La voix de l'Orgueil [Kaorihime]

Je craignais ne plus rien trouver en ces lieux si ce n'est un vide intersidéral qui m'en dirait tant. Nous etions l'Espada, dotée d'une conscience et d'une force que beaucoup jalousait. Je ne me considérais non comme chanceux, mais opportuniste, ayant sû trouver avec facilité la puissance. Mais l'ennui au sein de Las Noches me démontra combien il était futile d'enfouir en nous une telle force sans en faire usage, et ce, à bon escient. Si je devais expliquer ce que vallait mon infortune en cet instant, je ne donnerai pas cher de moi. En tant que représentant de l'Orgueil, je n'étais pas fier de devoir chercher à détruire ce qui m'entourait, en me déplaçant de moi-même. Il était coutume chez l'ennemi de venir à moi comme si j'étais l'aimant à emmerde.
Cette fois-ci, la situation s'était quelque peu retournée contre moi, m'impliquant dans de nouvelles aventures qui, je devais bien l'admettre, m'intéressaient plus que mon unique loisir étant celui de me moquer des femmes environnantes. Las Noches ne comportait pas non plus d'innombrables lumières, ce en quoi je m'amusais alors à les tester avant de me rendre compte que ca n'en valait vraiment pas la peine. L'espada pouvait bien avoir un code de conduite raflant les négatifs, j'avais pour ma part un amour propre bien à moi que nulle personne m'ôterait. Ne soyez donc pas étonnés de voir un membre de l'Elite du Hueco Mundo chercher à se sapper tel un paon de fortune.

Toujours est-il qu'à l'heure actuelle, je portai l'habit habituel et identique à l'Espada, blanc de toute part, recouvrant mon hierro devenu impénétrable. Je n'appréciais pas foncièrement d'être étiqueté au même rang que les autres. Porter le même habit qu'eux me rendait forcément banal, moi.. Le plus fier de tous. Le plus arrogant de tous. Ce qui contrastait avec ce trait de caractère résidait dans mon je m'en foutisme accru, me privant de changer de vêtement au final parce que mon ego avait beau être piqué, j'en demeurai pas moins Espada.. le Second même.

Il allait à pied, d'un pas serein et régulier. L'après-midi était bien avancé, une bonne partie des magasins avait déjà fermés ses portes, les ruelles devenaient bondées suite aux débauches de travail, chacun devant rejoindre leur foyez. Il apercevait un bon nombre d'hommes et de femmes d'affaires, ainsi que de quelques enfants toujours accompagnés de leur ravissante maman. En dépit de la chaleur, l'homme portait un manteau noir en cuir jeté sur ses épaules, d'un hakama blanc et souple ainsi que des lunettes de soleil sur le nez. Il attirait l'attention..non celle des humains dont l'incapacité à le voir dépendait du reaitsu de chaque être. Il s'agissait bel et bien de shinigami qui, à n'en point douter, ramèneraient leur fraise d'ici la minute qui suivrait.

Il s'arrêta devant un bar et resta planté là quelques minutes, à écouter le brouhaha des conversations. L'intérieur était noir de monde, parmi tant d'autres, renseignant l'inconnu invisible sur le potentiel nombre de victimes à commettre au sein du centre ville de Karakura. Cependant, l'homme n'entra pas et entraîna ses pas plus loin, vers le bas de la rue, où flottait une signature spirituelle bien plus conséquente que celle d'un mortel. Il s'agissait bel et bien d'un shinigami tout vêtu de noir. Il devait être question d'un de ces shinigami remplaçants protégeant la ville tout en connaissant les risques qu'incombait leur tâche. Car si ce dernier avait la puissance d'une fraccion d'un niveau ridicule, le destin allait sceller leur vie à tous deux, et les départager.
Le Shinigami en question leva la tête de son portable pour toiser le brun. Celui-là même n'avait pas ôté son manteau et se tenait à une dizaine de mètre de lui ; raide, figé, il ne disait mot. Quand il dérangea son vêtement noir, son adversaire, désormais sur le qui vive, remarqua le Zanpakutoh suspendu à sa ceinture dans son dos. Qu'il eût une arme n'avait en soi rien d'étonnant, cependant personne n'en possédait une en plus d'un reaitsu aussi écrasant que le sien. Le Shinigami était tiraillé entre deux possibilités d'actions ; soit l'affronter avec toute la force dont il était capable, ou inversement, fuir afin de prévenir la Soul Society de l'intrusion d'un homme isolé aussi calme qu'une mer plate. Nonobstant les circonstances lui dictant de fuir plus que de le combattre, futile et vaine serait l'idée si ce dernier se faisait rattraper en moins de deux micro secondes sous le jeu impressionnant du sonido du mystérieux inconnu.

Aucune lueur d'espoir ne vint éclairer l'esprit malmené et embrumé de cet homme lorsqu'une douleur indicibles'insinua dans son coeur. Le regard ahuri, il baissa du chef avec une lenteur calculée afin de se rendre compte qu'un trou trônait au beau milieu de son buste. Il glissa une dernière fois son regard vide sur la silhouette sombre au devant de lui qui n'avait point bougée, et tomba à genoux avant de chuter telle une pierre sur le sol, inerte et définitivement mort. L'inconnu du nom de Gabriel attendait alors que les renforts arrivent...souhaitant faire payer l'affront des Capitaines lorsque ces derniers avaient combattus l'Espada il y a peu de temps encore.

Le portail inter-dimensionnel s’ouvrit largement pour laisser passer la silhouette fluette de la Capitaine qui venait tout juste d’emprunter le Dangai, envoyée dans l’unique but d’aller superviser un Shinigami précédemment envoyé en mission de reconnaissance. Guère satisfaite de cette pitoyable tâche à laquelle elle fut assignée, elle était restée de marbre et avait écouté sans broncher les ordres que le commandant lui avait intimé pour finalement partir sur le monde terrestre par l’intermédiaire d’un portail avec en tête les coordonnées exactes de l’emplacement de son compère qui devait probablement l’attendre à cette heure. Sans se presser malgré le délai fixé à devoir rejoindre le point de rencontre, April se permit d’observer l’environnement enténébré par le ciel sombre dans lequel elle venait tout juste de débarquer sans le moindre intérêt notable affiché sur son expression impassible. La nuit englobait la totalité de la ville tandis que la lune et ses quelques amis les astres projetaient harmonieusement quelques éclats immaculés qui striaient magnifiquement l’obscurité, alors que le climat semblait être en accord parfait avec l’ambiance sereine de l’endroit à peine peuplé par quelques voyageurs nocturnes qui profitaient avec raison de la protection conférée par la voute céleste alors que l’air qu’humait ces bonnes gens semblait frais et bienfaisant. L’union du calme et de la tranquillité pouvait transformer n’importe quel lieu dangereux en un temple idéal pour se recueillir. Elle qui avait un certain faible pour cette ambiance, elle ne put résister à cet appel que la nature lui murmurait implicitement et se laissa emporter graduellement par la beauté de cet univers au point d’en perdre quelques minutes, debout en plein cœur d’une place publique. Et tandis qu’elle allait entrer en transe, une voix posée fit écho dans son esprit :
— April. N’oublie pas ta tâche.
Non, elle ne l’avait certes pas oublié. Elle qui privilégiait toujours la réussite de ses missions, qu’importe le moyen qu’elle adoptait, il était évident qu’elle n’avait pas omis délibérément la raison de sa présence en ce lieu. Il lui advenait parfois qu’elle se laisse charmer ainsi par une ambiance aussi alléchante mais fort heureusement qu’elle avait son compagnon éternel qui s’exécutait activement lorsqu’il sentait l’esprit de son alter-ego défaillir vers les songes profonds. Sur Terre, on appelait ce vice : être sur la lune. Faisant ménage de toutes ses pensées et ses désirs de vouloir rester ici, elle entama sa marche en toute quiétude vers le lieu de rendez-vous où cinq minutes de retard allaient probablement être la cause d’une admonestation de la part de son subalterne. Bien qu’elle ne soit à la tête de sa division que depuis peu de temps déjà, elle avait faite en sorte de connaitre quelques Shinigamis, en principe ceux qui étaient désireux de faire fi de son physique pour mieux comprendre les décisions du Commandant à la nommer à ce poste. Fort heureusement, malgré quelques têtus qui bougonnaient de se voir attribuer une gamine comme Capitaine, elle avait eu la chance de faire la connaissance de Yosuke, celui-là même qui avait comme mission d’agir comme éclaireur sur Karakura après qu’on ait rapporté une présence suspecte contenant un Reiatsu sidérant. Bien entendu, si on avait demandé l’aide de la Capitaine rapidement, ce devait être parce qu’il avait rencontré des complications lors de l’exécution de sa mission. À ce moment, aucun doute quant à la sécurité de son comparse ne vint effleurer son esprit…

