Un loup dans les bois

Le temps à l’extérieur était magnifique, et chaque bruissement que le vent arrachait des branches chargées semblait m’inviter poliment à sortir les rejoindre. L’après-midi débutait déjà, et pourtant il faisait sombre et gris. D’épais nuages cachaient le soleil, et l’humidité et la lourdeur de l’air amplifiait l’odeur douceâtre qu’exhalait la nature. J’étais enfermée dans ces locaux depuis le petit matin. J’avais déjà remplis tout une pile de documents diverse, mais une autre tas de feuille blanches et vierges, m’attendait et promettait de remplir mon après-midi de soupires agacés. J’avais déjà l’index, le majeur et le pouce couvert d’encres bleutées, qui je le savais, ne partirais pas sans frotter plusieurs fois avec un savon agressif, et une brosse.

Je me demandais un instant où pouvait bien se trouver mon supérieur… Sans doute roule en boule et endormis dans un coin chaud et sec, comme l’aurait fait un chat. Dormir était son activité favorite. J’estimais sa journée composée au 2/3 par des périodes de sommeil lourds ou de somnolence. Je ne savais pas si je devais mettre cette attitude sur le dos d’un tempérament paresseux, à moins qu’on ne puisse mettre cela sur le compte de l’adolescence, quoi que j’ignorais son âge véritable. Ce fait était étrange et nouveau pour moi, habituellement, je disposais d’une certaine habilité à deviner l’âge de mes interlocuteurs, mais ça n’était pas le cas pour Sly Trinity, et je trouvais cela assez déconcertant.
Quoi qu’il en soit, je savais très bien que je n’avais aucune raison de m’inquiété pour sa sécurité, Malgré son physique de jeune premier, il était suffisamment fort pour combattre une armée de Hollow sans recevoir ne serais-ce qu’une égratignure. Non, je ne m’inquiétait pas pour lui … Je voulais seulement que cette petite teigne revienne faire sa part de travail !!!
Je lâchais un grognement sourd, puis, je jetais un dernier coup d’œil en direction de la paperasse qui c’était accumulé sur mon bureau. Avec un air dégoûté, je mis les derniers documents que j’avais rempli à sécher, et je me levais. Je me dirigeais vers la sortie d’un pas décidé, attrapant mon arc court au passage. Le gamin n’aura qu’à finir le boulot une fois qu’il aura daigner se lever pour rejoindre le bas-peuple qui travaillait pour lui.

Je fuis donc mes responsabilités au pas de course, et après quelques longues minutes de cette cavale effrénée, alliée à un shunpô plus bien maîtriser, je me retrouvais à l’abris de la pluie qui menaçait, sous le couvert du feuillages d’un bois dense. Mon cœur battait la chamade, je pouvait sentir mon sang battre dans mes tympans, et ma respiration saccadée était devenus douloureuse, mais que j’aimais cette sensation ! La sueur avait un peu collée mon kimono de coton blanc que je portais en dessous de mon uniforme contre ma peau, et je me devais de rester en mouvement pour ne pas ressentir une sensation de froid. Aussi me mis-je donc en quête d’une proie. Ici, je perdais la notion du temps. Je n’avais aucune idée combien de temps cela me pris avant de tombé sur un gibier que je trouvais correct pour une personne seul. Durant mes minutes ou heures d’errance et de recherches, j’étais tombé sur une laie avec ses marcassins que j’avais soigneusement évité, et j’avais effrayé un cerf majestueux qui aiguisait ses bois contre un tronc.

J’étais en train d’observer les hauteurs des arbres, en quête d’une race d’oiseau suffisamment gros, quand un son discret attira mon regard vers un buisson de baie sauvages. Je me figeais, régulant ma respiration, et mes battements cardiaques par ce fait, au strict minimum. Un autre froissement suivit, me laissant cette fois un aperçue d’une fourrure brune/rousse, et une oreille allongée. Je restais toujours immobile, le moment n’étais pas venus, et j’étais dans une position plutôt avantageuse : Un tronc épais et couvert de mousse me cachait bien, et je savais que mon odeur neutre, qui n’avait rien d’humaine, n’attirerais pas son attention. Il fallut quelques minutes de plus pour que ce qui s’avéra être un gros lièvre ne se sentent plus en confiance, et sorte de sa cachette. Une fois bien en vue, je bandais mon arc déjà armé en direction de ma proie, et d’un geste sec et assurais relâchais la tension. La flèche fendit l’air dans un son grave et mélodieux, et vint se planter dans l’abdomen du lièvre. En quelques pas je me retrouvais à la hauteur de l’animal, je m’agenouillais et le maintint en place d’une main ferme. Devant le spectacle de sa respiration anarchique et de ses mouvements convulsifs, je dégainais rapidement Rakurai de ma main libre, et lui tranchais la gorge avec la pointe sans hésitation. Ce geste aurait été plus aisé avec un simple couteau, Mais achever les proie était un privilège que Rakurai se réservait – cela lui rendais son honneur de chasseur, car tuer des Hollow ne faisait de lui guère plus qu’un soldat. Un sang noir et poisseux se répandit tout autours de la gorge de l’animal, et la vie le quitta une seconde après.

