Bleach Shinigami Age
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 Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']

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Ageha Miyara
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MessageSujet: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeMar 20 Avr - 15:53

Topic n°3

J'ai toujours vu que pour réussir dans le monde,
il fallait avoir l'air fou et être sage.

Montesquieu
Extrait de Pensées, Les Pensées de Montesquieu


22 avril 2010

L’auberge était calme. Il n’y avait gère de client en cette journée de semaine de saison morte. Les sources chaudes, bien que généralement appréciées par la population japonaises, étaient surtout considérées en hiver, et non en plein mois d’avril, alors que le printemps commençait et migrait doucement vers l’été. A cette époque, les campagnes se voyaient prises d’assaut par les citadins qui s’émerveillaient devant les bourgeons naissants en étant les beaux jours pour aller s’agglutiner en masse compacte et puante sur les bords de mers.

Ageha avait choisi cette destination spécifiquement pour ces raisons. Séchant ses cours d’universités, prétextant auprès de ses parents de dormir chez une amie le temps de finir un exposé, la jeune femme avait fui la ville de Karakura à la recherche d’un paisible isolement. De plus, la chaleur et les vapeurs relaxaient les muscles tendus par les événements récents. Certains pourraient dire qu’elle se pomponnait, et elle ne les contredirait pas. Seulement, pour elle, au-delà même du confort, c’était bien une sorte de pèlerinage qu’elle effectuait.
Pourtant, elle n’était pas bien loin : juste une petite heure en train en direction des montages. Le dépaysement n’était pas bien grand. Pourtant, l’air de ce pied de montagne avait quelque chose de différent et surtout, Ageha n’était pas en permanence confrontée à la vue des Shinigamis ou Hollows. Oui, elle était là pour faire le point. Ce n’était pas une fuite en avant, comme ce qu’elle avait vécu ces trois dernières années. C’était reculer pour mieux sauter. C’était… se ressourcer…

Vêtue d’un de ses kimonos d’intérieur, pourtant doublé pour faire face à la fraicheur relative du printemps, Ageha sortait d’une séance de trempette dans l’eau chaude voire sulfureuse des bains. Elle était maintenant assise dans un coin de la véranda, en train de regarder le jardin zen, en dégustant une tasse de thé. Un comportement presque stéréotypé, digne des dessins animes japonais, mais c’était là un aspect de sa culture qu’elle aimait bien. Et si cela fonctionnait pour les bonzes, cela lui irait très bien.

Bien que les choses eussent été clairement expliquées par Fumiko, Ageha sentait encore que les choses lui échappaient. Les mots, les concepts, tournaient dans sa tête. Ce n’était pas de la peur qui faisait battre son cœur, et encore moins l’excitation. Plutôt l’appréhension de l’attente. Ne pas savoir ce qui allait se passer. Si on en croyait la Vizarde, Ageha était source de problème, car son reiastu allait rapidement attirer à elle ces créatures, bonnes ou mauvaises, mais toutes armées d’intentions peu positives à son encontre. Si elle s’entrainait, elle pourrait apprendre à masquer sa signature énergétique et même à se défendre en cas de besoin. Mais le risque important corolaire à cette situation était bien d’attirer encore plus l’attention sur elle, en activant volontairement cette énergie qu’elle émettait de plus en plus fort, mais de façon inconsciente.

Ageha soupira lourdement. Elle n’avait pas envie d’avoir à se battre. Elle n’avait jamais voulu ces pouvoirs, et pour le moment, elle ne voyait aucun avantage à sa condition. Fumiko l’avait traitée de tous les noms, à vouloir se détacher de ce qui la rendait « spéciale ». Quelque part, oui, c’était flatteur. Qui oserait dire qu’il ne voudrait pas être spécial un jour ? Cependant, la majorité des gens se projetaient plutôt dans des scénario de vedettes, stars, people ou héros des temps moderne. Et non dans la peau d’individus voyant les morts et leurs combats contre les âmes déchues.

Devait-elle prendre position ? Se battre contre les Hollows qui dévoraient les âmes errantes et faisaient tant de mal ? Pour Ageha, c’était un véritable dilemme. Elle avait été élevée pour être une fille « bien » et de toute façon, son caractère la poussait à prendre ses responsabilités. La jeune femme n’était pas une citoyenne modèle, mais elle faisait tout pour s’en approcher. Oui, elle traversait souvent les rues hors des passages protégées et elle prenait des bains, oublieuse des problèmes d’eau dans le monde. Tout comme elle consommait beaucoup, alors que certains mourraient de faim ou de froid. Mais elle votait, recyclait, ne jetait rien à terre, aidait les petits vieux à traverser et laissait sa place aux femmes enceintes dans le métro.

Aussi savoir qu’elle avait des pouvoirs et qu’elle pouvait aider… mais au péril de sa vie… voilà une situation nouvelle et elle se sentait perdue. Si seulement elle pouvait parler à un Shinigami…
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Absalon Ehlinger
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeVen 23 Avr - 18:23




Je n’étais jamais allé au Japon.
Pas de mon vivant du moins. Je me souviens avoir navigué sur de nombreuses eaux étrangères mais jamais aussi loin. Ma vie humaine a toujours été ponctuée par le voyage, j’ai visité des lieux lointains et en ai conservé des souvenirs exceptionnels, bien que la plupart m’échappent aujourd’hui. J’ai vu des plaines d’or et d’herbes hautes, des monts noyés sous les pousses d’oliviers ou bien des terres de givre. Ces images resurgissent parfois à la manière de réminiscences partielles, je ne peux ni les nommer ni me souvenir des circonstances m’ayant amené à les visiter, toutefois ces fragments de mémoire restent vivaces dans mon esprit.
J’aurais voulu pouvoir profiter de ma non-vie pour découvrir ce monde que j’ai quitté trop tôt. J’aurais voulu voir des paysages grandioses en tant qu’esprit, les contempler en spectateur invisible et privilégié. J’ai cette soif du sublime qui ne se tarit jamais, peut-être aurais-je pu être peintre qui sait ?
Mais tout cela m’a été ôté. La vie et la vue. Je ne peux plus jouir de ces décors naturels qui égaient le cœur des hommes et qui alimentent leur imagination. Je ne peux plus admirer ces spectacles grandement parfaits. Je peux les sentir, les goûter, les toucher ou les entendre. Oh bien sûr je sens, goûte, touche et entend des choses que nul autre que moi peut percevoir, mais ce n’est pas pareil. Adieu jeux de lumière, touches de couleurs et rêveries visuelles. Et bienvenue à l’obscurité silencieuse, la mère de mes ténèbres.


Et comme je ne pouvais savourer à ma guise les mondes qui s’offraient à moi, je ne les regardais pas. Chaque incursion dans le monde réel devenait une vraie corvée, puisque ce dernier n’avait plus aucun intérêt à mes yeux. J’étais aveugle aux miracles et devais me contenter de cet état de fait. Mes prérogatives d’Espada toutefois m’obligeaient à me rendre assez souvent dans l’univers des hommes. Que ce soit pour enquêter sur quelque phénomène spirituel pouvant intéresser Nagare ou bien pour rechercher des Hollows au fort potentiel. Ma mission actuelle consistait d’ailleurs à mettre la main sur un Adjuchas particulièrement intéressant. Je le traquais depuis le Hueco Mundo et jusqu’à maintenant je n’avais eu l’occasion que d’analyser le reitasu qu’il avait bien voulu me laisser. Fluide, d’une grâce rare et vibrant de puissance, il semblait être un sérieux candidat pour rejoindre l’Espada. Si je parvenais à le dénicher et à le persuader de rallier notre cause bien entendu. Ma chasse m’avait mené une nouvelle fois dans le monde humain. Après ma rencontre avec le capitaine Shinigami, j’espérais ne pas avoir affaire au Gotei 13 cette fois-ci. Qu’on me laisse remplir mon objectif en paix, c’est tout ce que je demande.
La brèche du Garganta s’ouvrit à quelques mètres au dessus du sol. Je fis quelques pas dans le vide et pris une grande inspiration. L’air était incroyablement pur. De plus en tendant l’oreille, je ne percevais pas les bruits caractéristiques de la ville. Soit j’étais devenu sourd au boucan urbain, soit je me trouvais en pleine campagne japonaise, ce qui n’était pas plus mal au fond. J’avais ainsi plus de chances de ne pas être dérangé par un dieu de la mort en patrouille. Je fis un tour sur moi-même, cherchant à l’aide de mon Pesquis des traces de l’Adjuchas. J’aperçu à quelques deux kilomètres de ma position, une nimbe colorée qui indiquait très clairement la présence d’un Hollow.
Mais alors que je me préparais à utiliser un Sonido, un minuscule éclat à mes pieds attira mon attention. Curieux je baissa la tête et remarqua une autre source de reiatsu. Etrangement, à la couleur de l’énergie spirituelle, il ne s’agissait ni d’un Shinigami, ni d’un Hollow. Une troisième race ? Ou alors j’avais à faire à une de ces bizarreries naturelles.