Plus April approchait du lieu de rendez-vous, plus ses réflexions s’obscurcissaient au point d’appréhender une quelconque présence non-désirée à l’endroit fixé par la Soul Society. Aucun Reitatsu ne pouvait être ressenti présentement, mais l’atmosphère qui autrefois s’était montrée des plus apaisantes semblait s’alourdir à chacun de ses pas qui la menait incontestablement vers la source d’autant de craintes. Il y avait une seconde présence en ces lieux, elle en était tellement persuadée qu’elle semblait la percevoir à travers le béton qui érigeait solidement les tours résidentielles de Karakura et qui entravait la vision de la Shinigami, incapable de percer au travers malgré cette sensation bizarre qui grandissait dangereusement en elle, et les silhouettes qu’elle croyait se profiler devant elle alors que c’était loin d’être le cas. Pour une première sortie avec en titre Capitaine de la Cinquième Division, il était évident qu’elle préférait prôner la prudence à toute autre attitude pouvant la mener vers la bêtise et la défaite. Et s’il n’y avait que Yosuke qui l’attendait là-bas, à quelques intersections plus loin, alors elle se serait fait un sang d’encre pour rien, mais rien de très désastreux pour sa réputation.
— Mieux vaut prévenir que guérir, April.
— Qu’en penses-tu, Ten’I ? Crois-tu qu’il est mieux que je ne me montre pas ouvertement ? J’ai du mal à comprendre les avertissements de mon instinct et pourtant je suis persuadée que tout dans mon esprit n’est pas simplement erroné…
— Je ne sais pas April…
La voix ovni se tut immédiatement, bloquant le lien qui permettait d’établir une communication entre son trancheur d’âme et elle. Ten’I semblait l’avoir délibérément fait, signe qu’il avait finalement perçu les effluves spirituelles qui n’appartenaient pas à Yosuke. Il était clair que du à sa quantité incommensurable, cela ne pouvait pas être propre à ce simple Shinigami sans renom. C’était donc sur ses gardes qu’April s’avança, la main posée sur son nodachi en vue de le dégainer à la moindre surprise. Il ne lui suffisait que de traverser la rue pour trouver la silhouette dun étranger qui importunait absolument toute l’atmosphère en arborant volontairement sa puissante énergie sur ces lieux. Il était clair qu’il attendait la venue de la Capitaine qui ne se risqua pas d’un pas en trop, préférant jeter un rapide coup d’œil au centre de la grande place pour constater qu’un corps jonchait le sol, inerte. Même si le cadavre était enveloppé par les ténèbres, il ne fallait pas être un expert pour deviner à qui il appartenait et ce fut sans attardement qu’elle dévia son regard du défunt, observant celui qui était au loin, dans la pénombre. Cela lui compliquait bien sûr l’examen visuel qu'elle tentait d'établir malgré la distance et de ce qu’elle pouvait en constater, il ne s’agissait pas d’un Shinigami.
— Quel malheureux hasard de tomber sur un homme sans raison apparente pour se trouver sur ces lieux, avec à ses pieds le cadavre d’un de mes subalternes. Alors à moins que mon verdict ne soit que complètement erroné, ce dont je doute en toute honnêteté, je dirais que vous avez un lien avec sa mort, ou du moins que vous en avez été témoin. Si je ne m’abuse, bien entendu, il serait regrettable de laisser filer un homme qui possèderait une quelconque information sur le regrettable décès de mon comparse. Qu’en pensez-vous ?
— Tu joues avec le feu, April-chan… murmura alors la voix dans son esprit qui venait de rebâtir les ponts dans la simple intention de l’admonester comme à chaque fois.
La Capitaine s’était laissée influencer par ses vertus qu’elle chérissait tant. Loin de donner raison à la onzième division qui n’avait qu’une idée en tête, celle de démolir tout ce qui pourrait être leur cible, elle avait opté pour une approche pacifique et n’avait pas cherché à cacher ses soupçons. Jamais, au grand jamais, elle n’allait entamer un combat sans poser des questions et même si la prudence était de mise dans cette conversation qui risquait ne pas être réellement révélatrice, elle avait osé quelques pas en direction de l’ombre dressée dans toute sa hauteur, respectant un bon trois mètres de distance afin de parer une éventuelle offensive. L’énergie était impressionnante, mais la sienne l’était d’autant plus même si elle se réserva le droit de ne pas l’exposer, du moins pas pour l’instant. Son regard de jais toisa les deux pupilles qui faisaient offices de phare dans la pénombre dans lequel il était engouffré. Coite, elle attendit patiemment la réponse de cet individu qui, de toute évidence, était un suspect et une menace…

L'Etranger conserva son calme et son stoïcisme avec une aisance à faire froid dans le dos. Là, ancré à même le sol tout en retenant dans sa main sa canne blanche, il prêtait son oreille au chant des oiseaux non loin du terrain qui, dans l'heure à venir, allait être malmené sous les nombreuses tentatives d'attaques de deux adversaires bientôt réunis. Il savait pertinemment qu'en touchant une faible cible, une plus forte rappliquerait, tôt ou tard, dans l'idée de la secourir. Seulement le problème était un poil plus corsé car effectivement, si le shinigami salvateur comptait préserver de la mort ce qui jonchait à ses pieds, alors ses espérances se verraient chuter de bien haut, constatant avec horreur l'infortune du shinigami remplaçant. Toujours est-il qu'en attendant l'intervention du prochain individu dont l'idée serait probablement d'éradiquer le membre Elite de l'Espada de la surface de la terre, il existait en cet instant pour s'adonner au calme olympien environnant. Appréciant avec justesse cette délicieuse attente où tout humain à la condition d'arthropode tournoyait autour de lui sans reconnaître sa signature spirituelle, ce dernier offrit son visage au ciel limpide, bientôt agrementé de couleurs chaleureuses lorsque le Soleil daignerait se coucher pour laisser place à son exact opposé. Suite à cela, sa main attrapa l'une des deux branches de ses lunettes pour les ôter du nez quand une voix mélodieuse et fureteuse s'insinua dans son esprit où la quiétude reposait bien sagement. Hésitant, il ne chercha pas à continuer son geste et glissa son regard voilé sur la silhouette féminine à quelques pas de lui. De marbre, il s'imprégna de ses dires telle une éponge et s'offrit le droit de l'examiner d'un oeil analytique avant d'essorer le tout. Car il ne manquait pas de verve, la demonstration n'allant bientôt plus tarder suite à son expértise visuelle. S'il retirait ses lunettes, qui sait ce qui allait en sortir.. Un trou de hollow ? Un cero rouge à la Cyclope..? Préférant ne point s'attarder sur les effets de ses propres gestes, c'est en avançant de deux pas tout en tâtant le sol de son batonnet qu'il perturba les appréciations qu'avait dû se faire la jeune femme dans l'idée simple et bête de ne point tomber dans les griffes de l'illustre inconnu lui faisant face.

Seulement.. seulement tout stratagème voué à le faire choir se solderait en échec. Il usa bien rapidement de son pesquis afin de se renseigner sur ce potentiel combattant aux courbes ravissantes et à la chute de rein vertigineuse. Il avait l'oeil pour ça. Pour tout potage, Gabriel s'évertua à lui répondre dans le même ton afin de l'accompagner dans le timbre élégant qu'elle venait d'employer à son encontre :

- Et qui vous dit que je pense ou sais penser en présence d'une demoiselle dinstinguée vêtue d'un Haori rappelant une légère appartenance au capitanat.. En fait, n'avez vous pas de suite saisi la raison pour laquelle vous êtes ici, à contempler la mort sans se soucier au préalable des modalités ? Il se peut que cet homme ci, désignant alors du doigt l'un des mortels méditant sur le déroulement de sa soirée, ait un lien avec celui ci même gisant à nos pieds. Peut-être que, pas plus tard qu'hier, une vive discussion les animait sans que je n'ai été en liaison direct ou indirect avec eux pour la simple et bonne raison qu'aucun n'attise mon intérêt. Il est fort possible que j'eus été témoin de ce meurtre sans qu'on puisse toutefois le démontrer. Aurai-je un rapport avec tout ceci.. ? Probablement.. Pouvez vous le prouver ? Non. Et si j'étais ledit coupable, que feriez vous si dans les secondes à suivre, vous perdiez la vie parce que le tueur se trouve être bien plus puissant que vous. Y avez-vous songé seulement ?