J’arrachais la flèche de son abdomen, et restais un instant silencieuse. Puis dans un murmure, je soufflais un « Merci » destiné aux divinités de la forêt dont je croyais fermement en l’existence. Je repris Rakurai en mains, et d’un geste franc, je décapitais le lièvre. Je le retournais par la suite sur le dos, et l’éventrait avec la même assurance, laissant ses entrailles dégoulinées et se rependre au sol. Ces restes feront une offrande correcte pour tous les petits habitant de ses bois, pour les insectes, autant que pour les petits charognards. Je sortie d’une de mes larges poches une cordelettes, et la nouais autours de ses pattes antérieur, je saisie l’autre bout, et m’éloignais fièrement avec mon butin.

J’avançais tranquillement quant une lourde goutte d’eau s’écrasa au sommet de mon crâne, et glissa le long de ma tempe et de ma joue. Je frissonnais, l’averse allait éclater dans quelques secondes. Je me mis à la recherche de l’arbre le plus gros et avec le feuillage le plus touffus, qui serait le mieux m’abriter. Mon bonheur trouvé, j’attachais le corps de l’animal à une branche, le vider d’une bonne partie de son sang me permettrait de le transporter par la suite sans trop tacher mes vêtements. J’enfonçais ensuite mes mains dans la couche de végétal qui recouvrait le sol, et écartait les feuilles et autres plantes humides, jusqu’à découvrir un humus noir et sec. Le son de l’averse battante sur les grands feuillus remplie bientôt l’atmosphère, et on voyait la pluie s’insinuer dans la forêts au travers des quelques fissures que comportait se toit vert. Je m’assied les fesses au sec et dos au tronc, savourant cet instant de plénitude.

Il n’existait pas d’endroit au monde plus calme et serein. Comme je me savais seule, je relâchais un peu mon attention, m’autorisant même à me privé d‘un sens et à fermer les yeux. Je me délectais de cet instant de paix, et des odeurs suaves et variées qu’exhalaient ces lieux.
*L’extase*
Je pouvais entendre le son de la pluie sur les feuille… les craquements des brindilles qui cassaient sous les pattes des animaux sauvages… les gouttes de sang d’une proie fraîchement tuée qui frappait le sol… les cris de détresse suraiguë poussés par une fillette apeurée juste au dessus de moi J’eut à peine le temps de lever mon regard vers l’origine de ce son dissonant qui m’agressait les tympans, que je me retrouvais face contre terre et le ventre et tout le corps solidement cloué à la couche humide et végétale qui recouvrait le sol de la forêt. Le poids de l’intrus m’écrasait douloureusement les lombaires, ainsi qu’un bras. La proximité aidant, l’odeur de son reiatsu me parvint au nez, et son identité fut une évidence :Une fragrance aérienne, l’odeur des nuages et des cendres, mêlée à quelque chose de doucereux.

Citation :

« …Salut ! »

Lança joyeusement mon supérieur ignorant leurs postures ridicule.
« Toi ! » Grognais-je à travers mes dents, les poumons toujours comprimés par sa masse.
Je ne savais pas ce qui m’avait le plus mis hors de moi :Le fait qu’il ait encore réussi à me surprendre, alors que la traque était clairement mon domaine de prédilection, ou qu’il ait choisi de venir faire un tour dans le coin alors même que le travail s’empilait.

