Petite balade dans les bois... [PV Kensei]

La journée s’annonçait assez banale comme toutes celles que Kensei eût à passer dans sa division. Le ciel était bleu, les oiseaux chantonnaient, et il faisait vraiment bon vivre, en plus d’une brise fraiche qui pouvait bercer plus d’une personne. Le stéréotype incontesté d’une belle journée d’été. Pour le vice capitaine de la cinquième division, c’était vraiment l’ennui total. Pour une fois, il en avait fini avec la paperasse, et ne savait vraiment que faire. S’entrainer était peut être la seule solution, mais il fallaitt dire que ces temps ci, il n’était vraiment pas d’humeur combative. Le manque d’un capitaine à la tête de cette division pesait énormément sur ses épaules. Il était malgré sa deuxième place, le premier homme sur qui compter. Il appréhendait un peu, l’idée de donner des ordres sans une autre opinion que celle d’un homme plus expérimenté que lui, aussi demandait-il quelques conseils à divers capitaines d’autres divisons quand le temps le lui permettait. Il était rare de le voir inactif, sous peur de tomber dans son état de schizophrénie. Un problème psychologique qu’il n’arrivait à régler depuis sa plus tendre enfance…

C’est pour éviter ce pitoyable état aux yeux des officiers qui l’aimaient et qui le respectaient grandement, qu’il se résigna un peu à faire une ronde d’inspection dans sa division. Une bonne petite promenade ne ferait sans doute pas de mal. Tout était calme dans le coin, et aucun bruit notable n’était vraiment perceptible. De ce fait, il avait complètement oublié qu’il s’agit d’une journée de repos pour tout le monde. D’où son anticipation quand aux travaux administratifs, pour bien profiter de cette journée. Mais que fallait t-il faire ? Malgré sa sociabilité avec ses officiers, il ne trainait presque jamais avec eux. Il lui arrivait de se poser dans un ou deux bars, pour partager des moments de détente avec eux, mais ces jours étaient assez rares, voir quasi-inexistants. Sa place de lieutenant ne lui permettait pas de nombreuses choses. S’il avait un capitaine à ses côtés sur qui il pouvait compter, et se confier, cela aurait été bien plus facile. Mais tel n’était malheureusement pas le cas. Il était à peu près dans la même situation que le lieutenant de la onzième division, mais étant tellement absorbé par le boulot, Kensei ne le connaissait même pas. Ensemble, ils auraient sans doute partagés des idées et opinions pour s’entraider… Le seul vice capitaine qu’il avait rencontré lors d’une petite soirée en dehors de ses quartiers était un certain Sanosuke Sagara de la troisième division. Un homme froid, sur lequel il devait ne pas pouvoir compter en cas d'extrêmes besoins…

A force de pensées profondes, il se retrouva subitement au Rukongai. Il avait tellement marché, qu’il ne se voyait plus revenir à la cinquième pendant un bon moment. Trainer dans ces quartiers malfamés ne l’enchantait guère. La forêt n’était plus que la dernière option à prendre. Selon ces petites circonstances, le choix n’était même plus de mise. Ses yeux balayèrent la voie qui menait en plein cœur du premier district du rukongai. D’un air résigné, il mima une grimace, et disparut d’un seul coup du point où il était encore. Le shunpo faisait des merveilles. Une fois arrivé en lisière de forêt, un sourire se dessina sur son visage. La sérénité du lieu, et le contact direct avec la nature étaient choses qui le charmaient beaucoup. Quoi de mieux pour un singulier comme lui. Malgré le fait qu’il ne s’agissait pas d’un désert, Kensei s’y sentait vraiment bien. Dès lors, il s’enfonça d'un pas vif dans les ténèbres de cette verdure. Il y marcha un court moment, et entreprit de s’avachir sous un arbre. Une grosse sieste bien méritée s’imposait…