Son visage déclina en un salut funeste tandis qu'il empoigna le haut de sa canne non pas tel un aveugle mais en parfait escrimeur, avant de sortir délicatement la lame de son fourreau. Il s'avéra que cette dernière siffla dans sa libération, appréciant la sensation du souffle viernal sur sa texture metallique. La mélopée obsédante, à tessiture étroite, fit vibrer le Zanpakutoh de Gabriel, s'étonnant lui-même du désavantage de ce chant inquiétant qui avait l'effet de déconcentrer la victime voire même le détenteur de l'arme. Engager le combat en ces lieux ne semblait pas le déranger, pas plus que le Capitaine curieux. Deux secondes plus tard, son enveloppe charnelle disparut sous le champs visuel de son adversaire qu'il savait d'un niveau relativement haut pour avoir voulu engager le combat avec elle. Il fut invisible pendant une durée d'une petite seconde qui parut plus longue que courte, avant d'apparaitre à son côté, amorçant le compte à rebours. Gabriel.. entama un arc en biais dans l'idée de la découper en deux, tandis qu'il releva la jambe pour écraser du pied le genoux de son ennemie. Aucun sourire ne vint se dessiner sur son visage inflexible, s'abstenant de tout commentaire sur les geste qu'il choisissait pour la blesser si ce n'est qu'un :

- Trop lente.

L’intrus qui sans aucun doute était aussi son ennemi se dressait d’une manière hautain que la jeune Capitaine reconnut puisque son attitude se rapprochait de la sienne, mis à part qu’il semblait plus imposant grâce à sa taille qui lui conférait un peu plus de crédibilité. En dépit de ce léger détail, il était calme, mais une froideur inhabituelle pointillait chacun de ses mots dans une tonalité déjà fortement indifférente malgré qu’élégante, timbre qui d’ailleurs ne fut guère apprécié d’April malgré les mots choisis exactement dans l’unique but de garder une politesse égale à la sienne bien en vue, même si la jeune fille devinait parfaitement la menace évidente dans son dialogue. Le reiatsu qui se liait à lui et qui provoquait une pression constante sur les épaules fragiles de la gamine lui était bien propre et elle commençait légèrement à regretter d’avoir osé entamer une conversation tout en s’étant esquivée des ténèbres afin d’être discernable. Elle s’était exposée délibérément au danger sans douter que ce danger en était un, tout cela en feignant ne pas se préoccuper de son instinct qui lui avait clairement signalé les risques d’une telle présentation. Vulnérable et à portée de toute attaque, elle avait beau garder un peu d’assurance grâce à une main constamment posée sur la garde de son arme, il n’en restait pas moins qu’elle se sentait sans protection et qu’une éventuelle attaque de la part de son rival ne pourrait être que partiellement parée si l’on supposait qu’il y déploierait toute sa volonté.

En faisant fi de sa tonalité, la Capitaine écouta les paroles de son interlocuteur, prenant bien soin de ne pas baisser sa garde par inadvertance. Ses propos étaient justes mais le raisonnement qui s’était déroulé à toute vitesse dans son crâne ne pouvait être que véridique et c’était pourquoi elle avait volontairement omis les éventuelles autres possibilités, nombreuses mais tous inutiles, qui ne lui auraient au final que fait perdre son temps. On ne retrouvait pas à chaque jour un homme s’attardant sur la dépouille avec autant d’assurance qu’il en avait, c’en était clair, et avec ce détail seul il en convenait qu’on tirait des concluions hâtives mais loin d’être erronées. Et si elle avait pu placer une parole afin de le faire cesser dans ses conjectures, elle ne fit rien de cela, jugeant inutile de s’attarder sur des détails qui probablement n’étaient là que pour la déconcentrer à lui en faire oublier sa prudence. S’il croyait que le dialogue allait lui permettre de causer sa toute première erreur tandis que le combat – désormais inévitable – n’était pas encore entamé, alors il la mésestimait comme tous les autres adversaires qui avaient mordus la poussière aussi vite qu’ils avaient analysé ses capacités. Sur ces pensées, elle fut irréfutablement plus confiante tandis qu’elle se préparait, sa vigilance frôlant son réel summum.

Même si les traits de la jeune April se durcirent suite à son raisonnement, on remarqua bien vite le changement rapide qui exprima sans cachoterie la surprise qu’elle ressentit lorsque cet homme, qui une seconde plus tôt respectait la distance qu’elle lui avait imposé, se dressait à ses côtés alors qu’elle ne l’avait vu poser le pied aux devants pour entamer sa course. La téléportation fut brève et rapide et les réflexes normalement aiguisés de la Capitaine n’eurent le temps d’esquiver totalement l’offensive de l’homme mis à part une chance inconnue qui lui permit de tirer son Zanpakuto à temps afin d’arrêter la trajectoire exercée par le bras habile de son ennemi dont sa propre lame lui aurait bien fait plus qu’une simple entaille au niveau du torse. Malheureusement, cette vivacité d’esprit n’eut guère le temps de gérer la seconde attaque, cette fois-ci loin d’être mortelle, qui déstabilisa à coup sûr la jeune fille en lui faisant perdre le contrôle de son arme, ce qui sans doute enleva la pression exercée sur ce qui avait semblé auparavant une canne inoffensive, la blessant à la joue. Même si l’estafilade, contrairement à ce qui aurait pu se produire si par malheur cet homme avait réussi son coup sans rien pour le gêner, était insignifiante, elle faisait tout de même mal alors qu’une trainée de sang le long de sa joue ne fit que confirmer la profondeur de la plaie. D’un rapide bond, April prit ses distances le temps de se remettre de ce premier assaut qu’elle avait vu venir, mais qu’elle n’avait pu parer avec totale efficacité.
ø Il est trop tard, April, pour courir, du moins pour l’instant. Je te conseillerais de le blesser un peu afin de te faciliter la fuite, si en retour tu n’es pas trop amochée. Dès que tu as une ouverture et que tu es persuadée de le semer, fuis… La Soul Society enverra une meilleure patrouille la prochaine fois. Il n’est pas nécessaire de risquer ta vie dans ce combat.
ø J’ai compris, murmura-t-elle alors que sa voix s’éteignait dans la brise avant qu’elle ne soit perçue par les oreilles de l’importun. Ne perdons donc pas de temps, il me tarde de quitter ces lieux au plus vite. Nakunaru, Ten'I.
Ses doigts caressèrent la partie effilée de son trancheur d’arme au même instant qu’elle psalmodiait les paroles, permettant de libérer sa première forme. Tandis qu’une lumière éclatante reflétait contre la lame, celle-ci finit par s’effacer complètement après une brève seconde d’attente, donnant l’impression à quiconque observant la jeune fille que ses deux mains se refermaient dans le vide total. Mais c’était faux, son nodachi se trouvait toujours en sécurité dans ses poignes. Le pouvoir passif qui s’activait dès l’incantation exprimée permettait ainsi de semer le doute et la confusion chez ses adversaires sur la réelle forme du sabre en mode Shikai, de sa longueur, sa largeur, et compliquait ainsi l’esquive et la parade. Cela donnait plus de chances pour April de faire mouche ce qui inévitablement lui donnerait sûrement une opportunité pour s’esquiver rapidement en vue de se retrouver dans le réconfort de la Soul Society. Pour une mission qui s’était voulue une simple patrouille, elle en était loin du compte et jura se faire entendre auprès du Commandant si elle revenait saine et sauve de ce périple. La mort d’un de ses subalternes n’était pas tolérable et même s’il n’était pas de sa nature de chercher les crosses, il n’en restait pas moins qu’elle fit exceptionnellement fi de ses vertus pour cette occasion spéciale et se promit de veiller à sa vengeance.
ø J’espère que vous prenez conscience qu’en ayant posé la main sur un Shinigami, vous déclarez la guerre avec la Soul Society. Or, j’espère pour vous que vous êtes suffisamment puissant pour vous dresser avec autant d’assurance lorsque vous devrez supporter le courroux du Gotei 13. Il me tarde de vous voir trembler devant sa puissance, comme ce malheureux – elle pointa d’un signe de tête le cadavre – a tremblé devant vous…
Puis sans attendre, April puisa dans ses réserves d’énergie afin d’exécuter un Shunpo dans les règles de l’art du déplacement, dévorant la nouvelle distance qu’elle avait exigée peu de temps après avoir subit l’assaut afin de libérer son arme désormais invisible. Agrippant le manche à deux mains, elle commença à exécuter de nombreux mouvements en vue de trancher cet homme à différents endroits tandis qu’elle se mouvait toujours, attaquant sur différents angles afin de mettre toutes ses chances de son côté en vue de le blesser. Profitant d’une célérité à son maximum, il lui arriva pendant son enchainement d’user d’un ou deux Shunpo dans l’unique intention de le frapper dans le dos, puis de revenir vers l’avant. Après plusieurs secondes où seules les étincelles provoquées par le croisement des deux lames pleuvaient sous le concert de sons métalliques générés par les parades, la vigueur des coups s’éteignait graduellement. Elle commençait à perdre de l’ardeur et jugea important de reculer afin de marquer une pause. Manier l’épée de la sorte demandait beaucoup d’énergie mais cette phase qui semblait dénoter une impulsivité peu réfléchie était présente seulement pour jauger les capacités de son adversaire. Maintenant qu’elle l’avait vu à l’oeuvre, elle pouvait passer au sérieux…