Il y eu un subtil changement dans la manière dont je diffusais mon reiatsu, il se condensa soudain et changeât de note. Mes pupilles se dilatèrent, et mes mon regard prit une expression assassine qu’il ne put pas remarquer car mon visage appuyait toujours dans l’humus. Le moment était venu de renégocier nos places dans la hiérarchie de la meute.
« Je te…défis... »
Une des raisons valables pour lever un Zanpakutô vers un membre de son propre clan était la lutte pour le pouvoir. Je savais que j’avais très peu de chance de le battre, mais quelque chose en moi espérait qu’un jour, trop distrait, mal réveillé ou les muscles engourdis par l’inactivité, il commettrais une erreur d’attention qui me permettrais d’avoir le dessus. C’est pourquoi, depuis que j’avais obtenu ce grade je le mettais régulièrement au défis de me prouver qu’il méritait sa place. Ces défis avait pour autre but de le maintenir plus concentré et attentif, et lui servais d’entraînement, ce qui n’était pas plus mal pour le bien de la division
Les règles de la meute étaient moins violentes et radicales que celle des hommes. On ne s’entretue pas entre nous. Ce n’est pas sa mort que je convoitais juste son grade. Je n’avais rien à y perdre. Au pire, si j’échouais, il me remettait à ma place et je récolterais quelques hématomes et commotions. Au mieux je prenais le dessus sur lui, et je savais que je ferais un meilleur alpha : J’avais l’habitude de gérer les affaires courantes, j’étais forte et respectée par les hommes.

Sans lui laisser le temps de réalisé ce que je venais de dire, je plantais mes dents dans une large main qui traînait juste à coté de ma joue. Je me relevais ensuite brutalement à l’aide de mes genoux et de mes paumes, puis je roulais sur le côté pour le faire basculé d’au dessus de moi. Je l’entendis touché le sol dans un bruit sourd, j’avais au moins l’avantage de la surprise. Je dégainais Rakurai, et l’agrippais bien fermement avant de m’éloigner d’une dizaine de mètre dans un shunpô. Je me mis à tourner autours de ma proie pour l’empêcher de fuir. J’étais invisible aux yeux des novices, passant d’un tronc à un autres, dissimulé derrière leurs barrières de bois, d’écorce, et de mousse. J’attendais une ouverture.
Je pouvais entendre mon compagnon jubiler, oubliant de faire preuve d’humilité.
*Peut-être que cette fois sera la bonne ! Il est temps pour le matou fainéant de retourner paresser au soleil, et de laisser sa place à un VRAI prédateur*
Il passa en mode Shikai sans que je n’aie rien à lui demander. La lame se dématérialisa et se parât énergie électrique bleuté et lumineuse. Quant je jugeais le moment venu, et que j’avais son dos bien en vue, je revins sur lui toujours grâce à un shunpô, Rakurai levé, prête à frapper. Il y eut un grondement de tonnerre alors que le temps semblait pourtant calme mis à part une inoffensive averse. Mon visage était illuminé d’un sourire carnassier, lorsque j’abattis ma lame dans une succession de plusieurs mouvements habiles, mes « morsures ».

Spoiler:

[Désolé pour le retard et je te laisse te référer à la base de données pour les techniques de kido utilisées =) ]

* Probabilité d’une attaque frontale : 3% *

Libérant des flots humides et froids pour s’éviter la chute, le ciel sombre semblait avoir compris que seul un orage pourrait dissimuler au monde la bataille qui venait de commencer. Sous son regard nuageux, à peine protégés des trombes d’eau par un feuillage épais et combatif, deux enfants du tonnerre combattaient, non par haine ni par obligation, simplement par instinct, par envie…La fille, douce et dangereuse, belle et sauvage faisait à elle seule office de meute, assiégeant son adversaire en se déplaçant avec la fulgurance de la foudre tout autour de lui. Le garçon, amusé et dépité, se tenait debout au centre du cercle formé par les déplacements de la furie, concentré, évaluant avec précision toutes les possibilités s’offrant à lui. Tels deux généraux dont les soldats seraient sylvestres, le capitaine et son lieutenant luttaient au milieu d’un champ de bataille fictif pour une puérile question hiérarchique et alors qu’il semblait aussi léthargique qu’un lézard au soleil, Sly emmagasinait discrètement toutes les données nécessaires à l’établissement d’un plan de bataille.