Ses paupières se fermaient petit à petit, lorsqu’un réiatsu assez puissant, vint troubler sa quiétude. Il n’était pour l’instant pas sur ses gardes, puisque l’énergie spirituelle semblait elle aussi paisible, et n’exerçait aucune pression. Et puis tout d’un coup, un homme au gabarit moyen, et notable fit son apparition à plusieurs mètres devant lui. Un shinigami à la chevelure longue, et toute aussi blanche que la sienne. L’avait t-il suivi ? Apparemment pas. Kensei savait parfaitement camoufler son énergie spirituelle. Il pouvait se rendre clandestinement dans un lieu, tel les soldats de la deuxième, mais gare, s’il s’avérait qu’un homme plus puissant que lui était dans le même coin.. Ses yeux roulèrent lentement vers un brassard qu’il portait. Un vice capitaine en somme. Ce personnage semblait lui rappeler quelqu’un, mais il ne savait plus vraiment qui…

Ce n’est que lorsqu’il s’assit que Kensei se leva. Encore caché par des arbres, il s’avança vers le lieu où l’autre officier s’était tranquillement installé. Celui-ci allait certainement croire qu’il arrivait après lui. Lorsqu’il fut un peu plus proche, le lieutenant de la cinquième ne put s’empêcher d’élever sa voix…

- Bel endroit pour se reposer n’est ce pas… ?

Politesse, et douceur. Quoi de mieux que ces ingrédients pour approcher quelqu’un ? Tout comme son homologue vers qui il s'avançait, son brassard qui le désignait deuxième de sa circonscription, était solidement attaché à son bras. Serait-t-il questions de formalités entre ces deux personnes ? Kensei n’en savait rien. Le seul truc qu’il s’attelait à faire, c’était s’avancer davantage vers la personne à qui il adressait la parole, jusqu'à s’asseoir lui aussi sous un arbre, tout près…

L’entendre parler était un honneur, sinon qu’une grande chance. Les shinigamis, mis à part ses propres officiers, et les rares amis qu’il avait eu, aiment ne pas lui adresser la parole. Allez savoir pourquoi. Certains malgré son rang de vice-capitaine n’avaient pas encore digéré le fait qu’il venait de la noble société du seireitei. Ce n’était pourtant pas lui qui avait demandé cette situation. D’autres à cause du caractère injurieux que représentait sa couleur de peau, voulaient ne pas se frotter à lui. Que des futilités, qui l’avaient mis à l’écart dans cette armée, ù le mot solidarité, semblait ne pas avoir de sens. Sans l’intervention de certaines personnes, il aurait probablement été banni. Porter ces circonstances à cœur, l’aurait amené à devenir aigri, et plus tard, un grand traitre, haineux à l'égard des shinigamis. Bien heureux était-il de n'être pas arrivé à ce stade assez critique...

L’homme en face de lui avait un minimum de considération pour Kensei, malgré que celui-ci fût venu le déranger dans ses songes et méditations. Sa parole semblait assez sage, à croire qu’il était vraiment en face d’un grand connaisseur. Que pouvait ajouter le vice capitaine de la cinquième, si ce n’est approuver ses dires d’un hochement furtif de la tête. Il n’y avait rien de tel qu’un repos en pleine forêt par une si belle journée d’été. Par chance, Kensei avait bien choisi sa place. L’herbe sous son postérieur était confortable, et les feuillages sous lequel il était assis filtraient merveilleusement bien les forts rayons du soleil. A vrai dire, il était presque plongé dans la pénombre. A la vue du regard de son voisin sur lui, il réalisa que cette obscurité n’était que partielle, puisqu’il semblait dévisager l’insigne qu’il avait lui aussi. A part en combat, regarder et détailler un individu avec une telle instance n’était pas son fort. Il avait beau se forcer, mais rien n’y fit. Malgré son sourire, ses se roulèrent malencontreusement vers un autre point, un peu comme si il fuyait le regard d’autrui. Les opinions et impressions premières ? Peu pour lui…

Ce n’est qu’à la deuxième phrase de son interlocuteur qu’il souleva ses yeux vers lui. Vu de près, Kensei remarquait bien que son physique sortait vraiment du commun. De ses deux bras, il prit appui sur des racines, qu’il empoigna solidement, et redressa légèrement son torse, en laissant ses pieds tendues devant lui. D’un geste assez vigoureux, il délogea les brins d’herbes vertes qui se trouvaient sur son shihakusho, et soupira. Il s’en rappelait maintenant… Hyouri Himitsu. Nom qui revenait sans cesse dans sa division alors qu’il n’était encore qu’un pathétique cinquième siège. D’humeur solitaire, il fallait dire qu’il ne l’avait aperçu qu’une ou deux fois, en entendant quelques petites rumeurs sur lui. Des choses auxquelles, il ne portait pas forcement attention. Avait t-il ce temps de toute façon… ?