Rapidement et sans un bruit, je posa pied à terre. J’entendis autour de moi le bruit des feuilles qui bruissaient, l’herbe qui s’agitait et l’odeur habituelle d’une présence humaine. J’avais du atterrir dans un jardin ou quelque chose d’approchant. À quelques mètres de moi, l’être étrange me faisait face. J’avança à découvert, ne cherchant pas à être particulièrement discret. En quelques pas je le rejoignis, laissant tout de même un distance respectable entre nous, juste « au cas où ».

« - Qui êtes vous ? Ou plutôt qu’êtes vous ?, dis-je curieusement, sans intonation particulière dans la voix. »


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Ageha Miyara
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeSam 24 Avr - 19:04

La sagesse, c'est d'avoir des rêves
suffisamment grands pour ne pas les
perdre de vue lorsqu'on les poursuit.

Oscar Wilde



Puisqu’il devait être considéré comme aveugle – chose qui, très ironiquement, ne sauta pas aux yeux d’Ageha – Absalon dut se contenter de ses autres sens pour comprendre ce qui se passait. Il put ainsi identifier le son caractéristique d’une respiration qui se coupait, celui d’un choc puis d’un écoulement, signe qu’un contenant empli de liquide avait été renversé, et comme un bruit de pas, sourd et précipité.

Par cause. Ageha avait été surprise par la voix de l’Arrancar, qui était arrivé par son angle mort, derrière son épaule, alors qu’elle tombait dans une sorte de somnolence éveillée. Ses yeux enregistraient passivement le passage du vent dans les feuilles de la végétation épurée, tandis que ses pensées se calmaient et devenaient un grand plat que rien ne dérangeait. Encore quelques minutes et elle se serait endormie, enfin en paix, en n’ayant en tête que l’image d’un petit oiseau qui s’égosillait à pleine capacité de ses poumons à entonner un trille aussi répétitif que musical.

Et bien que la voix ne fut nullement agressive, voire même presque plaisante, il n’est jamais agréable de se faire tirer de sa douce torpeur pour affronter la réalité. Et celle d’Ageha avait depuis longtemps dépassé les limites de la folie. Pas une seconde, elle n’imaginait dénigrer l’existence même de cet être devant elle. Peut-être parce qu’elle était trop affolée à paniquer pour penser à quoi que ce soit. Ou peut-être à cause. Craindre quelque chose, c’était encore lui donner vie. Or, pour quiconque passerait à ce moment dans la galerie jouxtant la véranda, il lui semblerait qu’Ageha était en proie à une peur impressionnante. La source de son effroi, par contre, tenait du mystère. Sûrement une araignée ou un lézard, qui avait depuis bien longtemps fui les lieux.

La gorge sèche, mais la jambe brûlée par le thé renversé, Ageha tenta de se reprendre en main. Elle commença par écarter ses longs cheveux d’ébène, se maudissant mentalement de ne pas avoir pris de barrette ou élastique pour les tenir à distance. Puis elle épongea de sa manche le reste de la boisson, pour éviter une nouvelle blessure.
Ce geste spontané lui tira un ricanement désabusé. Pourquoi se réoccuper de brûlures superficielles alors qu’elle avait devant elle un de ses êtres si craints. Elle arrêta son mouvement, et malgré sa détermination à ne pas se laisser manipuler, elle ne put que se terrer dans un coin de la pièce, resserrant autour d’elle le kimono, mince bouclier insuffisant, en un geste de protection. N’était-elle pas presqu’à moitié nu, avec juste son bas de jogging et ce vêtement d’intérieur ? Et si les habits n’avaient jamais en aucun cas constitué matière de défense, elle se trouvait bien faible et démunie. Finalement, le moral avait plus que son importance dans les situations délicates…

Les yeux bleus perçants s’égarèrent sur Absalon. Ageha se mordit la lèvre et se voua à tous les enfers : mais quelle idée avait-elle eu de s’éloigner de la protection relative offerte par Fumiko et, oserait-elle le dire, Myoshi ? Ces habits, cette énergie… jamais elle n’en avait rencontré de semblables.
D’aspect général, il faisait penser – il, car quoi qu’il fut, c’était un représentant du sexe masculin – à un Shinigami. Non seulement était-il humain, mais aussi en avait-il les habits. Seule la couleur dépareillait. Avait-elle devant elle un membre d’une section spéciale ? Sa question prouvait qu’il ne venait pas pour elle, la capturer et la juger pour avoir un reiatsu. Pourtant, il dégageait quelque chose qui faisait dresser tous les cheveux d’Ageha.
– « Et vous, » finit-elle par cracher, d’une voix colérique. La jeune femme se reprochait cruellement ce moment de panique, elle qui avait décidé de se battre. « qu’est-ce que vous êtes? En tout cas, vous n’êtes pas poli. On se présente, avant de questionner les autres. » Elle se remit debout, toujours les mains crispées sur les pans de son kimono. « Et mon identité ne vous concerne pas. Je ne désire pas votre présence, c’est une propriété privée ici. Alors dégagez… »

Elle se doutait bien que la notion de droit commercial ne s’appliquait pas à cette âme, pas plus qu’aux autres, et ce qu’importe leur camp. Mais à défaut d’être efficace, cela lui permettait de reprendre les choses en main, et de faire face à ce nouveau arrivé dans le monde-folie.
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Absalon Ehlinger
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeDim 25 Avr - 21:56




À peine mes derniers mots eurent ils claqués dans l’air que j’entendis un fracas brutal.
Un animal acculé n’aurait pas été plus prompt à réagir avec une telle violence. Il y eut d’abord un arrêt brutal des voies respiratoires, qui signifiait chez les êtres vivants une surprise marquée, puis ce fut le bruit d’un liquide qui chutait et enfin le son caractéristique d’un corps se déplaçant. Une puissante odeur vint me caresser les narines, une senteur d’eau chaude et de plantes, mais mes connaissances dans le domaine ne me permirent pas de nommer cet étrange mélange. J’étais mort trop tôt dans l’Histoire et j’en avais raté toutes les découvertes fondamentales, ainsi j’ignorais de quelles façons la culture humaine s’était développée. Il faudrait que je me penche sur la question un jour, les humains possédaient cette diversité et cette richesse qu’on ne retrouvait ni chez les Hollow, ni chez les Shinigami.
C’était donc bien une humaine qui me faisait face. Elle appartenait à cette catégorie rarissime des vivants pouvant voir les morts, tout comme je le pensais.
Je l’entendis s’éloigner de moi.À l’oreille je pouvais en déduire que ses mouvements étaient désordonnés et chaotiques, signe de précipitation et de crainte. Je lui avais fait peur, réaction dont j’étais parfaitement habitué et dont je me serais bien passé cette fois-ci. L’angoisse que je faisais naître m’accompagnait comme un manteau qu’il m’était impossible d’ôter. Je terrifiais la plupart des êtres faibles alors même que je n’en avais pas l’intention, à croire que mon existence n’était qu’une farce cosmique. Je voulus faire un pas vers elle, motivé par le soucis de la rassurer sur mes desseins à son égard, mais j’eus à peine esquissé mon geste qu’elle feula à la manière d’un chat face à une menace.
Sa voix était désagréable mais suffisamment inhabituelle pour que j’y prête attention. Elle était empreinte de frayeur bien entendu, mais également de ce que je pensais être aussi de la colère. L’avais-je enragé sans même le savoir ? Sa réaction m’étonna d’autant plus qu’elle était complètement hors contexte. Disproportionnée à vrai dire, elle réagissait comme quelqu’un qui préférait se crever les yeux plutôt que de voir ce qui l’épouvantait. Je fus également surpris par son agressivité, et ce que je pensais être également du mépris. Autant je savais me montrer diplomate et humble quant il le fallait, autant me faire jeter comme un mendiant m’irritait fortement.


