il allait maintenant jouer du peu qu’il avait appris lui-même à la cinquième division. Des manières de faire, bien différentes de celles de la onzième…

Lentement, Kensei tandis son sabre en bois à la verticale, devant lui. Parallèlement positionné par rapport à son buste, il était prêt à frapper lourdement avec. Il avança doucement son pied gauche par rapport à son pied droit, et patientait quand à la riposte de la lieutenante des lieux. Il ne fit pas bien longtemps pour qu’elle revienne à la charge. Sans bouger le moindre pouce ni ciller des cils, il comptait les pas qu’elle effectuait, en détaillant bien sa manière particulière de se déplacer. Avec un corps aussi frêle, cela était bien normal. Lorsqu’elle arriva près de lui, il imita complètement la défense d’Inoshiba. Il se mit habilement à contrer les coups qu’il avait lui-même perpétré auparavant. La différence était qu’il avait un soupçon d’incommodité à suivre ses gestes de déplacements. C’est dès lors qu’il comprit son intention. Sa mine à priori simplette et vide, laissait entrevoir son appréhension de la tactique. Ne pensait-elle pas que c’était trop primaire pour un homme de son niveau ? Bien qu’elle réussisse à la toucher une fois au bras, ce qu’il ne ressentit pas réellement, il se lassait un peu de devoir avoir affaire à la même chose. Elle avait toujours misée sur la différence de taille pour tirer profil d’une quelconque faille. Du coup, il connaissait son mode opératoire par cœur. Tout comme Kensei, elle se mit à frapper de ses membres qu’il évitait sans cesse à reculons. Légèrement mis en difficulté, Kensei mordit sa lèvre d’une certaine flemmardise, vu le manque de sérieux de ce combat. Il fallait qu’il retourne ses enchainements à sa faveur, et très rapidement.

Le lieutenant la laissa donc opérer à sa guise pendant plus d’une petite minute avec une réussite à son compteur, quand soudain il relâcha sa garde avec le sabre. Il ne fit qu’éviter d’un pas sur son côté droit, le poing qu’elle lançait vers son ventre, qui s’amusa à frôler son flanc déjà endoloris par le capitaine. Lorsqu’elle voulut le retirer, il enroula son bras vigoureux sur le sien, et la bloqua fermement contre lui, tel un serpent qui étouffait gentiment sa proie. Un semblant de rictus vint froisser son visage. Murmure s'en suivit...

- C’est terminé…

En prenant un air affligé, ponctué par des yeux grandement écarquillés, il abattit son sabre en bois sur Inamy, avec toute la force qu’il contenu dans son bras droit. C’était certainement sa dernière réplique, avant qu’elle ne tente quoi que ce soit, en plus des plans futurs, plus qu’inquiétants de son maitre. Cet entrainement tirait à sa toute fin…

Un entrechoc résonna bruyamment dans toute la salle. Chaque souffle était sans doute coupé, et l’attention était à son paroxysme chez tous les spectateurs présents dans la salle. Qui aurait cru qu’ils allaient avoir une confrontation entre vice-capitaine qui pouvait s’avérer très instructive, sur bien des niveaux ? Seul l’organisateur avait tout prévu en avance, misant sur l’effet de surprise. Il était sans doute fier de revivre cette nostalgie, même si son énergie spirituelle ne montrait, et ne trahissait, aucun germe de joie. C’était tout le contraire chez Kensei. Son sang palpitait dans ses veines, et il sentait son flux sanguin accélérer dangereusement. Son âme était en transe. Il n’y avait rien de plus délectable qu’une rivalité, ou un combat de ce genre, comme celui qu’il menait face à son homologue, et rivale. Le plus enivrant était de savoir qu’on pouvait à la fois gagner, et perdre. Le match était en effet loin d’être terminé. Sans pour autant effacer sa grimace mimé quelques secondes auparavant son attaque, il constatait à moitié surpris, la parade de la belle Inamy. Son contre était parfait, et c’est dès lors qu’il pensait à ne plus la prendre à la légère physiquement. Il avait trop compté sur son gros gabarit comme d’habitude, pour mettre à point une finition qu’il considérait comme imparable du côté adverse. La preuve était qu’elle avait contrée son arme, qu’avec une seule main étrangement placé. Elle n’avait pas le choix. Son bras était devenu la propriété privée de Kensei, qui avait expressément resserré son étreinte. Etreinte qui se relâcha progressivement quand il sentit des présences importantes dans son dos. En ce moment même, tout bascula, puisqu’il vit avec stupeur, des ennemis arriver aussi derrière Inamy. Le vieux vicieux… Il n’avait pas pu attendre la fin de leur match existant pour opérer de la sorte… ? Toujours est-il que le mal était fait, et qu’il fallait faire face à la réalité… Affronter sa rivale malgré d’autres ennemis qui faisait office de gêneurs…