Certaines choses s’éclaircissaient maintenant. Il se rappelait qu’il faisait parti d’un bataillon que cet homme avait une fois commandé. En ce moment là, leur lieutenant était une femme qu’il connu très bien. Une combattante, qu’il serait loin d’oublier. En ce jour, le voilà devenu l’égal de celui qui ne le reconnaissait pas. Normal. Qui est ce qui faisait attention au morpion qu’il était, et qu’il demeurait aux yeux de certains ? Pas même Hyouri du nom. Finalement et au fond, Kensei ne pouvait pas lui en vouloir. Etant seulement cinquième siège, il avait fort à faire, alors qu’il n’imaginait même pas ce que c’était d’être troisième siège, ou lieutenant…

D’un air toujours aussi jovial que d’avoir un sempai, autre que Sanosuke devant lui, Kensei fit un petit sourire, loin d’être timide, et répondit de manière toute simple…

- Pourquoi me dire que vous êtes un ancien de ma division alors que vous êtes maintenant vice-capitaine ? Pour vous répondre, je ne vous ai simplement pas marqué… C’est peut être la seule explication.

Il frotilla sa chevelure d’un air las, les yeux vers le bas, et s’appliqua à se présenter à son tour:

- Go ban tai fukutaisho, Kojima Kensei...

Il se rappelait du mouvement reflexe qu’avait effectué Sanosuke, pour le retard de sa présentation, aussi s’était t-il attelé à le faire tout aussi rapidement, pour éviter de passer pour un récent lieutenant qui s’avérait malpoli, tout ça parce qu’il avait rattrapé le niveau de ses supérieurs d’antan…

- C’est aussi une journée de repos dans votre division ?

Tous les lieutenants de la soul society semblaient être vieux, ou expérimentés par rapport à Kensei. Ce n’était vraiment pas de veine. Cette situation quelque peu embarrassante, le poussait à croire qu’il était le plus faible, parmi tous ces piliers sur lesquels on pouvait compter. Cas qui ne le décourageait pourtant pas. Il avait, et ce toute sa vie, continué de persévérer dans ses entrainements, et dans ses tâches au nom du Gotei 13. Arrivé à ce stade, il n’avait ni droit à l’erreur, ni droit au découragement. Tout comme le vice-capitaine de la onzième, Kensei était très valeureux, et responsable, et ce malgré sa récente promotion. Ils sont combien, les lieutenants à se vanter de faire mieux que ces personnages qui n’avaient aucun capitaine pour les épauler ? N’étant pas homme à se prendre la grosse tête, Kensei chassa automatiquement ces idées de son esprit. Tout comme lui, et à tout moment, n’importe quel autre lieutenant pouvait se retrouver à sa place. Dieu seul saurait peut être comprendre les peines qu’éprouvaient ces lieutenants…

Tout en observant Hyouri du nom, le schizophrène avait bien vu la disparition de son sourire mimé bien avant ses réponses. Il espérait justement que celles-ci règleraient le malentendu, qui lui fit changer instantanément de mine. Malentendu qu’il ignorait tout bonnement. Serait ce à cause de ce dont il avait pensé ? Rien n’était vraiment improbable avec ces anciens, et il s’attendait à tout. Il espérait simplement que sa relation serait mieux que celle qu’il eût avec Sanosuke. Un autre lieutenant tout aussi bizarre…
Et puis il sa phrase. Douce et formelle à la fois. Autant dire qu’il avait quelques peu raison. Cette personne l’avait aidée du temps où il n’était encore qu’un minable cinquième siège. Mais il n’y avait pas qu’elle seule. Il avait aussi connue une toute autre lieutenante qui l’avait soutenue. Un autre point n’était pas à négliger dans sa phrase. Lui semblait s’être rappelé de qui était Kensei, jusqu’à énumérer son rang au sein de la division. Une division qu’il n’avait jamais quittée depuis son admission au gotei…