Je laissa le silence s’installer durant de longues secondes. Mon corps était raide, mes lèvres ne se décollèrent pas et ma respiration à peine perceptible. J’aurais pu ressembler à une statue si seulement mes poings ne s’étaient pas crispés sous le coup de la colère. Lentement j’enfonça ma main dans l’une de mes poches puis en sortit ma pipe. Je pris mon temps pour bourrer celle-ci avant de l’allumer d’un claquement de doigts. Je la coinça ensuite entre mes dents, inhala une bouffée de fumée et fixa mon regard aveugle sur l’humaine. Ma curiosité avait laissé place à une fureur grondante mais maîtrisée. Posément, d’un ton incisif et glacial, je rétorqua :

« Il me semble mademoiselle ou madame que je vous ai posé une question. Je l’ai fait de manière convenable et je ne comprends pas en quoi j’ai pu mérité votre agressivité.
Par ailleurs je me fiche totalement que ce soit une propriété privée, je vais où je le souhaite et ce n’est pas une misérable qui va m’en empêcher. Maintenant pardonnez moi mon irritabilité, vous m’avez mis dans un état assez déplorable je l’admets. J’avais candidement envisagé une conversation calme entre gens civilisés, j’ai toutefois la bizarre impression qu’elle va se finir abruptement. »

Je faillis presque casser l’embout de ma pipe à force de serrer la mâchoire, puis je repris, toujours aussi irrité :

« Maintenant j’aimerais savoir de quoi est capable une humaine possédant une énergie spirituelle aussi dense. Concrètement c’est quoi votre truc ? Vous voyez les morts et vous les envoyez paître ? »


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Ageha Miyara
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeDim 25 Avr - 22:46

Politesse. La plus acceptable des hypocrisies.
Ambrose Bierce
Extrait de "Le Dictionnaire du diable"


Si son attitude première avait quelque peu calmée Ageha, qui s’était mise à l’examiner plus attentivement, aussi curieuse que boudeuse, ses paroles redoublèrent la colère de la jeune femme. Au point qu’elle repoussa la nouvelle poussée de peur qui montait en elle. Car à bien y regarder, cet homme n’avait rien à voir avec un shinigami. Ce masque sur ses yeux, fort à propos, était la cause de beaucoup de ses soucis. Elle n’avait jamais vu un Dieu de la Mort avait un tel attirail. Au contraire, il lui faisait penser à celui des Hollows, ou à celui des Vizards, avec quelques différences notables.

Ageha n’avait rien qu’une écervelée. Elle savait qu’elle avait devant elle une créature capable de la tuer sans tirer la moindre goutte de sueur de ce corps illusoire. Enfin, pas si illusoire que ça, puisqu’elle avait été capable de toucher Fumiko – et à son corps défendant, Myoshi. La nature exacte de son identité importait peu.
Et malgré lui, l’inconnu ne dissimulait pas totalement son flegme affiché son énervement ou tension. Ce qui n’allait pas pour rassurer Ageha. Un fauve était déjà bien assez dangereux pour en plus avoir affaire à un fauve mal luné.
Mais la jeune femme en avait marre d’en avoir peur, continuellement, à devoir regarder derrière son épaule et à devoir supporter cette vie qui s’était imposée à elle. Bon sang, elle était partie de Karakura pour être tranquille et voilà que le dernier énergumène venait s’incruster… Oui, elle était en colère.
– « Hé oh, on se calme. Je vous signale que c’est vous qui débarquez comme ça. Je n’ai jamais demandé à vous parler. Vos manières ne sont pas convenables. Non seulement vous débarquez comme ça, venant de nulle part, alors que je cherche un peu de quiétude et en plus vous me questionner. Vous appelez ça une conversation civilisée ? Je ne sais pas d’où vous venez, mais chez moi, on commence par dire bonjour. Et puis on commence surtout par respecter l’intimité des gens. »

Elle se leva, le gobelet de thé vide à la main, avec l’envie grandissante de le lui jeter à la figure. Mais pour qui se prenait-il ? Pour qui se prenaient-ils tous ?
– « Si je suis une misérable, alors passez votre chemin. Parce que ce n’est pas avec moi que vous aurez une conversation civilisée. Une chose telle que vous ne va pas s’abaisser à parler à une petite humaine comme moi, n’est-ce pas ? Ou alors, vous m’accordez un peu de respect, et vous me traitez comme tel. Et pour répondre à votre question. Oui je vois les morts et si je peux, je les envoie paitre. Parfaitement. C’est mon droit. Maintenant retournez d’où vous venez, dans ce monde ou un autre, mais lâchez-moi la grappe. Je vais prendre un bain. Alors zou, on débarrasse le plancher ! »

Et Ageha entreprit vaillamment – le jogging dissimulant ses genoux tremblotant – de passer à ses côtés, drapée dans sa dignité et son inconscience…
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Absalon Ehlinger
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeVen 30 Avr - 14:42




La colère avait cette capacité étonnante de vous faire perdre toute contenance.
Elle sapait toute logique consciente et vous forcez à faire des choses épouvantables. Le sang montait à la tête, la raison s’envolait et laissait sa place à un ressentiment si profond et violent, que les malheureux qui le subissaient se retrouvaient dans la plupart des cas à l’état de cendres fumantes. Je n’étais pas en colère. J’étais furieux. Un bouillonnement intérieur me vrillait l’estomac, une soif de carnage que je n’avais pas ressenti depuis plus de vingt ans. Je voulais déchirer cette humaine impertinente, la démembrer ou la pendre avec ses propres entrailles. Lui arracher la tête et la planter au bout de ma lame. Un autre que moi aurait cédé à ses pulsions meurtrières, mais fort heureusement pour cette gamine, je savais un minimum me contrôler. Elle ne mourrait donc pas éviscérée par ma main.
Néanmoins un tel manque de respect ne pouvait être pardonné si facilement. J’avais sans doute été un peu maladroit dans la manière dont je l’avais abordé, mais j’étais sûr de ne pas avoir mérité autant d’hostilité. Je l’entendis se lever puis tenter de me contourner. Elle était soit idiote soit à des kilomètres de la réalité, peut-être les deux. Je la laissa faire, ne cherchant ni à la retenir ni à la menacer de quelque façon que ce soit. Son parfum vint même me taquiner les narines, ajoutant à son attitude une touche de provocation. Mais son odeur ne me trompa pas, elle avait peur. Les relents de sa terreur étaient parfaitement perceptibles et en tendant l’oreille, je pouvais entendre les battements anarchiques de son cœur. Elle était grande gueule mais c’était tout. J’étais partisan du dicton « Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. ». Cette gamine se devait de connaître où était sa place dans le monde et il m’incombait de lui apprendre.

J’étais bon professeur, mais rustre. Mes enseignements se prodiguaient dans la douleur. Je relâcha donc une quantité monstrueuse de reiatsu, écrasant sous la pression spirituelle toutes les âmes faibles dans les alentours et signalant ma position sur plusieurs kilomètres à la ronde. Je crus même sentir la réalité s’effondrer sur elle-même mais il ne s’agissait là que d’une simple impression. Puis brutalement, je mis fin à ce débordement d’énergie. La leçon était terminée et il ne tenait qu’à la jeune humaine d’en tirer les conclusions qui s’imposaient. Ma colère s’était envolée, emportée par l’énergie que j’avais dégagé durant un bref instant. J’avais retrouvé mon calme et ma sérénité sans avoir eu à me défouler violemment sur l’objet de ma fureur. Je pouvais être fier de moi !
Mon action n’avait toutefois pas été sans dommage pour l’humaine. Je savais pertinemment qu’une telle quantité de reiatsu l’aurait plongé au minimum dans un état de malaise avancé. Je ne me tourna pas dans sa direction pour vérifier, et me contenta de fixer un point invisible face à moi. Le silence s’installa durant une minute ou deux mais fatigué par cette immobilité, je le brisa en m’asseyant lourdement dans l’herbe. La pipe aux lèvres, le regard rivé vers le ciel, je me sentais de nouveau moi-même. La patience n’avait jamais été l’une de mes qualités premières. Le fait qu’une simple humaine ait pu me mettre en rogne suffit à appuyer mes dires. Toutefois je m’efforçais de pallier à ce manque et la jeune femme pourra témoigner de mes efforts si son état lui permet.