Elle venait de parer le coup porté à sa droite, tandis que l'opportun, au visage impénétrable, plaça à l'horizontale Torcudéra. Les secondes qui suivirent lui parurent élégamment longues. Le fin filet de sang dégoulinant sur la terminaison du tranchant de la lame s'effila goutte à goutte, par intervalle régulier tandis que le manieur, d'un sérieux inébranlable et d'une impassibilité implacable, attendait. Quand soudain, elle enclencha le processus du Shikai dont il avait longuement entendu parlé lors d'entretiens avec les Espada qui maintenant, semblaient s'enliser dans la rupture et l'isolement, ce qui laissait un âpre goût de dépit dans la bouche du Segunda Espada. Il ne fit aucun geste, attachant une certaine attention aux conséquences qu'offrait le débouchement d'une pareille libération. Qu'en serait-il du Bankai ? C'était une affaire à suivre, et il était souffrant de patienter de la sorte.

Ses lunettes le protégeaient si peu d'une pareille luminescence aveuglante. Mais discerner l'objet ou l'action d'une totale et complète invisibilité n'arrêterait surement pas l'étranger imperturbable. Heureusement pour lui qu'il ne parvenait à percevoir la fine liqueur pourpre tarir sur sa joue. S'il devait ôter ses lunettes et percevoir cette teinte carmine, alors il en serait fini d'eux. Il attendait vaguement quelques représailles susceptibles de l'échauffer. Pourtant, elle mit un sacré temps avant de daigner lui adresser la parole dont les termes employés le fit doucement sourire. D'arrogance. De mépris. Il suintaint la suffisance à plein nez mais aussi le contrôle absolu sur les élements environnementaux. Sur ses émotions, pulsions. Tout. Un sourire presque amical fit maintenant office de réponse à sa remarque pour le moins futile quand on le connaissait comme étant l'instigateur d'une déclaration de guerre.

- Oh... Je crois m'être fait mal comprendre, mais il s'agit bel et bien d'un souci d'ordre personnel, et non collectif. Je dois dire qu'il est rare de voir un Taisho qui soit sensible à ma cause, esperant en tout bien tout honneur que mes capacités, si mystérieuses soient-elles, puissent me sauver de cette tourmente que j'ai moi même créé. Franchement.. .. Donnez moi votre nom que je n'oublie jamais votre joli visage n'ayant d'égal que votre logique discutable, avant que vous ne trépassiez. déclara-t-il une fois encore, froid et cassant.

Comme il aurait aimé lui dire par la même occasion que ce pauvre malheureux n'avait eu le temps de rien, ni de soupirer, ni de suer. C'était en effet un triste sort, mais rapide et liberateur qu'il lui avait offert. C'était bien une femme que de râler dans l'idée, sans nulle doute, de ne point succomber à la peur. Tout en se faisant une idée d'elle, l'attente lui fut probablement trop longue puisqu'elle tua la distance les séparant d'un shunpo agréablement maitrisé avant de passer à l'offensive, tentant tant bien que mal d'asséner quelques coups de lames invisibles à l'oeil nu. Gabriel était vraisemblablement inapte à percevoir du regard ce semblant de trancheur d'âme inapparent, alors que sa présence engluée de reaitsu se noya dans l'air par de gestes contrôlés et vifs. Il se dégageait aisément lorsqu'un arc fut tracé dans le vide. Mais la pointe de son Zanpakutoh froissa son vêtement au niveau du bras, mécontentant l'Espada. Sans un mot, sans qu'une once de contrariété ne vienne fissurer son visage à l'expression inflexible, bien qu'on n'eut pu lire en lui de l'amusement, il bloqua pour la première fois l'une des ses attaques, croisant enfin le fer avec cette merveille ambulante qui maniait l'épée bien mieux que lui. Seulement, en perséverant ainsi, son arrogance lui valut une entaille au dos, puisqu'elle s'évertuait à l'attaquer dans le dos tel un scorpion faisant usage de sa queue. Dans l'unique but de rester maître de lui-même, il se bûtait à esquiver ou à freiner ses attaques par son épée sans toutefois prendre le dessus sur elle. Le tout durait bien trop longtemps à son gout. Mais alors qu'il pensait mettre un terme à cet échauffement en bonne et dûe forme dont l'objet réel lui échappait à moitié, il fut devancé par son adversaire de talent.

Il la vit reprendre son souffle quand lui respirait calmement.. Du moins presque. Encore une fois, il brillait dans l'art de dissimuler tout élement susceptible de le trahir. Et quand bien même il était épuisé ou non, rien ne pouvait le faire chanceler face à l'ennemi. Il en aurait fallu deux pour qu'il ne daigne s'inquiéter urgemment. Il rangea alors son arme dans son étui, et laissa couler de tout son long ses bras avant de décliner du chef. Le vrombissement s'effectua quelques secondes plus tard... l'image de Gabriel n'était plus que cendre devant elle lorsqu'il se retrouva à un pas d'elle, le pied déjà levé vers son visage dans l'idée de l'envoyer paître ailleurs. Un coup, un seul.. déconcertant, désarçonnant.. avait suffi à la toucher. Violemment, non. Fallait-il encore perdre ses lunettes afin que sa folie ne se déclenche. Le problème étant qu'à l'heure actuelle, il eut quelques difficultés à s'armer de poings, et non d'une lame tranchante pour tuer cette femme. Frapper de ses mains n'avait strictement rien d'élégants alors qu'un Zanpakutoh lui semblait être l'incarnation de la distinction.. de la grâce. Il dût se rendre à l'évidence qu'en demeurant sombrement inutile dans l'art du combat de l'épée, sa déchéance serait d'ici là palpable. C'est pourquoi il dût se résoudre tant bien que mal à ôter ses lunettes. Très lentement, sa gestuelle ne trahit aucune excitation, ni même le moindre sentiment capable de dévoiler sa réelle nature. Refermant ses rideaux de peau que l'on appelle plus communément paupières, il en vint à soustraire de sa vue ses lunettes noires, qu'il replaça délicatement dans l'une de ses poches de hakama. Puis il rouvrit naturellement les yeux. Un changement soudain de tension spirituelles toucha la ville entière, tandis que les humains gouvernant le centre ville se mirent à tomber comme des loques. Une centaine probablement venait de perdre la vie grâce à l'incompétence d'une Capitaine qui, dans le bien de tous, aurait demander au jeune homme de quitter les lieux en vue d'épargner quelques vies humaines.