- Je suis assez flatté que vous vous rappeliez même de mon rang. C’est peu commode ces temps ci…

Hyouri-sempai était assez charismatique. Ce n’était sans doute pas pour rien, s’il faisait parti de l’élite de la deuxième division. Il forçait le respect, et il était bien évident qu’il avait gagné celui de Kensei. Tout comme celui-ci d’ailleurs, il était doté d’une tranquillité et d’une discrétion assez inébranlable, et s’était abstenu de faire des commentaires sur certaines paroles de son ancien officier. Etre du même niveau, et du même rang que lui relevait d’une bizarrerie assez gênante. Un soupçon de complicité se créerait peut être à la suite de cette journée, qui commençait à prendre une allure charmante. Les deux hommes avaient presque quelques points communs, notamment l’affection qu’ils portaient pour leur ancienne supérieure. Il y avait une chose cependant que Kensei ignorait depuis. Comment était-elle morte ? Les circonstances demeuraient mystérieuses, et leur capitaine n’avait pas voulu lui en dire davantage. Ce n’est pas non plus qu’il n’avait pas l courage de le demander sereinement Hyouri, mais il ne voulait pas par la même occasion, raviver la douleur de sa disparition dans son cœur, et ce, même s’il avait cité son nom.

Tout juste à ses côtés, quand il détourna encore une fois son regard de celui de son homologue, Kensei vit une herbe comestible qu’il déterra, histoire de la mâchouiller. Le soleil gagnait en ampleur, et une partie du feuillage, semblait ne pas suffisamment filtrer ses rayons qui s’amusaient à taper une partie de son visage. D’un geste assez lent, il se leva, et décrassa rapidement le bas de son shihakusho, où les herbes étaient plus susceptibles de s’y loger. A l’ouïe de sa troisième phrase, Kensei soupira comme il en avait l’habitude. Mentir ne servirait sans doute pas. Il était assez éprouvé pour sonder les expressions du vice capitaine de la cinquième. Son soupir montrait déjà ce qu’il pensait. Le métier de vice-capitaine était assez dur, mais sans capitaine, alors là…

C’est d’un pas assez lent, qu’il se mit à franchir l’atmosphère, comme si il y avait des escaliers menant au lieu où était perché Hyouri. Si les shinigamis ne savaient pas voler, ils s’avaient néanmoins léviter, ce qui était une aptitude non négligeable au combat. Et puis, cela annonçait clairement son attention. Faire un shunpo aurait été assez prétentieux, en espérant encore que ce qu’il faisait lentement n’était pas pire…

Arrivé tout juste aux côtés de Hyouri, Kensei se posa dans le vide, en ayant une vue opposé à celle de Sanosuke. Il plia un peu ses genoux vers l’arrière, un peu comme si il se recroquevillait, et ferma les yeux en mâchouillant le brin d’herbe qu’il avait.

- Le destin est parfois étonnant… En même temps, je dois vous avouer que c’est assez difficile sans capitaine à la tête de notre division…

Sans en rajouter, Kensei après avoir ouvert ses yeux, portait vaguement son regard devant lui. Il n’allait tout de même pas chercher à avoir une quelconque pitié de sa part. Et puis, ce n’était de toute façon pas son genre...

- Mais bien sur que non… Qui vous a… Enfin… Qui t’a déjà dit ça ?