« Bien…Bonjour, dis-je d’un ton plein d’ironie et de sarcasme, je suis Absalon Ehlinger. J’espère que vous pouvez m’entendre, moi ça va, je suis calmé. Maintenant que nous sommes tous les deux posés et attentifs l’un à l’autre, nous pourrions prendre un nouveau départ, qu’en dites vous ? »


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Ageha Miyara
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeSam 1 Mai - 21:56

Qui sait si chaque événement ne réalise pas un
rêve qu'on a fait, qu'a fait un autre, dont on ne
se souvient plus, ou qu'on n'a pas connu ?

Jules Renard



L’enfer se déchaîna… encore une fois. Ce n’était pas rien, et Ageha aurait été de mauvaise foi de dire qu’elle était depuis le temps blasée. Mais Absalon n’était pas le premier – ni le dernier, malgré les vœux les plus désespérés de la jeune femme – à faire usage et abus de son énergie spirituelle devant l’humaine. Et bien qu’il y ait mis le paquet, elle réussit tant bien que mal à ne pas plonger dans la démence la plus totale.
Cependant, l’Arrancar pouvait savourer son succès. S’il n’avait pas tout à fait atteint ses objectifs, on ne pouvait pas lui reprocher le résultat… ou les méthodes. Dans le genre employé modèle, il méritait une médaille. Si tenté qu’on pût, quel qu’en fût le point de vue, rapprocher sa condition d’âme déchue et torturée d’un métier.

Ageha avait reçu de plein fouet l’assaut de reiatsu, confirmant ainsi ses pires craintes. Projetée contre le mur, elle avait dû endurer la douleur mentale, s’apparentant au crissement d’ongle sur une ardoise, mais amplifiée mille fois, dix-mille fois encore, de telle sorte qu’elle crût que ses dents étaient sur le point de se déchausser. A bien y réfléchir, c’était peut-être une option plus agréable que la perspective de devoir rester ici, avec Absalon.
Elle s’était laissée tomber à terre, recroquevillée sur elle-même. Si ses pouvoirs avaient pu se mettre en mode « reset » à ce moment, elle aurait bondir sur l’occasion de pouvoir traverser les murs ou se téléporter. Mais non, elle n’avait que ses pouvoirs de chronomancienne, qui ne lui étaient généralement d’aucune utilité. Même Fumiko avait été sceptique devant l’énoncé de ses capacités.

Encore une fois, elle avait été impuissante. On lui avait imposé une volonté contre son gré, elle avait subi une intrusion dans sa vie. Un viol aurait été moins violent, car au moins, elle aurait pu se défendre, faire un geste. Mais ici… crier, appeler à l’aide ? Ah, mais personne, sauf elle, pouvait voir ces drôles de bonhommes dans leurs pyjamas noir et blanc. Si elle faisait ça, elle finirait en asile psychiatrique. Et finalement, malgré toutes ses bonnes résolutions, balayées par cette « visite » qui prouvait que jamais, vraiment plus jamais, elle ne serait seule et en sécurité, Ageha commença à contempler l’idée de se laisser aller. De plonger doucement dans un autre monde, où rien ne l’atteindrait, ni mal, ni le bien. Son monde à elle, sans personne pour surgir, sans masque déformé, sans reiatsu. Un monde de calme figée en une journée d’automne, sa saison préférée.

Pourtant… tous ceux qui connaissaient Ageha riraient à cette idée. La jeune japonaise n’était du genre à baisser les bras. Ou alors, ce n’était que replis stratégique, le temps de panser ses plaies, et le départ ne se faisait pas sans grognement ou menace.

Aussi Absalon n’obtint, pour seule et unique réponse, un reniflement peu élégant et des plus silencieux… En un mot comme en un autre, Ageha boudait. Puisqu’elle ne pouvait pas le forcer à partir, ou se soustraire à sa présence, elle allait faire comme s’il n’était pas là.
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Absalon Ehlinger
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeVen 7 Mai - 0:56




Loin au-delà des montagnes, là bas derrière les monts, flottaient encore quelques bribes de reiatsu.
L’hollow que je poursuivais s’était enfui, sans doute effrayé par la puissante énergie spirituelle que j’avais relâché quelques minutes auparavant. Si j’avais pu le poursuivre durant trois jours sans trop me forcer, ce n’est pas une heure à flâner qui me ferait perdre sa trace. Il n’irait pas bien loin de toute façon, je savais me montrer particulièrement tenace lorsque l’envie m’en prenait. Et puis cette humaine pouvait certainement se montrer de bonne compagnie si seulement je parvenais à briser le silence s’étant installé entre nous deux. Mais avant de songer à quoi que ce soit la concernant, peut-être serait-il judicieux de vérifier qu’elle était toujours vivante. Le petit reniflement qu’elle lâcha me le confirma indirectement. Je tourna la tête de quelques degrés et la contempla à l'aide de mon Pesquis.
Étonnant. Même si son âme fut affectée par ma pression spirituelle, elle n’en avait pas été foncièrement ébranlée. Habituellement, les âmes trop faibles pour supporter une trop grande puissance se déchiraient d’eux même comme s’ils répondaient à un quelconque ordre d’auto destruction. Or dans le cas présent, l’âme de la femme brillait juste faiblement. Si la flamme de sa vie avait vacillé, elle n’avait pas disparu. Les humains étaient réellement singuliers et également un peu effrayants. Avec un tel potentiel, qui sait quelle puissance l'humaine pourrait atteindre dans l’autre vie, que ce soit du coté Shinigami ou Hollow. À ce jour, j’étais convaincu qu’elle pouvait déjà rivaliser avec un grand nombre d’entités spirituelles et ce d’égal à égal. Et sa voix m’avait paru jeune, son corps devait donc l’être, or les humains ne cessaient jamais d’évoluer, d’où l’intérêt tout particulier que je leur portais. Qui sait ce que cette femme pourrait faire dans vingt ans. Qui sait ce qu’elle fera dans deux cents ans une fois passée de l’autre coté ? Toutefois il existait une inconnue dans ce problème. Le Temps.


Combien de temps lui était-il imparti sur ce monde ? Et dans l’autre ? Vivra t’elle assez longtemps pour exploiter son potentiel ? N’étant pas devin, je l’ignorais et je doute que quelqu’un ici ou ailleurs puisse me fournir une réponse pertinente. Mais même si je ne saurais discerner le futur de cette petite, au moins pouvais-je l’influencer de par mes actions et mes paroles. Je ne la tuerai pas. Elle pouvait devenir à la fois une menace, mais également une alliée, comment pouvais-je m’attribuer arbitrairement juge de sa destinée ? De plus mettre fin à ses jours signifiait perdre une source d’amusement. J’étais curieux de voir comment une si petite chose pouvait gagner en force et en puissance.
Le perpétuel cycle des faibles et des forts. Les puissants dominaient et écrasaient ceux incapables de se défendre, puis ces derniers excités par la soif de liberté, se mettaient en tête de prendre la place des forts. Certains y parvenaient et devenaient eux-mêmes les bourreaux, consciemment ou non. C’était sans fin. Je n’étais pas une exception, et cette jeune fille ne le sera certainement pas non plus.
C’est assis à ses cotés, la pipe au coin des lèvres, que je décida de devenir son bourreau. Pour la forcer à vouloir me surpasser et surtout pour lui donner les moyens d’y parvenir. Je jouais à un jeu dangereux bien entendu, c’était risqué et irrationnel. Mais je désirais la voir grandir, j’étais curieux, j’étais amusé et également…un peu inquiet ? Je ne pus m’empêcher de rire doucement. L’humain en moi n’était pas complètement mort et certains réflexes paternels avaient su perdurer.
J’avais mille raisons valables pour la tuer ici et maintenant. Je n’en avais qu’une seule pour la garder en vie. Et c’est cette dernière qui me décida. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Mais tant pis, j’avais le pouvoir de légitimer ma négligence parce que j’étais moi-même puissant. Et j’avais le choix, et rien ne m’importait plus que d’exercer mon libre arbitre comme je l’entendais. Je ne rendrais de compte à personne, ni à mes frères et sœurs, ni à Nagare, pas même à Dieu.