Lorsqu’April remarqua la silhouette se fondre dans l’ombre en vue de se déplacer de nouveau dans une célérité époustouflante à ses flancs, il était déjà trop tard pour esquiver l’offensive qui s’exécuta cette fois-ci non pas avec le Zanpakuto mais bien avec son seul pied. Le coup fut de toute évidence accueillit en plein dans le visage de la pauvre Capitaine qui ne put porter sa main à la hauteur nécessaire à temps ce qui l’envoya valser avec brutalité avant qu’elle ne retourne sur ses pieds grâce à une agilité qui lui était propre et cela malgré l’ecchymose qui ne tardera pas à naitre sur sa joue. Ce simple mouvement d’une exactitude intéressante prouva à April que l’inconnu prônait avant tout le combat au corps à corps que le maniement de sa lame même si le domaine de la maitrise spirituelle n’avait pas encore été abordé pour l’instant. Il était évident désormais que le moindre de ses coups portés avec ses membres pouvaient s’avérer aussi désastreux qu’une frappe rapide armée de la lame effilée de son trancheur d’arme et c’est bien sur ces convictions qu’elle préféra ne pas fondre dans un second assaut pour l’instant. Et même si elle l’avait souhaité, elle n’en aurait pas eu l’occasion puisqu’un changement inopiné survint…

On pu déceler sur le jeune visage de la Capitaine un agacement soudain né sans aucun doute du changement d’atmosphère brut qui se produisit sur toute la place alors que s’écroulait un à un les passants sur la zone où ils se trouvaient. Même si le nombre ne devait représenter au total que trois ou quatre morts s’ajoutant à la longue liste de victimes de cet impétueux personnage, elle soupçonnait sans problème que le danger s’acharnait aussi sur les autres quartiers ce qui formerait sans aucun doute un amas important de cadavres à récupérer dès la matinée. Le pouvoir de l’homme s’abattait ainsi sur d’innocents passeurs nocturnes, volant immédiatement leurs âmes à leurs corps sans que rien ne leur fusse expliqué. Jamais elle n’aurait cru qu’il oserait déployer l’entièreté de sa puissance au risque de blesser toute personne mis à part la plus concernée qui se tenait debout, presque inébranlable. April remercia sa réserve d’énergie tout autant importante ou presque qui lui permettait de ne pas trop fléchir sous cette pression spirituelle constante qui agissait comme des blocs de béton tombant en chute libre du ciel étoilé même si elle sentait sans problème l’ineffable poids gênant sur ses maigres épaules sans toutefois se laisser abattre au point d’en poser genou au sol face à l’homme qui était à l’origine de tout cela. Ses membres se voyaient entraver par cette contrainte et elle avait beau se dissuader que ses mouvements ne s’en verraient pas gêner grâce à la même énergie qu’elle possédait, il n’en faisait désormais nul doute qu’elle perdrait un peu de sa vélocité dans ce lieu désormais empreint de cette malédiction.

Les dents serrées dans l’unique intention de contenir une rage émergeante, elle ne pouvait dévier son regard de celui désormais dévoilé de son rival, incapable d’observer la désastreuse réalité en face en s’adonnant à la contemplation des victimes qui jalonnaient le sol, inertes. User d’un don inestimable pour enlever la vie de pauvres innocents ne correspondait pas à l’éthique que devrait posséder un homme et elle en venait même à douter de ses origines comme de ses intentions. Que d’incompréhensibles pensées qui ne pouvaient en outre que raviver la colère de la jeune April lorsqu’elle devait se questionner sur les desseins de cet inconnu et ce qu’il cherchait réellement au sein de cette ville. Il était désormais tout à fait clair qu’elle ne faisait pas le poids contre lui et que même si elle était parvenue à le toucher grâce à la pointe de son nodachi invisible, elle était persuadée que cette chance ne s’appliquerait pas deux fois. Et malgré le bouleversement évident dans la réflexion de la Taisho, rien ne paraissait sur son expression qui restait de marbre malgré la constatation évidente qu’elle était agacée par la tournure des événements. Mais elle savait qu’en aucun cas elle n’aurait pu prévoir une telle cruauté chez ce meurtrier qui n’avait pas la moindre trace de scrupule dans ses agissements. Qu’elle lui aurait demandé d’épargner les vies de ces passants ou non, le résultat était inchangeable.
ø April, tu sais qu’il n’y a pas grande différence de niveau entre vous. Ce qui te manque, c’est de la confiance et de l’expérience… Tu pourrais lui tenir tête longtemps, si tu veux mon avis.
ø Je ne commencerai pas à me dresser face à lui pleinement pour qu’il déploie tout son potentiel. Je suis persuadée qu’incontrôlable comme je le perçois, il irait jusqu’à raser la totalité de ce quartier. La vie de cet homme ne vaut pas l’hécatombe qu’il pourrait semer pour sa survie…
ø Je comprends… Alors si tu ne veux pas l’éliminer et que tu ne peux t’évader, comment comptes-tu t’y prendre ?
Elle n’en savait que trop rien. Préférant faire fi de la question de l’entité qui prenait place dans son esprit, elle darda toute son attention sur celui qu’elle détesta plus que tout. Comment le convaincre d’épargner la vie de ceux qui dormaient à cette heure-ci alors qu’elle craignait plus que tout qu’il ne s’acharne désormais sur eux maintenant qu’il avait nettoyé toutes les rues de cette ville. Elle n’osait plus trop engager un quelconque combat même si dès le début elle n’avait guère été enchantée à prendre ses armes contre lui. De plus, la fuite ne serait qu’une action lamentable qui pourrait être perçue comme de la lâcheté, chose que maintenant elle ne tolèrerait absolument pas depuis son audacieux affront. Pendant sa période de questionnement, son visage se radouci et reprit l’expression innocente propre à celle d’un enfant dont elle partageait presque la même apparence. Une certaine indifférence avait reprit le contrôle sur son excès de colère qui par bonheur ne fut pas déployée ce qui n’aurait que raviver l’inhumanité dont toute la société avait été victime. Décidée, elle opta pour une discussion afin qu’elle tente de tisser de nouveaux ponts entre elle et lui en vue de mieux comprendre les motifs d’un tel agissement, mais surtout de l’encourager à sortir de cette ville avant que les ravages ne s’étendent sur sa totalité.
ø Si je dois décliner mon identité, alors je vous prierais d’entamer vous-même les présentations à lesquelles vous semblez tant tenir. Pour ma part, je préférerais vous implorer d’épargner la vie de ces innocents et de vous concentrer sur mon propre cas car s’il advenait que le désastre soit repéré par la Soul Society, ne comptez pas sur votre puissance pour vous débarrassez des renforts qui convergeraient ici même. De ce fait, j’aimerais vous conseiller de sortir de cette ville et de poursuivre notre rencontre ailleurs qu’en ces lieux justement pour ne pas troubler la sécurité de la population. Qu’en pensez-vous ?

Une panoplie de particules spirituelles se délivrèrent de son corps, s'en échappant pour flotter dans l'air comme compagnons d'armes. Comment dire.. Son énergie était tellement palpable qu'on pouvait imager quelques ondes ou fumées faramineuses dont l'effet serait des plus néfastes. L'inconnu portait un regard rougeoyant sur la personne qui avait tant tenu à demeurer en ces lieux tout en provoquant dessous son verbe amusé le jeune homme qui, malheureusement pour elle, avait rétorqué avec tout son génie. Il entendit encore quelques cadavres choir à même le seul, non loin de leur champs de bataille qui s'avérait être l'endroit propice pour l'étranger. Un sourire naquit très doucement sur les lèvres du jeune brun, plongeant son regard rubescent dans celui de son interlocutrice qui, ma foi, ne semblait plus prendre cette histoire à la légère. En effet, l'expression qu'elle arborait désormais ne ressemblait en rien à sa précédente, bien plus mutine et joueuse. Elle ne semblait pas vivre sous le joug d'un principe identique à celui de Gabriel : Mieux vaut prévenir que guérir. Et selon toute vraisemblance, elle préférait quitter le jeu qui s'était insidieusement installé entre eux, ne contrariant point le brun au masque impérturbable. Calme, silencieux, presque doux, l'ondulation dans l'air n'était induite que par la fluctuation de son reaitsu, instigateur de ce changement soudain du souffle de l'air. L'on pouvait appeler cela "prémice" de sa résurrection. Toujours est-il qu'il n'était pas prêt de l'utiliser au vu de la réaction pincée du petit souillon au devant de lui. Elle ne bougeait plus, s'enlisant dans d'intenses réflexions qui lui echappaient, fort heureusement pour elle. Evidemment, sa patience ne se verrait ébranlée de rien sauf si cette dernière optait pour une offensive de taille. Seulement rien ne venait, sinon le regard intransigeant de son vis-à-vis à la silhouette très juvénile.. et douce.