* Probabilité d’un assaut à gauche : 8%. Probabilité d’une attaque à droite : 4% *

Était-ce le flagrant manque d’humour d’Ayame ou la maladresse maladive de son capitaine qui rendait cette situation si ordinaire? Sly ne comptait plus le nombre de combats qu’il avait dû endurer, le nombre d’attaques de cette tigresse qu’il devait fréquemment contrecarrer dans le seul et unique but de garder sa dignité et son poste au gotei 13. Que le ciel en soit témoin, cette journée verrais une nouvelle fois l’humiliation rencontrer l’insoumise. Son regard passant d’une flaque à une branche, d’une feuille allongée sur le sol à l’écureuil observant, dépité, les deux shinigamis livrer bataille sous son toit, le jeune capitaine analysait avec démence absolument tous les détails de la scène. Son enveloppe endormie dissimulant parfaitement la frénésie de son esprit, il préparait discrètement Tenbatsu à rentrer en scène si nécessité il y avait. Devant lui s’étendait un large espace recouvert d’un linceul de feuilles mortes trempées et glissantes. A sa droite trônait un arbre, large, aux branches basses et solides, assez tout du moins pour décourager son adversaire de l’assaillir de ce côté. Enfin, il était peu probable qu’Ayame vienne du flan restant puisque Sly maniait son sabre de la main gauche. Bref, à la manière d’un loup, la féroce lieutenant frapperait là ou la difficulté pour son ennemi d’éviter serait la plus grande : par derrière.

« Bakudo 52, Yuurei Den’kou »

Dans le même instant, le capitaine se délesta d’une importante quantité de reiatsu et utilisa son shunpo le plus rapide pour être certain de semer le regard acéré de sa subalterne. L’énergie résiduelle laissée volontairement à son emplacement initial prit instantanément la forme frêle du paresseux tandis qu’Ayame surgissait pour asséner à l’illusion ainsi créée une multitude d’attaques rapides et théoriquement mortelles. Un sourire mesquin s’épanouit sur le visage morne du capitaine lorsque l’illusion explosa en une multitude d’éclairs paralysants. Si ce sort fut été une très bonne diversion, Sly ne se faisait aucun songe quant à son résultat final. Comme lui, son lieutenant utilisait la foudre comme arme et avait de grandes chances d’être partiellement immunisée contre un bakudo utilisant cet élément. Dommage…elle ne serait sûrement pas paralysée et la bataille ne faisait donc que commencer. Toutefois, Sly voyait en cette situation une bonne occasion de plaisanter. Inversant les rôles et profitant du désappointement passager de la belle, il débuta une danse sans fin, une fuite entre les arbres, se montrant parfois à gauche, souvent en face, effleurant ici une feuille pour qu’un son crispant parviennent à ses oreilles, lâchant là une parole pour déconcentrer son adversaire.

*Le sang d’une amie ne doit pas couler * répétait Tenbatsu toujours dans son fourreau dans l’esprit de son maître. Evidemment, même s’il ne doutait pas qu’elle n’hésiterait pas un instant à le blesser, lui n’en avait pas le courage. Son sabre ne quitterait pas la chaleur de son étui tant qu’il ne serait pas acculé, sa lame ne trancherait aucun membre si sa propre enveloppe charnelle n’était pas réellement menacée. Pour cela, Ayame le détesterait sûrement car il est certains qu’il n’est pas très plaisant d’être vaincu par un adversaire désarmé. Cependant, là s’étendait les convictions du capitaine. La violence en tant que dernière résolution, le sang en tant que source de vie, la mort en tant que non-victoire. Secouant doucement la tête, manquant a cette fin de percuter un tronc rendu huileux par la pluie, Sly chassa de sa tête ces pensées qui n’avaient pas à y être durant un combat. Comme l’avait auparavant fait son lieutenant, il décida du moment propice à un assaut et s’élança. Seulement, alors que la belle aimait le conflit direct, lame contre lame, le capitaine préférait de loin le combat à distance. S’arrêtant à une dizaine de mètres de l’officier, Sly tandis ses mains vers elle, paumes fixant là voute sylvestre. De ce mouvement naquit une foule de faisceaux écarlates se dirigeant droit vers la guerrière qui rejoindrait l’obscurité pendant un temps si elle encaissait cette attaque.

« Hado 47, Akasenkou »

C’était toujours étonnant de voir à quelle vitesse il sortait des bras de Morphée pour passer du crétin fini et maladroit, au combattant aguerrie capable de rivaliser avec la capitaine commandant lui-même. Cette dualité m’agaçait au plus haut point. Dans la vie, j’aimais les rapports simples, l’hypocrisie, la sophistication, et les masques n’étaient pas mon fort. J’étais peut-être crue dans mes relations aux autres, mais j’avais l’avantage d’être honnête.