« Vous parlez beaucoup mais vous agissez peu. On pourrait croire à première vue que vous avez les moyens d’influer sur les choses et de réaliser vos volontés. Mais c’est faux n’est-ce pas ? Vous êtes si faible. Non pas que ce soit une mauvaise chose en soi, certaines personnes ne sont pas faites pour dominer car elles ont l’esprit trop sensible ou des scrupules à écraser ceux sur leur chemin. Ces gens là sont un bien nécessaire mais ne seront jamais des vainqueurs. Contrairement à vous, vous avez les capacités de gagner et à la manière dont vous m’avez envoyé paitre, j’émets quelques doutes sur vos capacités d’empathie. Et c’est en suivant cette idée que j’ajoute que vous êtes également lâche. »

J’avais posé mon chapeau de pailles à mes cotés presque s’en m’en rendre compte. Je voulais lui parler et qu’elle puisse voir mon visage. Mes traits n’étaient certes pas très expressifs mais ils avaient néanmoins cette capacité étonnante d’appuyer mes dires par des mimiques ou des tics que moi-même je ne remarquais plus.

« Vous êtes une trouillarde parce que vous fuyez. Vous avez cherché à me contourner, c’est significatif selon moi tout comme cette agressivité avec laquelle vous m’avez sommé de partir. Je peux cautionner à la faiblesse, mais pas à la lâcheté. Vous attendez peut-être qu’on vienne vous tenir la main pour vous pousser à agir ? Vous pensez peut-être que quelqu’un va venir un jour et vous protéger toute votre vie ? Vous êtes méprisable car vous avez les capacités de protéger ce à quoi vous tenez mais la peur vous étreint tellement que vous perdez toute résistance.
Je vous méprise vous et tout ce que vous représentez car à vous seule vous offensez tout ce en quoi je crois. »

La rancœur et la culpabilité avaient guidé mes derniers mots.


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Ageha Miyara
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeDim 9 Mai - 23:39

La méchanceté et la grossièreté sont des partis pris.
Accessibles à tout le monde, qui soulagent tout le
monde. La méchanceté et la grossièreté sont les
armes de la simplicité.

Coluche


– « … c’est facile de parler de lâcheté quand on possède le pouvoir. C’est autre chose quand on est faible. J’ai tenté de vous dire de partir, j’ai tenté de partir moi-même. Dans les deux cas, vous m’avez imposé votre volonté. Et me battre ? Je suis peut-être lâche, et faible, mais je ne suis pas folle. Je sais très bien que je ne fais pas le poids face à vous. Je préfère être une lâche en vie qu’une héroïne morte. »

Ageha consentit à prendre la parole au bout d’un moment. Assise le dos contre le mur, les bras autour de ses genoux et la tête enfouie dans le creux ainsi formé, elle n’avait pas levé les yeux sur Absalon. Elle l’avait senti se poser à ses côtés et bouger. Elle avait perçu l’odeur du tabac et entendu ses paroles, mais rien n’avait semblé avoir eu d’effet sur elle. Sa voix parvenait étouffée depuis cette position en fœtus.
– « Je n’attends absolument rien de vous, je voulais juste être tranquille et seule. Et je ne comprends pas ce que vous me voulez. Si cela vous défoule de m’insulter, allez-y. Je me contrefous de ce qu’un type mort depuis des années ou siècles pense de moi. Pour moi, tout ce que vous dites ou faites ne fait que confirmer que vous êtes un sale égoïste mal élevé. Quoi, c’est votre trip, de traquer les vivants et de les insulter ? Et vous voulez que j’ai de l’empathie pour vous ? Et vous alors, vous en avez pour moi ? Avant de venir critiquer la paille dans l’œil du voisin, contemplez plutôt la poutre qui est dans le vôtre… Bien sûr, dans votre cas, le proverbe est surfait… »
Elle jouait avec le feu, à se railler ouvertement de la physionomie de cette étrange créature. Plus il s’incrustait, plus elle sentait qu’il n’était pas Shinigami. Fumiko n’avait jamais évoqué d’autres clans, mais la Vizarde n’était pas l’honnêteté même. Etait-elle seulement digne de confiance ?
– « Méprisez-moi si cela vous chante. C’est gratuit. Surtout lorsque comme vous, on a un reiatsu monstrueux. Et si pour avoir la paix, je dois répondre à vos questions, sachez que je me m’exécute que parce que vous m’y avez forcée. Ce n’est pas par politesse ou envie de discuter avec vous. Je suis humaine, je suis morte, j’ai commencé à voir des choses et ces pouvoirs se sont mis à grandir récemment. Je suis incapable de me battre ou de faire quoi que ce soit d’intéressant. Donc maintenant que votre curiosité perverse est assouvie, vous pouvez partir. Avec votre tabac. Il pue et je déteste les gens qui fument. Je suis encore en vie, et je ne tiens pas à chopper un cancer du poumon moi. Mais ça encore, ce n’est pas quelque chose qui vous concerne. »

Elle reprenait du poil de la bête mais ne trouvait de défense que dans l’attaque. Puisqu’elle ne pouvait pas gagner sur le plan physique, elle prenait l’angle psychologique. La tentative précédente avait parfaitement démontrée que cet Absalon n’avait que très peu de contrôle sur lui-même. Avec un peu de chance, il partirait. Un peu moins et il la tuerait pour de bon. Dans tous les cas, le problème était réglé.
Aussi elle calculait minutieusement, pesant ses mots, à la recherche des failles dans la personnalité de son agresseur. L’impolitesse semblait le gêner. Intriguée par ce masque, Ageha lança quelques piques sur le sujet, puis relança sur le sujet de la mort et de la vie. Il fallait trouver là où ça faisait mal. Quitte à mourir, autant emporter avec elle la satisfaction qu’une simple mortelle avait été suffisamment pointue pour être une épine dans le pied de ce grossier personnage.

Elle releva la tête et le défia du regard, ce qui était difficile, étant donné son visage d'os. Elle ne comprenait pas pourquoi il prenait la peine de s'assoir et de continuer à parler, si ce n'était pour satisfaire une envie cruelle de faire du mal. Elle était à des miles d'imaginer que l'Arrancar pouvait avoir un réel intérêt pour elle, ou qu'il tentait d'aplanir le terrain. Cela était trop compliqué pour elle, qui était entière dans ses émotions. C'était ce qui dérangeait tellement ses camarades de classe quand elle était plus jeune et qu'elle n'arrivait pas trop à assumer ce côté de sa personnalité, quand elle n'en avait pas totalement conscience. Il émanait d'elle une aura de pureté. Elle aimait ou détestait. L'hypocrisie lui était détestable, et elle ne voyait pas l'intérêt de mentir.
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeDim 16 Mai - 1:17