C’est en secouant ses mains, les paumes dirigés vers l’avant, que Kensei essayait tant bien que mal de se justifier. Ses yeux dilatés étaient exorbités, en plus d’une grosse goutte sur son front. Soit on trouve qu’il est malpoli, soit purement l’inverse. C’était bien la peine de lui adresser la parole. A cet instant, le vice-capitaine de la cinquième division, soudainement sorti de ses rêveries, soupira, comme à son habitude. Pourquoi fallait t-il que cela lui arrive à lui ? Il gratta machinalement son menton démuni de pilosité, et porta un regard dans les airs, l’air pensif. Qui était l’imbécile qui lui avait dit qu’il était vieux hein ? Son propre capitaine ? Raison pour laquelle il déversa sa petite colère retenue jusque lors sur lui ? Un complexe d’âge ? Comme si cela affectait son physique qui troublait plus d’une fille de sa division… La veine était décidément de son côté. En même temps, il aurait pu être un peu plus calme pour parler. Cela aurait évité au pauvre protagoniste, un moment pathétique lors duquel il se justifiait comme une jeune fille timide. Décidément… Les lieutenants étaient tous aussi bizarres les uns que les autres. Hormis sa propre schizophrénie, Kensei était certainement le plus correct dans le lot… Rien qu’à y penser, il mima une grimace, en prenant le plus grand soin d’avoir reporté son visage ailleurs… Manquerait plus qu’il remarque cela…

Son élocution suivante le força à prendre une mine sérieuse. Il s’agissait là d’un conseil qui s’avérait encourageant. Hyouri marquait un demi-point. Il semblait pleinement le plaindre, malgré le ton qui s’avérait autoritaire. Mais le comprenait-il vraiment ? Etait-ce courant de voir les vice-capitaines s’encourager entre eux ? Bien qu’il ne le savait pas, l’acte lui fit chaud au cœur. Les tâches étaient vraiment épuisantes, et il ne rechignait jamais à l’idée de les faire. Mais au fur et à mesure que les choses évoluaient, il en était las, et se sentait terriblement seul. Sans capitaine, ni troisième siège. Après lui, venait la petite Mégumi. La pauvre n’était que cinquième siège, et bien trop jeune pour s’occuper des tâches administratives. Le tout revenait donc à Kensei. Il dirigeait ses troupes lors de son temps libre qui devait normalement lui servir à fins distractifs, et bossait durement sur les dossiers qui étaient à jour. Manque de volontés, et de forces. Voilà ce qu’il demeurait par les temps qui couraient…


Aucun son ne parvint à sortir de sa bouche, lorsqu’il porta un regard à Hyouri. Il ne le bravait pas, et ne le fuyait pas non plus. C’était un regard tout à fait banal, dépourvu d’appétence particulière. Ses lèvres qui avaient mimées une parole prochaine, se refermèrent aussitôt. Que faire d’autres à part assimiler ces sages paroles ? Kensei n’en avait aucune idée, et même qu’il se perdait. Au point où il en était, il appréhendait grandement le fait d’être un jour capitaine. Comment serait son existence avec un haori logé sur ses épaules musclées, déjà qu’elle était raboteuse avec un simple brassard de lieutenant ?

Les rayons du soleil avaient décidément une dent contre lui, bien qu’heureusement, sa peau lui permettait d’y résister. Ils étaient aussi l’annonce de l’approche de l’heure du déjeuner. A cette pensée, son ventre gronda discrètement. Kensei n'imaginait pas la honte qu’il se serait tapé, si celui-ci avait foutu un gros tintamarre. Le lieutenant commença à jouer machinalement avec un bout du tissu de son shihakusho. Que faire ? Même si Hyouri voulait fraterniser étroitement en lui permettant même de le tutoyer, il n’en demeurait pas moins que Kensei éprouvait une certaine gaucherie. Le temps et les fréquentations régulières, sauraient peut être l’annihiler. La patience, était donc de constance…

À cette altitude, le vent était doux, frais. Les feuillages s’agitaient doucement, laissant entrevoir une lointaine image du rukongai au lieutenant. On pouvait donc affirmer que cette forêt était vraiment petite puisqu’il n’avait effectué qu’un petit parcours depuis la bordure opposée. Sa méditation fixée sur les lieux engendra une toute autre question. Lui qui n’était pas curieux d’habitude, se risqua à faire une exception pour ce jour. La voix toujours douce, les traits détendus…

- Pourquoi ta présence dans un endroit aussi reculé ? J’avoue t’avoir aperçu depuis ta soudaine arrivée… Pour la plupart des shinigamis…