D'ailleurs, il n'avait fait fi de son apparence, ébranlant tout justement l'homme qui, malgré sa condition et l'echelle de son raisonnement, s'attardait trop longuement sur les silhouettes féminines. Elle n'aidait pas non plus dans son analyse devenue trop longue, puisqu'une bonne demi douzaine de minutes s'était ecoulée durant leur mutisme respectif. Il n'avait pas lieu de parler, n'appréciant pas forcément user de sa salive pour courtiser une demoiselle ou provoquer sans aucun tact celui ou celle qui lui faisait face. Pareil à une statue en proie en totale inertie, prêt à en découdre si le moindre petit mouvement était perçu comme étant dangereux, l'attente était latente. Pas un bruit, pas un geste ne se fit voir ou entendre de la part de cet homme qui prônait le silence au bavardage. Pourtant.. ceci ne devait pas être synonyme d'ennui. Ce qui voulait dire qu'un peu d'exercice ne lui ferait aucun mal puisqu'il n'avait l'occasion de séduire cette dernière même si l'envie avait traversé son esprit, malgré lui. L'on aurait pû se dire que la Segunda Espada prenait un malin plaisir à chercher la moindre faille susceptible de la faire faillir avant de prendre les devants dans l'idée d'attaquer cette charmante jeune fille. Sauf que la position défensive dans laquelle elle s'était prostrée, étrecissant son regard sur lui sans cacher le cheminement de ses pensées traverser ses prunelles, amusait plus que tout Gabriel, quelque peu imbu de lui même en pensant qu'elle cherchait un vain moyen de s'en sortir indemne. Et c'est soudain que ses propres pensées furent rompues par la douce mais ferme voix du petit Capitaine.

Un bon lot de menaces pleuvait une fois encore sur sa tête, tandis qu'il tournait de moitié son visage de manière à ancrer son regard déterminé dans celui de sa ravissante adversaire. Unne fois encore.. elle lui demandait son avis, ce qui fit doucement sourire le jeune homme qui ferma les yeux un instant :

- Ce que j'en pense. Il me semble que mon avis diverge du vôtre, et que vous le savez. Mais ne pouvant certainement pas le prouver, je m'avancerai en disant que votre esprit guère affuté vient enfin de se reveiller. Ce que je peux vous offrir ne sera pas assez pour vous. Du reste, je m'appelle Gabriel ...et je suis membre de l'Espada.

De toute évidence, il ne prêta pas attention aux quelques détails dont l'ampleur pouvait s'avérer réelle, car donner son numéro changerait probablement les choix qu'opterait la jeune fille au nom toujours inconnu. Il espéra que cette dernière donne en retour son jolie petit nom avec une juste politesse. Son visage pivota de manière à ne montrer que son profil tandis qu'il prenait une décision des moins ennuyeuses. Son regard s'étrecissait, circonspect lorsqu'il rencontrait cet autre qui le dévisageait. A peine étonné, il fit une rapide embrassade visuelle sur son panorama pour n'y trouver que des cadavres jalonnant les ruelles du centre de Karakura, confortant l'homme dans sa domination excessive. Pourtant, il ne s'en vantait pas verbalement. Ce fut au bout de quelques longues secondes que son corps se desagrégea devant elle pour réapparaître dans le ciel, à quelques kilomètres de la ville. C'était toujours mieux que rien de sa part qui n'avait qu'une unique ambition, celle de venger les pertes occasionnelles des quelques Espada lors de leurs ultimes confrontations il y a de cela quelques jours. Aujourd'hui, la tournure qu'allait prendre cette petite confrontation allait lui plaire, se connaissant mieux que personne. N'ayant pas non plus l'habitude de discuter avec un membre de sa race, il était difficile à dire qui était précisemment Gabriel Valnaïr, lui-même dissimulant les tenants et aboutissants de ses propres affaires depuis sa nomination.

En définitive, il se présenta à elle comme étant son ultime et dernier combattant. La garde de son Zanpakutoh demeurait à son flanc tandis qu'il penchait légèrement le visage non sans la regarder de ses yeux chatoyants, agrémenté d'un sourire fermé destiné à poindre quelques interrogations quant à ses futurs agissements. Et alors.. il projeta sans sommation un Cero sur la proie qu'elle représentait, vibrant dans l'air de sa teinte rouge sans chercher toutefois à la toucher. Il disait simplement par là qu'il était temps de passer aux choses sérieuses. Puis, un bara survint suite au Cero sans qu'il ne la prévienne.. sans qu'il n'ait réellement à bouger des pieds, lévitant naturellement dans cet espace dépourvu d'entraves physiques.. Le bara avait pour but de toucher une partie du corps de la jeune femme. Mais qui sait, si elle l'évitait...Cela pouvait s'avérait probable.

Quelle agréable surprise que de constater qu’on répondait à son insignifiante requête en toute simplicité, sans que rien ne vienne complexer cette situation deplorable qu’avait semé ce tyran. S’il avait fallu qu’il lui impose cet environnement constitué de grands édifices imposants comme champ de bataille, April aurait tout simplement décliné, avec tact certes, son invitation au combat, puis aurait tourné les talons sans demander son reste en espérant que rien ne vienne la bombarder pendant qu’elle s’esquiverait avec habileté. Mais maintenant qu’il se fondit dans l’obscurité le temps d’un instant pour finalement réapparaître beaucoup plus haut à une altitude raisonnable, elle n’avait aucune excuse crédible pour ne pas croiser le fer avec lui. C’est en le suivant à l’aide d’un déplacement rapide qu’elle finit par léviter dans les airs à son tour. Un petit tour de magie qui ne puisait absolument pas dans les réserves d’énergie pour sa part pleines et qui ne les gêneraient pas lors de leur duel. Il était certes évident qu’en matière de poids, il y avait ce reiatsu abondant qui empreignait l’atmosphère et qui ne cessait de forcer contre ses épaules, créant un agacement soudain, mais pas un handicap à proprement parler. En fait, c’était grâce à sa propre énergie spirituelle qu’elle contrait l’effet néfaste que générait son ennemi, et encore merci car sinon elle pouvait dire adieu à toutes chances de victoire. Le combat s’annonçait imminent désormais, elle ne pouvait plus le nier.
ø C'est à ton tour de libérer ton énergie spirituelle. Ne te gêne pas pour le faire, cela devrait estomper complètement l'effet de pesenteur et tu ne risquerais pas d'être gêner dans tes attaques.
Sans placer une seule parole, elle opina d'un mouvement sec de la tête et laissa échapper peu à peu son reiatsu qui l'engloba complètement d'une lumière jaunâtre pour l'instant imperceptible si on ne s'attardait pas suffisamment sur sa silhouette fluette. En faisant confiance à son Zanpakuto, celui-ci pouvait à tout instant l'aider dans les champs de bataille. C'était à priori ce que l'on apprenait avan tout à l'académie et user de ces rudiments représentaient peut-être le meilleur de ses atouts pour l'instant lors de ce préambule à la guerre. Les briques qui tombaient du ciel finirent par disparaitre peu à peu, permettant ainsi à April de mieux respirer et surtout de libérer son corps de ce poids immense. Après quelques secondes, plus rien, mis à part sa propre énergie qui empreignait l'univers, bloquant ainsi le reiatsu de son voisin qui semblait vouloir fouler son territoire désormais marqué. Désormais libérée, elle s'attarda dans de brèves présentations.
ø Je suis Kaorihime April, et comme mon haori peut vous le témoigner, je suis Capitaine responsable de la Cinquième. Enchantée...
April adopta immédiatement une position de défense qui lui permettrait de parer ne serait-ce que le premier coup qui sera inéluctablement porté par l’homme qui la toisait du regard. Cette certitude était née du simple fait qu’elle respectait une vertu plus qu’importante à ses yeux, celle de ne jamais engager le combat par ses propres armes, mais de laisser la lame de son ennemie frapper en première afin de pouvoir riposter avec beaucoup plus de zèle. En tant normal, il ne fallait pas attendre très longtemps avant que l’ennemi ne se laisse influencer par ses sinistres desseins de vouloir écrabouiller l’insecte que la jeune Shinigami représentait et qui se dressait avec autant d’assurance en dépit de son petit gabarit. Elle était suffisamment expérimentée pour savoir qu’une marge de différence d’une certaine importance au niveau de leurs talents ponctuait la difficulté à devoir résister à la fuite, tout comme à devoir tenir bon sans laisser transparaitre un certain mécontentement, voir une peur légère qui s’insinuait dans son esprit. Elle faisait tout pour ne rien laisser transparaitre, s’armant de son masque d’indifférence qui s’assurait qu’aucune émotion ne soit filtrée et donc, qu’aucune faiblesse ne soit exposée à son rival. La Capitaine crispa ses mains sur la garde de son arme invisible, soudainement revigorée par une détermination sans façon qui balaya d’une simple bourrasque tous les doutes quant à une éventuelle victoire. Si elle ne pouvait l’éliminer, au moins sera-t-elle apte à le retenir suffisamment le temps que la Soul Society repère l’anormal reiatsu qui rôde dans les environs depuis longtemps et qu’elle ne remarque le mystérieux silence alors qu’elle tentait en vain de les contacter.