Je m’étais donc chargée de l’encercler à moi seule, arme au poing, et prête à lui prouver si ce n’était ma supériorité, au moins ma valeur. Quand j’arrivais enfin dans son angle mort, après l’avoir quitter des yeux à peine plus d’une seconde, je ne réfléchis pas et saisie ma chance de l’embrocher. Grossière erreur, ma lame ne rencontra aucune résistance alors qu’elle lui traversait les omoplates, pourtant il était toujours là, devant moi. Je ne compris le stratagème que trop tard, quand je basculais dangereusement vers l’avant et que l’image de mon supérieur éclata pour être remplacé par un charge de reiatsu: Un clone doublé d’un Bakudô, un piège des plus étudié.
Je poussais un glapissement d’animal blessé, alors que la masse de reiatsu révélait sa nature élémentaire, se changeant en une nuée d’éclair qui jouait à présent avec mes nerfs et mes muscles. De tout les éléments maîtrisables, la foudre n’était peut-être pas le plus dévastateur, mais c’était de loin le plus douloureux. Je serais les dents tandis que l’électricité me traversait, et m’empêchait d’esquisser le moindre mouvement. Rakurai et moi n’avions pas toujours été en si bon terme, et lors des premières décennies à ses cotés, il m’avait électrocuté un bon milliard de fois. Je n’étais certes pas complètement immunisée contre ce type d’attaques, mais suffisamment habituée à les encaisser pour pouvoir m’en remettre facilement.

« Pas avec moi ! »

Hurlais-je à son attention, car j’en été sûre, il été resté regarder au lieu de s’enfuir comme il l’aurait dû. Je reprenais peu à peu le contrôle de mon corps quand le craquement sec d’une brindille sur laquelle on marche m’apprit qu’il avait reprit sa fuite. Je m’élançais, maladroitement d’abord à sa poursuite avant de reprendre peu à peu mon assurance et ma puissance. Il voulait la traque, il allait l’avoir ! J’étais infatigable dans ce genre de situation, prête à poursuivre ma proie durant des jours sans boire ni dormir. Je ne l’aurais peut-être jamais à la vitesse, mais à force, c’est l’endurance qui lui ferait défaut.
Il me narguais et jouait avec moi comme le ferait un chat avec une souris, disparaissant puis réapparaissant devant moi presque à porter de main, ou épaule contre épaule. Il poussait le vice jusqu’à lâcher de petites piques mesquines, faisant résonner et rebondir contre les troncs le son de sa voie. Parfois il agissait réellement comme un enfant qui s’amusait. Je ne perdis pas sa trace, grâce à l’odorat exceptionnelle héritée de mon Zanpakutô. Je continuais à le poursuivre, pistant son odeur de cendre et de pluie à travers les géants de bois, sans parvenir à le rattraper … Il était pourtant tout proche, à peine à une dizaine de mètres.

« Tu ne pourras pas m’éviter éternellement. »

Son odeur s’intensifia, et le son de la course se calma soudainement : Il s’était arrêté. Rakurai et moi, aussi surexcités l’un que l’autre, étions préparer à attaqué dés qu’il serait à vue. Mais au lieu de voir apparaître sa silhouette d’adolescent élancé, ce sont des rayons écarlates et lumineux qui se dessinèrent à l’horizon et qui arrivèrent droit sur moi. J’enrageais littéralement. Encore une attaque à distance, encore du Kidô, je me demandais quant le flémard se déciderait à m’affronter avec ses vrai armes. La lumière intense m’obligeât à fermer les yeux pour éviter qu’elle me brûle la rétine.

« Je déteste quand tu fait tes petits tours ! Ne peux tu donc pas combattre face à face ? Fils d’homme»

L’insulte suprême était reprise en cœur par Rakurai qui s’égosillait dans mon esprit. Un shunpô de coté ne me permit que d’esquiver en partie l’attaque. Les rayons vermeils me brûlèrent la joue, le bras à plusieurs endroits, ainsi que la cuisse. Des traces rougeâtres striaient mon côté gauche, laissant la chair à vif, et se couvrirait certainement de cloque dans quelques heures. Qu’importe ! J’étais suffisamment habituée aux coups et endurcie par le combat pour pouvoir encaisser cela sans broncher, et continuer à combattre à mon maximum. Je ne pris même pas la peine de m’arrêter pour vérifier mes blessures, je restais en mouvement et me ruais directement sur lui. Rakurai fit brûler son énergie, et moi mon reiatsu, car là était notre meilleur chance. Et alors que ses éclairs azurés zébraient ce champ de bataille improvisé, je lui soumis mon unique requête :

« Je veux la voir cette fois… ta princesse… ton Zanpakutô ! »