Idiote.
C’est le premier mot auquel j’ai pensé une fois qu’elle eut fini son petit discours. Cette gamine était stupide, et mauvaise élève de surcroît. Sa réflexion s’était égarée et le raisonnement qu’elle soutenait était boiteux. Me serais-je trompé ? Était-elle une faible parmi tant d’autres ? Cette pensée avait de bizarre que le potentiel de l’humaine indiquait clairement qu’elle n’était pas une faiblarde. De plus elle parlait beaucoup et fermement, et cherchait également à m’imposer sa volonté. Ce qui n’était toutefois pas un gage de certitude bien entendu, mais ce genre de comportements se retrouvait souvent chez les gens puissants qui avaient les moyens de réaliser leurs ambitions. La voix de la jeune femme possédait également les inflexions d’une force intérieure brute et encore non maîtrisée. Je ne m’étais pas planté, c’est juste elle qui n’avait pas le courage de suivre le chemin qui lui était tracé.
Mais je m’étais promis à moi-même de l’éduquer, dusse t’elle m’en vouloir pour ça. Les raisons de cet engagement étaient toutefois, et même pour moi, trop obscures pour que je perde mon temps à les démêler. Elle me rappelait ma fille, ou du moins était-elle l’image de ce que mon enfant aurait pu être. Elle me rappelait aussi ma compagne, femme extraordinaire ne se laissant jamais démonter par l’adversité. Et puis tout bêtement, elle représentait l’avenir de l’Humanité qui pourrait être dans un futur proche la troisième force du monde spirituel. Le fait que les humains se mêlent des affaires des morts ne me troublait pas plus que cela. Après tout, les vivants n’avaient-ils pas accompli des choses extraordinaires sans aucune capacité propre en dehors de leur ingéniosité ? Ils étaient parvenus à aller sur la Lune, ils voyageaient dans l’espace ou pouvaient synthétiser la vie. Les humains étaient réellement prodigieux à leur façon : malgré leur faiblesse ils parvenaient toujours à surmonter l’infranchissable. Leur capacité d’évolution était bien plus élevée que n’importe quel Hollow ou n’importe quel Shinigami. Leur existence trop courte les obligeait à aller sans cesse de l’avant et de marcher sans s’arrêter. Alors que nous autres créatures de l’Outre Monde, avions l’éternité pour progresser.
Et chacun d’entre nous, Hollow ou Dieu de la mort, avions été humains auparavant. Et pourtant, pourtant cette ancienne vie n’avait aucune valeur car peu prennent le temps de s’asseoir et de songer à ce qu’ils étaient. Suis-je le seul à regretter ? J’aurais voulu être immortel ou figer le temps pour continuer de vivre en paix. Et cette femme avait cette chance là, de pouvoir changer les événements selon ses actions. De mon vivant, une telle capacité m’avait fait défaut. Je n’avais pu ni défendre ce que je chérissais, ni ma propre vie. Que cette humaine gâche ainsi sa chance par lâcheté m’était intolérable. Il y avait une part d’identification là dedans et je n’en avais pas honte. Après tout ma capacité d’empathie restait l’un des derniers vestiges de mon humanité.


Elle s’était tue. Depuis quelques secondes elle n’avait pas parlé aussi en arrivais-je à la conclusion que c’était à mon tour de prendre la parole. Sa verve enflammée ne m’avait pas particulièrement atteint. J’avais évacué la colère et j’étais serein, ce n’était donc pas quelques sarcasmes qui m’enrageraient. Ma patience était à ce stade où discuter avec une fille complètement obtus ne me gênait pas. Autant papoter avec un mur cela dit :

« Vous partez sur un postulat erroné qui est le suivant : la lâcheté permet de survivre quand l’héroïsme mène à la mort. C’est faux. Si j’ai pu vous clouer au sol à l’aide mon reiatsu, c’est parce que vous n’aviez pas le pouvoir d’opposer une force suffisante pour le contrer. En étant lâche, vous vous assurez la défaite puisque vous fuyez la victoire. Également, rien n’empêcherait votre adversaire de vous poursuivre afin de vous détruire. »

Ma voix claire et presque chantante résonnait dans le petit jardin. Mes mots étaient comme un sermon que seule la femme pouvait entendre.

« Là est le cœur du problème. Puisque je possède la puissance nécessaire de vous imposer ma volonté, et que je me sais doté d’une telle force, je peux faire de vous à peu près ce qui me chante. Et vous comptez me laisser faire ? Ne pas réagir tandis que je vous enfoncerai ma lame dans les boyaux ? Vous comptez rester inerte alors que je serais en train de vous massacrer, parce que vous avez peur ? Ils sont beaux vos principes. Vous avez beau me balancer tout votre mépris, cela ne changera rien comme vous l’avez dit vous-même. Vous pourriez mourir ici et maintenant et vos sarcasmes n’y changeraient rien.
Mais je ne le ferai pas. Je crois au libre arbitre. Votre mort ne m'apporterait rien car elle serait gratuite, et ce n'est pas à moi de juger de qui doit vivre ou mourir. Du moins pas dans ce contexte-là.»

La fumée dans ma bouche m’asséchait la langue et le palais. Parler tout en fumant n’était réellement pas pratique. Je pris une dernière bouffée avant d’expirer la fumée par les narines (un vieux corsaire m’avait appris à le faire et mon arrancarisation avait permis le retour de cette manie dégueulasse) et d’un geste lent je fis tomber les quelques restes de tabac dans l’herbe avant de ranger la pipe dans l’une de mes poches.
Puis je la dévisagea autant qu’il m’était possible de le faire. Un sourire malicieux se dessina sur mes lèvres. Un gamin espiègle aurait envié un tel sourire.


« Puisque vous m’y faites penser, voudriez voir mes yeux ? »


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Ageha Miyara
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeDim 11 Juil - 19:29

L'homme raisonnable s'adapte au monde ;
l'homme déraisonnable s'obstine à essayer
d'adapter le monde à lui-même.
Tout progrès dépend donc de l'homme déraisonnable.

George Bernard Shaw




– « Et encore une fois, c’est vous qui vous trompez complètement. Qui a dit que j’étais lâche ? Si j’avais été lâche, je me serais aplanie, je vous aurais répondu tout de suite, servile et misérable. Au contraire, j’ai défendu avec tout ce que j’avais mon droit à vivre ma vie tranquillement. Et il se trouve que ce j’ai actuellement ne fait pas du tout le poids face à … à … à vos pouvoirs à vous.
Ageha écumait toujours de rage, parce que cet « homme » se permettait de la juger et de lui donner des leçons, de morales ou de toute autre chose, alors que depuis le début, il s’abrogeait le privilège d’être dans son bon droit.
– « J’ai lutté, et j’ai perdu. Si j’avais eu plus pouvoir, je l’aurais utilisé. Mais je n’ai pas plus de pouvoir. A quoi bon me lamenter sur ce que je n’ai pas ? »

Et alors qu’elle prononçait ces mots, la jeune femme décida de laisser tomber. Bien sûr, elle continuait d’être sur la défensive, car après tout, elle ne connaissait rien de ce… comment déjà ? Absalon Ehlinger… Mais elle allait arrêter d’être en colère. Cela ne servait rien, si ce n’était à dresser cette étrange créature contre elle. Puisqu’il ne semblait pas agressif, elle n’allait pas non plus le provoquer. Et contrairement à ce qu’il disait, ce n’était pas de la lâcheté, que de calculer les risques, que de tout faire pour rester en vie. Et quand bien même ? A quoi bon l’honneur, quand tout ce qu’il reste de nous est un cadavre putride ?
Il ne pouvait pas… ou plus… comprendre. Il était mort depuis pas mal de temps, si elle devait en croire ce qu’il disait de lui-même… Sinon, il aurait été un peu plus réactif sur certains détails de leur conversation. Et il possédait tellement de pouvoir qu’il ne concevait plus ce que c’était d’être sans défense, bien que non sans volonté.

Ageha reprit la parole, mais d’un ton plus calme, plus posé, bien que nullement neutre. Les émotions latentes courraient sous les intonations contrôlées. Oui, elle était pleine de vie, et chacun de ses gestes, de ses mots le prouvaient. En vie et bien décidée à le rester.
– « Inerte… l’ai-je vraiment été ? Soyons clair : si vous aviez voulu me tuer, vous l’auriez fait. Mais vous avez tu votre reiatsu… Même une humaine comme ça peut comprendre ce que cela signifie. Vous ne vouliez pas me tuer, quelque soit la raison perverse qui a pu naitre dans votre esprit. Alors, pourquoi aurais-je tenté d’être plus violente encore, sachant que vous pouviez l’être plus que moi, et que ce comportement de ma part risquait justement de vous entraîner dans cette voie ? Mais comme je n’avais pas envie de vous parler – et croyez-moi, je ne suis pas sûre que cette envie ait changé – mais que je ne pouvais ni vous faire partir, ni partir moi-même, je vous ai enduré. Donc non, je n’aurais jamais été inerte, même si je n’aurais pas fait beaucoup pour me défendre. »
C’était peut-être – sûrement, très certainement, même – stupide de sa part, mais Ageha n’en démordrait pas. Elle n’avait pas été lâche ou pathétique. A vrai dire, avec le – peu de – recul, elle trouvait qu’elle s’en était sortie admirablement. Qu’importe si Absalon la croyait ou pas. Elle ne tentait même pas de le convaincre. Elle ne faisait qu’exposer ce qu’elle croyait, elle. Qu’importe si Absalon était d’accord ou pas. Ageha avait vécu et aurait mourru en accord avec ses principes, et c’était à peu près tout ce qui comptait.

