Après le travail s'ensuit le repos [PV]

Suite à cette journée caniculaire passée sous un écroulement de feuilles qui jonchaient toute la surface de son bureau à ses quartiers, April fut illuminée par la soudaine envie de prendre l’air dans l’unique but de dégourdir ses membres qui furent contraints de rester immobiles durant plusieurs heures le temps que l’amas sur son mobilier qui représentait la majeure partie de son travail diminue tranquillement au fur et à mesure qu’elle parcourait le tas de dossiers et qu’elle en apposait son sceau en guise de consentement. Malgré toute sa volonté à se débarrasser de cette lourde tâche, son rythme ne lui permettait guère d’en avoir terminé pour ce soir et elle savait pertinemment que les monceaux augmentaient à chaque visite dans la pièce. On lui apportait davantage de chemises sans se préoccuper de son pauvre état et il advint inéluctablement qu’elle se laisse choir sur ce qui représentait désormais pour elle un magnifique lit fait de papiers. Le désordre n’en fut qu’accentué dès sa tête reposée contre la surface de son bureau. Et c’était suite à cette grosse déprime qu’elle fut attirée par la toute nouvelle brise qui soufflait par l’interstice de sa fenêtre à moitié ouverte dont la fraicheur ne fit qu’allécher la Taisho et la faire abandonner pour de bon. Elle sortit donc de son bureau sous quelques regards désapprobateurs de ses collègues en se promettant qu’elle reportera le travail au lendemain. En vérité, elle n’en avait nullement le gout et souhaitait en posant son tout premier pas à l’extérieur qu’elle s’y perde définitivement et qu’elle ne retrouve son chemin qu’après une semaine de congé inopiné.

En bref cette promenade représentait l’unique exercice de sa journée et elle en était que rayonnante à l’idée de faire autre chose que muscler ses doigts à retranscrire une signature qu’elle savait désormais presque faire des deux mains. Et si ses mains étaient engourdies tant la tâche avait été exigeante, le reste de son corps souffrait autant pour la sédentarité qui leur fut imposée. Ses jambes se dépliaient avec difficulté et il n’aurait pas été surprenant d’y entendre des grincements tellement ses membres n’étaient que peu entretenus. Si elle mourrait un jour, il n’y avait que son poste à blâmer qui l’intimait d’hiberner dans son bureau au point d’en perdre toute énergie physique. Maintenant, cette marche représentait le seul moment où elle pouvait décompresser et respirer le bon air frais sans qu’un relent de vieux papiers jaunes ne vienne l’asphyxier dans sa pièce exigüe. Une totale liberté et un magnifique soleil aux rayons orangés zébrant l’azur d’un ciel décoloré dans un dégradé de couleurs surmontait tout le Rukongai, raison pour laquelle les rues débordaient d’une foule massive qui vaquait à leurs occupations tout en profitant de cette température clémente. Plus rien en fait ne pouvais brimer la nouvelle humeur de la Capitaine qui se laissa guider par son instinct dans ce dédale de rues sans aucun objectif en tête. Et bien que la promenade fût agréable, elle commença à regretter la tranquillité de son bureau au point de vouloir faire demi-tour et de retourner s’isoler dans sa pièce. Mais une meilleure idée lui vint et c’est en bifurquant dans une rue précise qu’elle partie à la recherche du calme et de la solitude.

April finit par apparaître après avoir traversée une haie qui délimitait un périmètre afin d’empêcher quiconque de saccager l’endroit. Le petit étang était bien là et mis à part quelques personnes qui s’étaient recueillies en ce lieu calme, on ne pouvait distinguer aucun fauteur de trouble et c’est bien ce qui tira à la Capitaine un sourire satisfait. Sur la surface de la nappe d’eau se trouvait quelques canards qui louvoyaient entre les nombreux nénufars tandis qu’on pouvait entendre des cris appartenant à d’autres espèces qui semblaient quant à eux cachés aux yeux du public. Des cerisiers surplombaient l’endroit, décorant de leurs fleurs rosées tout le sol qui était recouvert par ce tapis de pétales, rendant la scène encore plus magique. Que ce soit par terre ou dans le ciel, la magnifique couleur propre à ces arbres rosacés éblouissait. L’endroit était particulièrement magique et même si le décor pouvait en faire rêver plus d’un, April était surtout ici pour se recueillir et se laisser aller à ses songes sans qu’aucun vacarme ne puisse l’interrompre. C’était donc assise sur le sol près de l’étang qu’elle ferma les yeux, bercée par le silence complet qui surplombait l’endroit…