Mes pupilles se dilatèrent et je levais mon sabre bien droit au dessus de ma tête, avant de le diriger vers ma cible. « Châtiment divin » L’air au dessus de la tête de Sly ondula et l’énergie menaçante s’y accumulait à une vitesse prodigieuse. Juste avant que le coup de tonnerre ne résonne je ralliais la distance qui nous séparait, Rakurai lever et prêt à mordre. C’est ainsi que cela devait se jouer : face à face, lame contre lame, sans aucun artifices de Kidô. Et malgré ma joue endolorie, c’est avec un sourire éclatant, découvrant des dents blanches de carnivore, que j’arrivais sur lui. Rakurai de son côté s’ouvrait prêts à recevoir ce que l’autre esprit voudrait bien lui donner. Sa lame rayonnait plus intensément que jamais et dans un sursaut de témérité, il s’adressa même directement à l’intéressée.
* ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas croisé souveraine des nuages. Montre toi Tenbatsu ! *
Parfois je me demandais si le canidé n’en pinçait pas un peu pour cette soi-disant princesse. La première fois qu’il l’avait vue, il avait déclaré qu’elle générait les plus magnifiques éclairs qu’il n’avait jamais vus, et qu’elle méritait le ciel le plus sombre et nuageux pour y propager ses joyaux électriques. Ces réflexions m’avaient laissé perplexe, mais après tout si mon terrestre compagnon avait envie de se briser le cœur dans une relation unilatérale avec une entité céleste, c’était son droit.

Citation :

« Transperce les cieux déchainés, Tenbatsu »

Voilà ce que je rêvais d’entendre depuis le début de cette petite escarmouche. Je connaissais la lumière de Tenbatsu, elle était belle et colorée mais puissante au point de vous brûler les rétines. Alors quand Sly la fit briller, je fermais les yeux très fort jusqu’à ce qu’on n’en distingue plus que deux profondes rides et plaçais une main devant moi pour me protéger. Je savais que rien ne servait de la combattre, j’allais devoir renoncer à mon sens de la vue, durant tout le temps où il aura dégainé sa lame. Il me restait encore 4 sens, dont un odorat hyper développé pour livrer cette bataille et pour discerner les mouvements de mon adversaire. Dans un mouvement sec, j’arrachais une manche de mon uniforme et utilisais le pan de tissu pour bander mes yeux. Ainsi aveuglé, j’allais enfin pouvoir lui faire goûter à mes crocs.

Le craquement de ma foudre se fit entendre, et un éclair fendit l’air comme sortit de nulle part. J’avais espéré le voir se faire électrocuté à son tour, mais à mon grand désarrois, je vis mon châtiment divin rebondir sur un dôme d’énergie spirituelle. Raté. Cet échec ne m’empêcha pas de me jeter à sa gorge, Zanpakutô au poing et toutes griffes dehors. Le moment était venu de tout donner et de se battre sans artifices ; Et tandis que nos lames s’entrechoquaient, un bourdonnement presque incompréhensible se faisait entendre dans mon crâne

* […] tu remplirais le ciel de ta foudre magnifique, nous guidant de tes lueurs, et je te ferais honneur en menant la meute à la chasse sous la pluie battante. Nous serions craint de tous et […]*

J’avais peur de comprendre de quoi il s’agissait. Ces douces promesses n’avaient pas leurs places dans notre lutte pour le pouvoir. C’était mauvais, l’âme de mon Zanpakutô et la mienne n’était plus en harmonie. Nos objectifs divergeaient :
Je voulais la perte de Sly ainsi que celle de son Zanpakutô, alors que Rakurai voulait la meute et une femelle. C’était tout simplement écœurant.
Je ne me laissais pas déconcertée par ces jérémiades inutiles. J’étais concentrée sur ma tâche, j’étais forte, rapide et efficace. Et tant que nous étions face à face, j’avais l’impression d’être imbattable. Je savourais chacune de ses parades qui devenaient de plus en plus difficile, le regardant s’affaiblir sous chacun de mes coups d’une extrême violence. Je sentais que, pour la première fois depuis très longtemps, j’avais le dessus sur lui. Lui aussi sentait qu’il n’était pas à ma mesure, ma force était celle des grands prédateurs, le chat domestique et paresseux qu’il était ne pouvait rien contre ça. Mon heure de gloire était-elle enfin venue ? Allais-je pouvoir prendre la tête de la huitième division, ma meute ?