Une phrase elliptique qui fit tilt dans sa tête, pendant que ses yeux s’écarquillaient de surprise. Cette date… C’était bien aujourd’hui qu’elle avait succombée… Serait-elle enterrée au pied d’un de ses arbres ? Etait-il ici pour un hommage à sa mémoire ? Serait ce la raison pour laquelle il avait évoqué le nom de cette personne ? Ses yeux se braquèrent automatiquement vers le bas. Verdure… Tout n’était que plantes, et herbes. Il se sentait perdu… Troublé… Si l’endroit était bien sa dernière demeure, lui voulait en être sur. Demander à Hyouri… Kensei n’en avait pas la force. Il avait bien trop peur de ce qui résulterait de cette demande… Mais après tout, que risquait t-il de plus si ce n'est qu'un petit moment d'hostilité...

- C'est ici... qu'elle est ensevelie n'est ce pas... ?


{Désolé pour la médiocrité de mes posts. C'est sans doute cela qui ne t'aide pas à pondre les rendues que tu désires ><}

Le calme soudainement imposé par le vice-capitaine de la seconde division, effrayait quelque peu celui de la cinquième. La tension était véritablement tendue. Face à la mine inexplicable de son semblable, Kensei lui, avait les sourcils froncés. Une petite goute de sueur venait de couler sur sa tempe, comme pour ponctuer l’atmosphère pesante du moment en plus de sa mine véritablement sérieuse. Il n’aimait pas vraiment ça. Tout en serrant vigoureusement ses poings, il regrettait amèrement la question qu’il avait malheureusement posée. Elle semblait travailler Hyouri, à un tel point que le regard qu’il lui lança était presque dépourvu de sentiments. Il n’arrivait même pas à le sonder. Plus rien ne pouvait le faire rire en ce moment. Pas même le bruissement du ventre d’Hyouri qu’il avait perçu. C’était l’une des bourdes les plus flagrantes qu’il avait perpétré depuis son récent grade qui ne datait de quelques petites années insignifiantes, dans un monde qui ne le comptait presque plus. En plus des minutes qui ne faisaient que défiler longuement, Kensei sentit l’énergie spirituelle qui émanait de sa personne. Une fraicheur qui s’approchait approximativement du zéro absolu se faisait sentir. En réalité, il ne l’avait jamais vu à l’œuvre. Voir ce dont il était capable aurait été plaisant, mais moins ravi serait-il s’il faisait office d’un adversaire notable. Kensei craignait les shinigamis, et son compagnon d’infortune ne faisait pas vraiment exception…

La terreur défigura soudainement son visage. C’est avec effroi, et les yeux grandement écarquillés qu’il avait observé Hyouri dégainer subtilement son arme. Son cœur battait à tout rompre. Ses muscles semblaient lourds, figés. Il n’avait même plus la faculté de mobilité, tant la peur tenaillait son estomac, complètement retourné. Etait-il aussi susceptible, au point de se retourner contre un frère d’arme à cause d’une simple question ? Kensei ne savait pas, mais il avait ce désir de curiosité irrémédiable sur le moment. Ce n’est que lorsqu’Hyouri se leva de sa branche, que Kensei eût a force et le courage de se projeter plusieurs mètres en arrière. Il s’attela à freiner son reculement, et sortit d’un seul coup son tanto de sa veste. Même s’il devait amorcer une attaque, Kensei était trop bien respectueux pour se battre de toutes ses forces. De plus, il se sentait réellement coupable de l’éventuel combat qui allait débuter. Il ne se battrait pas pour gagner, mais bien pour défendre sa vie, en essayant de faire revenir son ancien sempai à la raison. Ce n’était pour si peu, que des honorables lieutenants du gotei allaient s’entretuer… Et dire qu’il ne voulait pas poser cette question… La curiosité de son ego l’aura malencontreusement emportée…

Sans pour autant fondre sur lui, Hyouri se déplaça tout près de l’arbre sur lequel il était auparavant installé. L’air pataud, et sans trop bien comprendre pourquoi, Kensei retira sa garde, et le regardait minutieusement. La pression spirituelle qu’il exerçait était immense. Rien de bien étonnant pour un homme valeureux de sa trempe. D’ailleurs, son admiration pour cet homme, lui faisait oublier qu’il était même capable de produire la même chose. Ca valait la peine d’avoir eu le brassard de la division qu’il dirigeait seul...