Elle devait libérer son Bankaï. Elle savait que si elle ne s’opposait pas à cette drôle de retenue, il n’en ferait qu’une seule bouchée d'elle et qu’elle finirait en cendres ou en poussière. La seconde forme de son trancheur d’âme lui permettrait en quelque sorte de tenir un peu plus longtemps mais surtout d’infliger presqu’autant de dégâts à son ennemi. De toute évidence, il était impossible pour elle de blesser une seconde fois cet homme et cela, même en se donnant à cœur et âme dans ses mouvements. Pourtant, aucun de ses muscles ne répondaient à ses ordres. Pas de voix non plus pour lui murmurer dans son esprit quelques conseils qui, sur le moment, représentaient ce qu’elle désirait le plus pour l’instant. Elle hésitait, elle commençait légèrement à perdre de sa légendaire assurance. Un questionnement inutile influait dans son esprit et cela la déconcentra le temps d’une fraction de seconde. Une seule qui suffit à l’ennemi de profiter d’enchainer deux sorts typiques aux Arrancars, soit un Cero et un Bara. La première offensive passa délibérément à plusieurs centimètres d’elle mais eut pour effet de réveiller la jeune fille. Le second, malheureusement, frôla sa cible à l’épaule alors qu’un pas latéral exécuté avec le plus de célérité qu’elle pu accumulé sur le moment n’eut suffit que de lui éviter de se le prendre au visage. Voilà, le combat était désormais lancé... et curieusement, elle n’avait pas activé son Bankaï.

L’épaule en sang, légèrement engourdie suite au passage du rayon ultra-rapide, elle se força de faire fi de sa blessure ainsi que de la douleur qui l’accompagnait, se concentrant désormais avec une perfection sans faille sur sa cible qu’elle chargea tout simplement, l’arme brandit qui menaçait de s’abattre à tout moment sur le corps immobile de son rival.

Elle le suivait comme un charmant petit agneau, rassérénant Gabriel dans l’idée qu’il s’était déjà fait sur la jeune fille. Le flux de l’air vibrait au gré de leur reaitsu mélangé. Elle libérait une masse peu importante d’énergie spirituelle qui s’enroulait déjà à la sienne, bien plus condensée et lourde. Pourtant Gabriel n’avait pas usé de tout son reaitsu, loin s’en faut. Au contraire, il ne tenait pas à faire appel à sa sombre résurrection dans l’idée d’abattre un étrange moustique dont le destin lui était totalement indifférent. A ça près, car effectivement, s’il pouvait la tuer, il ajouterait au tableau de chasse des Espada un Capitaine en moins, mort. Et le Gotei 13, en péril. Voilà son idée, fragiliser les forces ennemies en ciblant les piliers de l’armée du Ciel. Néanmoins, il n’était pas certain de vouloir éplucher comme une pomme un visage aussi juvénile et charmant, dont le verbe n’était pas sans le faire vibrer d’excitation. Car s’il paraissait aussi insensible que du marbre, il n’en était pas moins galvanisé intérieurement. La dénommée Kaorihime avait contré l’étendu de son aura tout aussi massive pour les shinigami que mortifère pour les humains, tandis que ses deux coups successifs portèrent ses fruits en faveur du Segunda Espada. La fierté ici n’avait lieu d’être en raison du sérieux dont fit tellement preuve le jeune homme. Pourquoi.. ?

Sans comprendre le réel but de sa réaction face à elle, April ne semblait pas tout à fait prête à l’attaquer, son potentiel n’étant pas assez optimisé sans doute pour devoir se mesurer à lui avec toute la détermination du monde. C’est pourquoi il demeura aussi calme que dépité, n’attendant qu’un geste d’elle de pure agression afin d’éviter que ses actions ne respirent les remords. S’attaquer à une jolie demoiselle ne s’avérait pas être un pied comme certain pourrait le prétendre. Il n’avait d’ailleurs pas l’envie de la tuer tant elle inspirait la pitié et non le respect. Et puis, l’âme de séducteur germait bel et bien en lui puisqu’il s’évertuait à échapper au charme prenant du Capitaine. Mécontent, il glissa sa main dans la poche de son veston pour en retirer ses lunettes délaissées fut un temps dans l’optique de donner un aperçu de son pouvoir au jeune souillon qu’il tenait presque en joue sans avoir à bouger des mains. Seulement, il n’y trouva rien, se rappelant soudainement que sa paire jonchait sereinement là même le sol, espérant alors qu’aucun fou n’irait la lui voler ou la casser. Il n’était pas certain de pardonner à l’inconscient, capable d’une telle cruauté. Il avait beau avoir tué une poignée de mortels, l’Espada était inapte à dissocier le mal du bien.

Il perçut avec aisance l’entaille parfaitement engendrée sur sa peau de porcelaine, l'écoulement du sang le frappant comme s’il avait été percuté par une massue dans son élan. Écarquillant les yeux par l’horreur de sa propre nature, ses sens furent en alerte tandis que le vent ébouriffa ses cheveux sans son assentiment. Une colère doucement inquisitrice le rongea des tréfonds de ses viscères pendant que la teinte rubescente s’écoulant sur son kimono de coton lui englua la vue comme s’il s’était léché les visières avec une langue bifide, à l’instar des serpents. Aussi droit et figé qu’une statue, son corps se mit à essorer un large amas de reaitsu, grondant en son sein tel un volcan réveillé. Ses yeux s’étrécirent de manière circonspecte avant qu’il ne les écarquille de rage. Ce fut l’Espada à ne point troubler le sommeil, surtout pour le responsable en question qui n’avait pas idée de ce que renfermait l’être en lui. Il avait pensé rencontrer moult difficultés dans cet échange, mais le plus difficile semblait être de ne point la tuer. Oh, grand malheur, par le plus pénible des hasards, il avait perçu cette goute vermeil qui allait faire toute la différence entre le démon et l’enragé sardonique.

Un gloussement sinistre quitta ses entrailles pour ressortir des profondeurs de sa gorge, alors que ses doigts se craquèrent un à un sous le jeu de sa nervosité, doublée d’une excitation non dissimulée… Et fusèrent alors des mots qui ne lui seyaient point :

- Alors ma mignonne, tu veux flirter avec moi .. ? Allons viens vers moi, que je déchire tes vêtements puis ton corps pour quelques moments torides avec moî ! AAHHHH !!

Le cri suivit le cours de ses phrases désuètes et salaces alors qu’il dispersa son énergie dans l’air dans une poussée violente. Mais la jeune femme l’ébrécha d’un coup au corps, surprenant un Gabriel n’ayant pas perçu son attaque tant il avait été excité sur le moment. Au niveau des abdos remontant jusqu’à son épaule gauche, une fine trace avait traversé son hierro …superficiellement. Au comble du malheur, il accusa le coup sans se départir de son sourire démentiel et de son regard noyé dans l’aliénation la plus complète avant de répondre de cette action fort sympathique par un coup de poing asséné au niveau du visage. Il ne savait juger de sa force sur une telle personne, et ne chercha donc pas à jauger le niveau surtout lorsqu'il se trouvait en cours de route. Son sonido lui permit de se projeter juste derrière elle afin d'exécuter une nouvelle approche rotative dont la célérité n’était plus à remettre en cause. D’un coup de pied, il chercha à l’envoyer rouler bouler dans la ville tel un projectile en feu. Et s’excitant dans le ciel en faisant mine de s’échauffer, il lâcha :

- Ah ah ! Je ne pensais pas m’amuser ainsi ma poule.. !