* […] Tu pourrais venir dans mon monde, je t’y invite avec joie ! Les grandes forêts nordiques ont leurs charme tu sais […] Je sacrifierais un grand cerf à ta gloire toute les nouvelles lune [..]*

Mon électrique compagnon semblait laisser la belle bien indifférente.Il était toujours tout les deux en face de nous, parant comme il le pouvait nos attaques dévastatrices, et pourtant il semblaient absent. L’adolescent fini par briser le silence qui s’était installé, pour laisser le naturel revenir. Il était toujours aussi bavard malgré ma domination plus que flagrante, et se laissa aller à quelques répliques de son cru. Qu’est ce que ça pouvait agacer !

Citation :

Tu penses vraiment me vaincre en fonçant droit dans le tas? Et si on recommençait plutôt notre partie de cache-cache?

« Tu as peur petit homme ? Tu t’enfuis déjà ?
Je ne te laisserais pas faire !!! »

J’avais déjà pris de l’élan pour m’élancer à sa poursuite et pour lui barrer la route. Cette fois ci, j’avais bien l’intention d’arrêter de jouer avec ma proie et viser la gorge, toutefois ce dernier choisi d’avoir encore recourt à ses petits tours de passe-passe. Sekienton, le nuage de fumée, une technique de lâche. Je retirais le bandeau de sur mes yeux, ce qui n’eut pas grand effet : impossible de voir à plus d’un mètre dans cette purée de pois. Pire encore, la fumée répandait son odeur âcre sur notre champs de bataille, et m’empêchais de la localiser Sly grâce à mon nez. Je m’égarais dans cette brume blanche et épaisse sans trop savoir par où aller. Soudain, une lumière vive qui passait de l’indigo, au rouge, puis au jaune se mit à briller. * Je t’ai trouvé, petite teigne. * pensais-je avant de me jeter en direction de la lueur émise parla princesse des nuages, sans plus de réflexion.
Rakurai fendis l’air, ses vibrisses électriques frémirent d’excitation. J’étais maintenant assez près pour pouvoir distinguer la lame de foudre. Un simple pas plus près, et un frôlement doux me caressa le bras, le ventre, et une cheville. Je pouvais ressentir plusieurs mouvements tout autours de moi, mais la fumée m’empêchait toujours de voir de quoi il s’agissait. J’eu la bêtise de les prendre pour des insectes. Rakurai était presque entré en contact direct avec sa bien-aimée quand la première des sphères explosa à mon contact. 1 seconde avant l’explosion, 1 seule seconde amplement suffisante pour comprendre que j’avais été bernée.


Les autres sphères explosèrent tours à tours. Je ne pouvais pas dire combien il avait réussi à en créer. Mais à partir du moment où j’avais pénétré son périmètre, j’avais perdu toute chance d’esquiver cette attaque. Saleté de Kidô !
Je tombais … et je n’avais plus la force d’essayer de me retenir. L’autre manche de mon kimono qui avait jusqu’alors réussie l’exploit de rester intact, se fit déchirée par un milliers de brindilles. Mon dos heurta une branche épaisse, et la force de choc et de ma masse sur celle-ci la fit cassée dans un craquement sec que je pris d’abord pour le son de mes vertèbres qui se brisaient. Ma chute prit fin quand ma tête heurta en premier l’humus humide de la forêt. Le choc m’obligea à évacuer d’une expatriation brutale tout l’air que contenaient encore mes poumons. Je laissais échapper un glapissement plus canin qu’humain. Mon corps n’était que douleur.
Une telle chute aurait sans doute tué n’importe quel mortel, heureusement que nous autres shinigami étions bien plus que cela. J’essayais péniblement de me relever, mais j’avais gaspillé trop d’énergie lors de nos passes, et maintenant je payais le prix de ma vanité de tout à l’heure. Je me laissais à nouveau glissé lourdement sur le sol jusqu’à me retrouvée à genoux. J’empoignais Rakurai, dans mes deux mains, prête à me battre et me mis en garde comme dans cette posture, incapable de me relever.

« Tu es vraiment un être fourbe Sly … VIENS ! Je t’attends. Bakudo #78 <> Tsuki Tate »

Le bakudo branlant que je venais de créer et qui ne s’étendait guère qu’à 1 mètre autours de moi, me vida du peu d’énergie qui me restait. J’étais à présent exténuée. Je n’aspirais plus qu’au même culte que celui de mon supérieur : celui de la paresse. Mon pathétique état avait même des répercutions sur mon Zanpakutô, tellement faible qu’il commençait à délirer.

*oh… c’est la pleine lune. J’ai promis de lui sacrifié un cerf…*

Quelle ironie. Je n’étais plus en état de combattre, mais tout aussi incapable d’abandonnée.