Ce n’est que lorsqu’il murmura une formule, bien après avoir bizarrement planté son arme au sol, que Kensei se protégea la vue de son avant bras gauche. Ce n’était pas la robustesse qui lui faisait peur, puisqu’il avait une légère pression spirituelle supérieure à celle de son ancien sempai. C’était plutôt l’éblouissante de la lueur qui l’entourait, qui pouvait être susceptible de lui ôter la vue. Un bien précieux qui lui servait beaucoup en combat. Il recula de quelques pas face à l’énergie émanée sans pour autant fléchir un genou, et attendit que tout soit clair pendant un bon moment, avant d’avoir à jeter un coup d’œil vers Hyouri…

Lorsque la poussière, fut un peu dissipée, Kensei fit port d’un shunpo, et se rapprocha de l’entité spirituelle qui avait été la cause de tout ce tintamarre. Lui n’avait pas encore fait attention au cercueil de glace. Bien entendu, il ne voyait plus de zanpakutoh dans la main de l’homme qui lui faisait dos. Celui-ci se retourna vers le protagoniste, qui le regardait d’un œil désolé. Pourquoi toute cette mascarade ? Et dans quel but ? Sa phrase suivante fut toute aussi troublante. De quoi parlait-il au juste ? Ken’ était simplement sur qu’il s’agissait de l’ancienne vice-capitaine de la cinquième.

Les rayons du soleil réapparaissaient enfin à quelques endroits. Tout était redevenu clair. C’est en portant un œil critique à l’entourage qu’une chose attira son attention. D’une mine déconfite, il porta un regard à ce dont parlait Hyouri. Ses yeux étaient presque embués, et il avait sur tout le corps, quelques résidus de glace, due à la libération de son shikai. Sans ménagements, il rangea sa glace, et tomba d’un seul coup sur ses deux genoux. C’était elle, tout en face de lui. Encastré dans cette glace perpétuelle, elle avait conservée sa beauté et son sourire. Se tenait aussi sur ses mains, son précieux zanpakutoh. Elle était dénudée par endroit, et sa position, semblait ne pas l’incommoder puisqu’étant profondément plongée dans un sommeil éternel.

Le choc psychologique était violent, et son cœur en fondait tout doucement. S’écoula d’un de ses yeux, une larme amère, qui glissa lentement sur une de ses joues bronzées. D’un geste silencieux, et pourtant éloigné du cercueil, il avança une main désespérée vers elle. Il ne voulait plus vivre dans le passé. L’heure n’était plus aux lamentions. Tout ça était trop pour lui… A un point qu’il ne pouvait même pas avancer jusqu’au cercueil… La minute d’après, il se mit sur un genou, et s’adressa de façon respectueuse à celui qui lui avait donné la chance de la revoir…

- Hyouri-sempai… Pardonnes moi pour ma curiosité mal placée. J’ai beau me dire que je suis vice-capitaine et que je dois maitriser mes émotions, mais je n’y arrive pas tellement… Sans doute manque un manque d’expérience… J’espère que tu ne m’en porteras pas vraiment rigueur, mais avec tout ce qui m’arrive ces temps ci… j’ai du mal à supporter sa présence… Tous mes respects, à toi, et à Aseru-sempai. Je pense donc te laisser prendre du repos, et du temps avec elle. Tu étais plus intime que moi, l’ai été avec elle. En espérant te revoir sous de meilleurs jours que celui…

En se relevant, Kensei émit un faible sourire à Hyouri. Certainement qu’il avait fait mauvaise impression sur le coup. Meurtri par une certaine culpabilité, il se hâta de faire port d’un shunpo et de disparaitre de cette petite forêt… Sans doute pour un bon bout de temps…

[Tu peux clore le topic. Merci pour le rp =D]