– « C’est fou, vous parlez de libre-arbitre… Mais le libre-arbitre ne s’applique pas qu’à la mort ou la vie Je veux dire, il y a dix minutes, j’étais dans mon bain… Vous seriez venu me voir tout de même, ou vous auriez respecté ma vie ? Car la vie, ce n’est pas seulement l’action de respirer ou de pouvoir penser. La vie, c’est aussi la capacité à pouvoir faire des gestes anodins à sa guise. Un homme qui doit constamment demander la permission pour aller aux toilettes, une femme qui doit demander le droit de boire un verre d’eau… est-ce vraiment être en vie ? Dites-moi, est-ce qu’un jour je vais avoir le droit de sortir prendre l’air sans me faire agresser par un type mort ou une sorte de type mort ? Ou est-ce que je dois commencer à craindre pour ma vie quand je me lave ? Est-ce que vous respectez vraiment mon libre-arbitre ? »
C’était débile, de s’accrocher à ce point de détail… Mais c’était bien là tout le cœur du problème. Si Absalon s’était présenté autrement, plus neutre, avec moins de question… Ageha l’aurait-il rembarré de la même façon ? Alors qu’elle était en plein questionnement sur la population de l’autre-monde. Ou peut-être devrait-elle dire, outre-monde ? Non, elle avait déjà du mal à accepter qu’il existât un monde plein de dangers, monde dans lequel elle n’était qu’un insecte, monde qui la forçait à devoir changer de vie, à apprendre à se battre, pour nulle autre raison que de rester en vie, sans nulle autre bannière ou dieu que ce cœur qui battait, pour qu’en plus, elle eût à subir un monde sans éducation. Fumiko ne semblait pas totalement dépourvu de mœurs… Myoshi était un cas à part. Il aurait plus sa place dans le corps d’un chien ou d’un singe. La notion même de respect était à proscrire dans le cas de ce fou furieux. Il était gentil, mais dangereux. Trop peut-être, pour qu’Ageha fût vraiment à l’aise avec lui…


Cependant, elle soupira de soulagement presque malgré elle, alors qu’elle était plongée dans ses pensées, en sentant plus qu’elle ne le vit consciemment Absalon ranger sa pipe. C’était un comble ! Même dans ce monde-là, elle était ennuyée par la fumée des autres ? Y avait-il seulement un avantage à sa situation ? Un seul ? Un véritable fait qui rendait tout ce qu’elle endurait valable ?
– « Merci. » C’était idiot, comme réaction. C’était à lui de s’excuser, mais quelque chose lui disait que jamais il ne s’exécuterait. Et ce n’était pas parce que les autres étaient impolis qu’elle allait l’être. « Vos yeux? Je ne sais pas… Si c’est un truc gore ou une autre façon de déclencher votre rieastu, je m’en passe bien volontiers. Si ça va me mettre en danger ou me mettre sous votre contrôle ou autre, non merci. Mais j’avoue bien volontiers que vous êtes le premier de votre genre auquel… je parle… »

Elle s’était retenue juste à temps. Une seconde de plus et Ageha avouait ne jamais avoir vu d’Arrancars. Or, confesser un manque ou une faiblesse n’était sûrement pas la chose à faire en ce moment. Pas temps qu’elle ne saurait pas sur quels chemins elle marchait. Maudite soit Fumiko qui ne lui avait rien dit… Bon, c’était aussi la faute d’Ageha, qui était partie tout de suite après avoir complété son entrainement. Cependant après avoir trimé pendant 15 jours pour finalement arriver à taire son propre reiastu, voilà ce qui lui suffisait largement… pour le moment.
– « D’ailleurs… pouvez-vous me dire ce que vous êtes exactement ? »
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Absalon Ehlinger
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeJeu 19 Aoû - 3:34



Je portai la main à mon visage, ma volonté première étant de joindre le geste à la parole et d’ôter théâtralement le masque qui dissimulait mon regard…incisif. Mais tandis que mon index se glissait dans l’encoche du masque d’os, je fus pris d’une soudaine et brutale hésitation. Était-ce le bon choix ? La jeune femme ne connaissait rien à mon monde, elle l’avouait presque elle-même, et lui dévoiler prématurément les horreurs qui pourraient bien l’attendre ne ferait que la briser.
Ce n’était pas mon but.
Je n’étais pas encrassé de méchanceté au point de vouloir la rendre démente par simple lubie. Et je n’avais par ailleurs aucune affinité avec la folie, l’absence de raison était à mes yeux le pire état que pouvait subir un être conscient, et ce n’était pas moi qui pousserait sciemment quelqu’un à l’aliénation. C’était trop tôt. Elle n’était pas encore prête à accepter ma réalité et je n’avais pas à lui imposer. Malgré ce qu’elle pensait, je n’avais pas l’âme d’un despote et, vérité difficilement avouable, je regrettai que notre rencontre ait commencé sur d’aussi mauvaises bases. Gérer les conflits m’emmerdait plus que tout et en avoir générer un sans réellement le vouloir me faisait perdre quelque peu l’estime que j’avais de ma lucidité sur les rapports humains. Ma main retomba sur mes genoux telle une araignée foudroyée pendant qu’elle escaladait une paroi et les longs doigts semblables à des pattes se refermèrent en un poing crispé. Je secouai la tête, indécis sur la marche à suivre, après tout était-ce réellement à moi de jouer ce rôle de vieux professeur qui prend sous son aile la pauvre humaine vulnérable ? C’est d’un ringard.
Néanmoins mes actes futurs envers elle pouvaient très bien être déterminants pour sa survie. Les informations que je déciderai de partager avec elle ou non, les choses à faire ou à ne pas faire, toutes ces données influenceraient de façon plus que certaine sur ses capacités à résister à la rage et au chaos qui la menaçaient. Son futur, il m’était possible de le modeler et une telle responsabilité ne devrait jamais avoir à être confié aux mains d’un seul. Mais qu’en avais-je à faire au final, qu’elle vive ou qu’elle meurt ? Pour ce sentiment faussement paternel ? Sentiment des plus chimérique et fantasmé, sorte de volonté de pseudo-rachat par rapport au père médiocre que j’ai été, rien de plus. Rien ne me liait à elle, rien du tout, c’était une certitude et cette pulsion illusoire de la protéger aurait dû ne pas peser bien lourd dans la balance. Ce n’était pas raisonnable de m’attacher à elle, ce n’était pas logique et pourtant, j’éprouvais une affection grandissante pour elle, et davantage que sa colère gagnait en intensité, comme si sa fureur allait de paire avec sa vulnérabilité.
C’était ridicule. J’étais ridicule. Un tel attendrissement de ma part, Hollow de mon état et jusqu’à preuve du contraire, monstre affamé qui ne rêvait que de devenir bien plus fort pour écraser ses semblables, pour moi de tels épanchements affectifs étaient tout bonnement risibles.




Puis merde.
Risible ou non, ça n’avait pas d’importance.
Que j’ai l’air d’un idiot, ça n’avait aucune importance.
Je voulais qu’elle vive.
Alors elle vivrait.


« Vous avez raison. Sur tout. Je suis désolé. Désolé de m’être invité ainsi, sans crier gare, en amenant avec moi toute sorte d’angoisses qui ne peuvent que vous effrayer car vous n'y avez pas été préparée. Les morts devraient rester à leur place et ne pas importuner les vivants avec leurs soucis.
J’ai perdu toute perception d’être en vie depuis bien trop longtemps, la peur de la mort, la crainte du néant, toute ceci n’a plus vraiment court aujourd’hui et malgré mon expérience, il m’arrive parfois d’écarter trop rapidement cette réalité. »

Je m’affaissai en arrière tout en parlant et m’allongeai sur le dos, prenant mes aises et cachant mon trouble derrière cette apparente nonchalance. D’un geste, je rabattis mon chapeau sur mon visage, me cachant par la même des rayons brulants d’un soleil à son zénith.