Citation :

- J’espère sincèrement que tu y résisteras…

Ma vision trouble n’arrivait pas à discerner l’expression du capitaine, mais le ton de sa voix dégoulinait de compassion. Cela suffit pour me mettre dans une rage folle. Le genre de colère qui vous pousse à vous époumoner alors même que respiré est devenue une chose difficile.

- Tu crois que tu me fais peur ??? Tu n’es qu’un enfant. J’ai survécu à bien plus, et je le ferais encore.

Sly leva à son tour son arme, et la foudre et la lumière m’aveuglèrent à nouveau. Mais cette fois la pression spirituelle était si intense qu’elle chassa tout l’air contenu dans mes poumons, et un réflexe mécanique me fit trembler de tout mon être jusqu’à faire s’entrechoquer bruyamment mes dents. Confinée dans ma bulle protectrice, j’arrivais péniblement à pousser sur une de mes jambes pour ne me relever qu’à moitié. Mon mental me supportait plus que mes jambes, et je mis mes toutes dernières forces dans un coup de Zanpakutô qui aurait suffi à trancher en deux n’importe quel Hollow.

« Propagation ! » L’adolescent allait enfin savoir ce que ça faisait quand l’électricité utilisait vos nerfs comme câble conducteur.

Un coup de tonnerre, et l’éclair qu’il avait créé vinrent se fracasser contre ma barrière de Kidô qui se brisa comme s’il avait s’agit d’une simple coquille d’œuf. La membrane blanche se fissura lentement en dessinant de la dentelle sur toute sa surface. Puis, l’énergie spirituelle qui la composait s’évapora lentement, me laissant sans défense face à son attaque.

[…]

Cette fois ce fut le coup de trop. Je tombais en arrière, mon postérieur heurta le sol et mes membres ne répondaient plus. J’étais tellement affaiblie que j’avais même relâché mon emprise sur mon compagnon qui gisait non loin de moi. Allongé sur le dos, me raccrochant aux lambeaux de ma conscience, je contemplais la voûte verte clairsemée de lumière. Il fallait que je me rende à l’évidence : Cette fois, je ne pourrai plus me relever.

Il me fallut un long instant avant que je n’arrive à retrouver une respiration normale et que je ne retrouve l’usage de la parole. Je me drapais dans ce qui me restait de dignité pour lui lancer d’une voie brisée par moments :

- Très bien… Je t’autorise à garder encore un peu la huitième division.

Quelques fragments du reiatsu électrique du capitaine, stagnaient encore dans mon organisme et contractaient mes muscles déjà endoloris, m’empêchant toujours de bouger. Je tournais légèrement la tête pour apercevoir son visage, mais mes rétines endommagées par la lumière ne me renvoyèrent qu’une image floue.

- Je suis fatiguée !
Un souffle las s’échappa d’entre mes lèvres.
- Alors à moins que tu n’aies envie de te laisser aller à tes bas instincts d’humain … [ La meute ne s’entre-tuait pas, mais en même temps Sly n’était pas un loup. Il ne se battait pas comme un loup, si ça avait été le cas, je l’aurais sans doute vaincue il y a longtemps, et aurait traîné les fesses d’un autre mâle alpha, digne de ce nom, sur le « trône » de la division pour mener la meute à mes côtés.] Je vais me reposer un instant. Je ne pense pas que tu sois bien placé pour me jeter la pierre pour ça, alors …

Je me roulais en boule, callée entre deux énormes racines, et fermais lentement les yeux. Dans mon univers à moi, les guerriers ne s’abaissaient pas à se faire soigner par des infirmières de la 4°. Non, ils encaissaient les coups qu’ils recevaient, et s’ils n’étaient pas assez forts pour s’en remettre, ils mourraient.
Le capitaine sembla hésité un instant. Il fit un pas en avant, se rapprochant de ce fait de Rakurai qui gisait couvert de feuilles mortes à quelques centimètres de moi. L’esprit prisonnier du métal se mit à grogner, et la lame vibra d’une manière presque imperceptible aux rythmes de ses grondements. Ne savait-il pas qu’on ne devait jamais s’approcher d’animaux blessés ?

* Tu me touches ! J’te bouffe !*

- Je te laisse la paperasse du jour et je te conseille de commencer immédiatement tant que l’adrénaline dans ton sang te tient éveillé. Il y a une proie suspendue un peu plus loin si tu as besoin d’être nourri….Mmmppfff…

Je le voulais très loin d’ici et plus vite que ça. … Je refusais de lui offrir le spectacle dégradant de moi léchant mes propres plaies. Plutôt crever.