Inamy fut la plus rapide, et ne perdit pas un seul instant pour se libérer. Le coup qu’elle porta eût du bon pour Kensei. Loin d’être intimidé par sa posture Kensei lui gratta sa tête en redressant son torse, et lui fit un joli sourire. Ce n’était pourtant pas le moment de rigoler. Il zappa totalement les instructions du vieux en se retournant vers les deux personnes qui étaient sensés le gêner dans sa tâche. Il allait leur faire comprendre qu’il ne voulait qu’Inamy seule. Beaucoup de choses étaient à rattraper. Et il n’allait pas laisser cette opportunité lui échapper. Pour rien au monde d’ailleurs. Tout en essayant de ressentir l’énergie de sa chère sœur d’armes, il sourit une nouvelle fois aux deux shinigamis qui lui faisaient face. L’un était confiant, en parlant du plus vieux d’entre eux, qui ne ressemblait particulièrement à rien, avec sa barbe mal rasée, et les cicatrices qui ornaient son visage fatigué. L’autre était plus jeune, et particulièrement anxieux. C’était justement cet état d’esprit qu’il fallait avoir. Trop de confiance apportait malheur. Il l’avait su à ses dépends, notamment quelques minutes auparavant, lorsqu’il voulut tamponner le rein de son maitre. Personne ne voulait encore avancer, ce qui lui permit bien sur de détailler aisément le physique de ses opposants. Par contre, il entendit derrière lui des bruits qui montraient le début de celui d’Inamy. Elle ne perdait pas de temps celle là. Ce n’est que lorsqu’il fit semblant de relâcher la certaine garde qu’il avait adopté, que le plus vieux d’entre ses concurrents s’élança vers lui. Et avec une seule main. N’étant pas du genre à trop sous-estimer ses adversaires, si ce n’est dans l’attitude bourrine au sens propre du terme qui était ses assauts de prédilection, il attrapa le manche de son sabre en bois, et leva ses mains vers le ciel.

- Men… Uchi…

D’un autre petit murmure, il abattit complètement son sabre sur le front de son adversaire, ce qui eût pour effet de le mettre K.O. Il entendit un cri de douleur de sa part, et vit du sang imbiber son arme. Il était dit que dans le domaine du kenjutsu, un coup de sabre porté avec deux mains, était plus efficace que celui avec une main. Sa technique nécessita bien sur, un bon moment, chose que lui avaient donné ses adversaires. Et dire que le vieux pensait que le temps était contre eux. Plus le nombre augmenterait, plus il serait susceptible de rendre Kensei sérieux qui n’avait qu’un seul objectif en tête : La jeune femme qui accourait derrière lui…

Il sentit une autre présence vers lui mais ne s’en préoccupait pas vraiment. D’ailleurs, il bloqua la tentative du jeune shinigami qui avait accompagné premièrement le vieux laid dont il se débarrassa rapidement, et lui donna un gros coup de pied, avant que celui-ci ne valse vers les spectateurs debout, autour du tatami géant. C’est à ce moment précis que tout bascula... Sans avoir eu le temps de sentir Inamy sur lui, Kensei tomba lourdement sur son dos. Pendant sa chute, il comprit tout le stratagème. A terre, il écarquilla ses yeux, lorsqu’il vit le sabre adverse fondre sur lui en toute vitesse. Comment avait-elle traversée le hakama de Kensei, dont le volant était vraiment large ? La question n’était pas là, et il fallait réagir vite sur la seconde qui approchait…

Les deux plantes de ses pieds s’immobilisèrent soudainement sur le shinai –Le partie du sabre avant la garde- d’Inamy, ce qui eût pour effet de stopper la progression de la pointe de sa lame qui ne fit que frôler son kosode. Tout en souriant, il leva la main gauche, et la posa sur le sabre de Inamy, avant de le tirer brusquement vers un côté, ce qui déséquilibra son adversaire. Il était plus qu’évident qu’elle était tombée sur lui. Action qui la sauva d’un autre coup venant de derrière…

- Elle est mienne… Tsuki-Uchi…

De sa main droite, il lança violemment son sabre à la gorge de l’assaillant en arrière qui tomba brusquement sur le dos quelques mètres loin d'eux. Des applaudissements, ainsi que des cris s’élevèrent. Tout en soupirant, Kensei était désarmé. Il laissa le sabre de Inamy, sachant qu’il aurait de toute façon perdu même s’il n’abandonnait pas dans cette position, lorsqu’il réalisa une chose…


-AAAAARRRRRRGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHH...

D’un effort plus qu’herculéen suite à son hurlement d’effroi inimaginable, Kensei éjecta Inamy très loin, et se redressa, avant de courir vers son maitre l’air alarmé. À quelques mètres de lui, il s’inclina, tout en prononçant de façon très formelle…

- J’abandonne Ino-jiii. Mes respects à toi et tes hommes. J’avais omis un travail urgent à faire, et il faut que je me dépêche… Mes plus plates excuses !!! Je reviendrais d'ici peu !

Si l’excuse était valable pour le reste des shinigamis, il n’allait sans doute pas de même pour le capitaine, et sa lieutenante. Sans donc demander son reste, il s’attela à faire port d’un shunpo, disparaissant rapidement du dojo, et de la onzième division… Une sortie embarrassante et assez cocasse, mais qui concluait un entrainement dont il avait été heureux de prendre part…