L'élan qu'elle avait généré dès son premier pas en direction de cet homme se situait au summum de sa célérité au point tel qu'elle n'eut qu'une fraction de seconde pour remarquer le changement soudain de son ennemi qui, une seconde plus tôt, faisait preuve d'un sérieux de marbre malgré une pointe de léger cynisme manifesté dans ses paroles. Mais cet importun qui s'était proclamé Espada n'était plus. Maintenant se dressait devant elle un homme qu'un câble avait lamentablement lâché dans son esprit, déclenchant en lui les débuts d'une folie intense qui se répandit jusqu'à le sommer à déblatérer des paroles insensées qui ne lui étaient pas propres et dont elle ne fit pas attention. Mais la poussée gorgée d'énergie qui lui permit un déplacement rapide et furtif fut de trop et freiner son élan relevait de l'impossible, déjà qu'elle n'eut que très peu de temps pour percevoir le risque de s'approcher ainsi de ce maniaque. Au même instant qu'elle souhaitait arrêter son avancée, elle était déjà à sa hauteur, n'ayant d'autre choix que d'agir avant que lui ne le fasse à sa place. Son Zanpakuto à la forme imperceptible fendit l'air pour s'abattre avec puissance, traçant heureusement une longue estafilade à son torse. Mais elle ne put tout simplement pas se féliciter de cet éloge puisque immédiatement après que sa lame ait fait mouche, un coup fut porté en retour. Un blocage tout juste fit percuter le poing sur le plat de son nodachi mais cela ne semblait pas suffire ; l'attaque était empreinte du reiatsu de cet énergumène et le choc libéra toute l'énergie, repoussant avec force la jeune fille dont le gabarit ne fut pas suffisant pour rester ancrée aux côtés de son homologue. Plus d'un mètre qu'elle parcourut à reculons en dépit de tous ses efforts pour stabiliser l'élan qu'on lui eut intimé.

Mais cela ne suffit pas, bien entendu, puisqu'April n'avait reçu par chance aucune blessure de cette audacieuse offensive et qu'il était probablement inadmissible aux yeux de ce détraqué qu'elle s'en sorte tout simplement indemne, sans payer le prix de sa témérité. À peine perdait-elle de la vitesse dans son recul que déjà, ce Gabriel à la personnalité seconde se retrouvait à ses flancs grâce à un rapide Sonido et lui offrit un atterrissage digne du pire coup de pied qu'elle eut reçu de toute son existence ; celui-ci la fit définitivement chuter à plusieurs mètres plus bas alors qu'un édifice qui se trouvait par hasard sur son chemin agit comme un très douloureux matelas. Comme si cela ne suffisait pas, le toit du gratte-ciel s'effondra à l'impact et elle dégringola environ trois étages avant que tout ceci ne soit terminé, laissant nombre de débris s'amonceler autour d'elle sans qu'un seul par miracle ne vienne l'écraser de tout son poids. Si elle n'avait pas été étourdie, elle aurait entendu quelques cris de mortels, tirés de leurs sommeils par ce brusque réveil en constatant avec effroi qu'un phénomène qu'ils jureront peut-être naturel s'était abattu sur l'immeuble sans causer de morts, outre le bâtiment au complet qui sera à refaire suite à la visite de l'invisible personnage.
ø April, lève-toi. Ce n'est pas le moment de baisser les bras. Tu ne pourras définitivement pas le battre si tu te laisses à ce point impressionner. Il va falloir que tu la joues avec un peu plus de sérieux.
La voix résonna dans son esprit pendant quelques secondes, puis finalement eut l'effet souhaité ; elle remua ses muscles extrêmement endoloris par la chute que Gabriel lui avait offert et elle gémit sous cette douleur lancinante qui lui martelait autant le crâne que le corps. Finalement, la jeune April se releva avec peine et misère, tenant d'un fil sur ses jambes soudainement épuisées. Le sang descendait en amande le long de son visage d'une blessure dissimulée sous sa chevelure, d'autant plus que des ecchymoses naissaient rapidement sur tout son corps, discrets sous son haori qui était dans un sale état. Pour combler le tout, la poussière lui avait noirci ses joues, lui donnant un air un tantinet différent, comme celui d'un clochard sortant tout droit de son séjour à la rue. Ramassant le trancheur d'âme qui s'était fiché sur le parquet de bois de l'appartement qui avait su freiner sa course, elle se propulsa de nouveau vers l'extérieur en dépit d'une souffrance qui fut immédiatement éveillée dès son premier mouvement. Au-dessus de sa tête flottait l'Espada, toujours aussi fou qu'il l'avait paru lorsqu'elle s'était enfin décidée à fondre sur lui. D'où provenait ce changement ?
ø April, libère-moi.
ø Arrête, Ten'I, je refuse !
Cette simple obstination la fit grimacer, se rendant compte que sa cage thoracique en avait encaissé un sacré coup puisqu'il fut la cible de ce violent coup de pied dont elle en gardera certainement de nombreux souvenirs pour une longue durée. April savait qu'en libérant son Bankaï, elle allait définitivement blesser son orgueil et son honneur, touchant l'apex de ses aptitudes alors que son adversaire avait à peine fait usage de son Zanpakuto, et cela même en dépit de ses capacités minimes dans ce domaine. Il était hors de question qu'elle s'abaisse à ce niveau si pitoyable soit-il alors que les dégâts qu'elle lui eut infligés, cela même en mode Shikai, était d'une désolation telle qu'elle n'admettrait en aucun cas la flagrante différence entre ce dangereux inconnu et sa personne, cela même malgré les faux encouragements de son compère qui semblait vraiment allumé par des espoirs vains de victoire illusoire. Son côté de gamine qu'elle mettait très souvent de côté commençait soudainement à rejaillir en décidant ainsi de tenir tête pour un détail des plus insignifiants et Ten'I en était probablement désespéré. Il savait qu'il n'y avait rien à faire lorsqu'elle commençait à s'accrocher à une idée fixe, qu'elle soit bonne ou mauvaise. D'une voix un peu plus soumise, las de devoir se plier aux volontés de sa camarade, il s'exprima sans chercher à cacher un léger agacement :
ø Bien. On va faire avec ton Shikai, pour l'instant. Tu as sûrement remarqué sa lacune au corps à corps, lorsqu'il s'agit de croiser le fer avec ton trancheur d'âme. Si j'ai bien analyser sa façon de combattre, il prône le combat brut, du corps à corps qui relève d'un style particulier auquel il voue une majeure attention dans ce combat ; coup de pieds, coup de poings, et je paris qu'il connait quelques techniques pour envenimer les choses et te faire tomber à chaque fois. De plus, n'oublions pas son reiatsu qui, s'il n'en a laissé paraître qu'une seule facette, possède sûrement un potentiel caché qu'il n'hésitera probablement pas à libérer s'il voit que son corps à corps faiblit face à toi. Il faut donc rester prudent sur ce côté.
ø Que me proposes-tu ? demanda-t-elle avec une pointe d'impatience dans le timbre de sa voix.
Curieusement, la voix ovni se tut immédiatement pour une raison encore bien obscure. April leva son regard, s'assurant que la silhouette de son ennemi était toujours perceptible à quelques mètres plus haut d'elle, et puis vint à sa hauteur en gardant une distance respectable, ne se souciant même plus du soudain arrêt dans le dialogue de l'entité. Enfin, elle le ressentit ; un troisième reiatsu empreint l'atmosphère de son exhalaison spirituelle, mettant en alerte absolument tous les sens de la jeune Shinigami qui tourna la tête vers la direction où cette toute nouvelle énergie était le plus concentrée, tout cela dans un stoïcisme impressionnant malgré la nette évidence que sa prudence s'était égayée. Qui donc venait les importuner ?

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