« Vous apprendrez rapidement qu’il est bien dangereux de juger un individu sur ce qu’il est plutôt que sur ses actions. Certaines entités qui pourraient vous aborder dans l’avenir, et au vu de votre potentiel latent elles seront nombreuses, certaines pourraient vous paraître au premier abord généreuses et bienveillantes ou à l’inverse, dépourvues de tout scrupule. Mais ne soyez pas prompt à les juger trop hâtivement.
Le loup cache souvent son visage derrière le masque de l’agneau. »

Je m’entendais murmurer ses mots d’un ton calme et serein. Il ne s’agissait pas d’une vérité absolue, prophétique ou quoi que ce soit dans ce genre là, non il s’agissait de ma propre vérité, celle qui touchait intimement mon âme et qui à travers ces mots, me révélait au grand jour. La vérité c’est que je n’avais confiance qu’en peu de choses et que ma méfiance naturelle affectait bien des traits de ma personnalité.

« Je suis un Hollow, un mangeur d’âme. J’existe uniquement pour dévorer les esprits des humains morts, c’est de cette matière quasi-infinie que je tire une grande partie de ma force. Sachez toutefois qu’il existe un aspect que peu d’entités savent en dehors des Hollows eux-mêmes. C’est que nous avons faim.
En tout temps et en tout lieu.
Cette faim nous ronge à chaque minute de notre vie et nous pousse à agir comme des bêtes fauves, ce qui nous fait perdre toute humanité. À ce moment là, il ne demeure qu’une seule chose, un seul objectif qui nous guide à nous entredévorer les uns les autres : assouvir cette faim, s’en débarrasser. C’est comme une affreuse démangeaison qu’on essaie de faire disparaître, quitte à s’arracher la peau. »

Le vent soufflait autour de moi en un délicat murmure tandis que les brins d’herbe s’agitaient doucement. J’aurais voulu voir le ciel et ses énormes cumulus qui devaient très certainement flotter paresseusement au gré des courants aériens. J’aurais voulu voir le visage de cette femme assise à quelques mètres de là. J’étais resté trop longtemps dans le noir et même face au soleil, je ne pouvais distinguer la moindre lumière.
Mais elle, brillait comme au moins comme mille soleils.


« Je crois que vous en savez maintenant bien plus sur moi que moi sur vous. Cela vous suffit-il ou vous faut-il autre chose ? »

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Ageha Miyara
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MessageSujet: Re: Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs']   Prends garde à ce que tu souhaites [PV Abs'] Icon_minitimeMer 25 Aoû - 13:27

Dans l'abîme sans fond mon regard a plongé.
De l'atome au soleil j'ai tout interrogé.

Alphonse de Lamartine


– « Vous… vous êtes … vraiment mort?... Vous êtes vraiment… un Hollow ? »
La question était aussi stupide que spontanée et sincère. Ageha avait du mal à saisir comment un être, conscient et pensant qui plus est, pouvait mourir, puis « revenir à la vie », quelque fut la nature de cette vie, avec une mémoire et une sensibilité continue avec celles « d’avant ». Le concept de Hollow, d’âme déchue ou damnée… Oui, ça, elle pouvait concevoir. Les Shinigami, c’était déjà un peu trop… organisé comme système. Pourtant, elle adorait généralement l’ordre et l’harmonie. Mais ce que Fumiko avait pu lui lâcher comme informations sur le rukongai et Soul Society ne semblaient pas correspondre à l’image traditionnelle du Paradis ou même du purgatoire… C’était comme vivre encore une fois… Avec les mêmes douleurs, les mêmes erreurs… Le désir de puissance, la soif de possession, les inégalités entre riches et pauvres, faibles et forts…
Si en plus, on rajoutait la notion d’âmes damnées, qui perdaient tout, mais qui regagnaient tout… Notamment une conscience… Mais Absalon n’avait-il pas lui-même dit qu’il n’éprouvait plus rien ? Alors, comment tout cela était-il possible ?

La jeune femme avait compris une chose, lors de son entraînement. Elle devait accepter que cet Autre-monde fonctionnait avec des règles différentes de sa réalité. Ce qui pouvait être « impossible » le devenait naturellement. Pour autant, elle avait toujours cru que le Monde-Folie avait sa propre structure, une cohérence propre. Or, ce que cet étrange personnage venait de lui dire bouleversait totalement les principes qu’Ageha avait pris pour stables et posés.

– « Je… j’avais cru comprendre… » commença-t-elle en trébuchant sur les mots, « que les Hollows étaient… dangereux car… sans… réflexion… Or, vous ne ressemblez déjà pas à tous les Hollows que j’ai pu voir… et vous n’êtes justement pas aveuglé par votre faim… Je… ne comprends pas… » Il lui avait clairement dit que l’habit ne faisait pas le moine. Oui, elle était d’accord. Ce qu’elle avait vu depuis quelques années déjà, les rapports entre Shinigami et Hollows, avait été déjà dilué par les paroles de Fumiko. Les « hommes en noir » n’étaient des anges, purs et irréprochables. Au contraire, il était clair que certains étaient aussi, voire plus, pourris que les Hollows… qui après tout, ne semblaient que répondre aux appels de leur nature profonde. Si elle se méfait donc des Shinigami, elle n’avait pas pour autant changé d’avis sur les monstres qui hantaient les rues de ce Monde-Folie. C’était des fauves, des prédateurs sauvages. On ne devient pas ami, on n’apprivoise pas un fauve.

– « Je ne suis pas morte. Aussi, je n’ai jamais attiré vos semblables auparavant, même si j’avais un reitsu. Maintenant, j’ai l’impression que quelque chose a basculé dans ma vie. D’un coup, j’ai été « repérée »… ou « repérable »… je n’ai pas compris la différence, car je ne sais pas pourquoi ou comment c’est arrivé. C’est arrivé, c’est tout. Je viens juste d’apprendre à taire cette énergie… Et voilà que vous débarquez… que vous me dites que vous m’avez « vu »… Vous êtes à la fois un « méchant » mais aussi une des rares personnes à enfin de parler sans détour… Que dois-je en conclure ? Suis-je en sécurité avec vous ? Avec votre espèce ? A quoi dois-je m’attendre, maintenant ? »

Ageha s’était définitivement calmée. A partir du moment où Absalon s’était excusé – non qu’elle portât grand intérêt dans les mots intrinsèque, mais bien plus dans le fait qu’il avait revu sa position – la tension était tombée. Elle avait presque été déçue quand il ne retira pas son masque, mais les mots qui suivirent la glacèrent. Un Hollow ? Elle parlait avec un Hollow ? Pourtant… il n’avait pas tenté de la manger ! Elle se reprit en main, appliquant justement les consignes de l’Arrancar : ne pas juger sur la race, mais bien les fais. Il avait été indélicat, mais il voulait parler. Alors, ils parleraient. Et elle se méfierait. Mais ils parleraient, Hollow ou pas.

Il s’était allongé, et elle se réinstalla plus confortablement, rassemblant les pans de son kimono autour d’elle. Elle se resservir une nouvelle tasse de thé, bien que le liquide dans la théière soit tiède. Mais c’était mieux que rien. Ageha avait donc pris la parole, après un instant de réflexion sur tout ce qui venait de se passer et de se dire. Les mots, les questions, étaient sorties de façon un peu brouillonne de ses lèvres, signes qu’elle n’était pas encore totalement à l’aise, mais désireuse de savoir, et surtout, totalement perdue.
– « A vrai dire, j’aurais aimé ne pas avoir à comprendre. Ne pas avoir à apprendre. J’aurais voulu tout refusé, rendre mes pouvoirs et retourner à une vie normale. Mais puisque ce n’est pas possible… Alors… alors… » La japonaise s’arrêta. Elle n’allait pas dire qu’elle allait se défendre, Absalon lui ayant prouvé qu’elle n’en avait ni les capacités ni l’état d’esprit adéquat. « Je veux savoir ce qui va m’arriver… »
Oui… c’était déjà un bon début. Remonter à la surface, après avoir appris à nager. Faire le point. Et ensuite, prendre une direction et tenter d’atteindre un rivage…
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