Le but d'une discussion ne doit pas être la victoire ...

Un grand soleil ... Encore. Pourquoi toujours un soleil, pourquoi pas un peu de changement parfois, ça pourrait donner une impression de vie. Mais non, du soleil, encore du soleil. C'est ce à quoi pensait Sei en cet instant, après avoir longuement scruté l'horizon, perché sur le toit de son bureau. C'est pas mal le soleil, mais pourquoi un soleil est un soleil ... On s'en fout. Pourquoi n'y a-t-il pas d'oiseaux, jamais, dans le ciel de la Soul Society ... Et pourquoi, diable, se tenait-il à genoux sur ce toit ? Ses divagations pouvaient aller aussi loin que l'esprit ne pourrait jamais le porter, et pourtant le soleil, les oiseaux et sa propre personnes étaient ses seules pensées, depuis des heures maintenant. C'était tout bonnement ridicule, mais également le train train quotidien. Personne, quel que soit le monde, ne pouvait deviner les pensées qui le travaillait, en cet instant comme le reste du temps. La vie semblait facile, pleine de sens, il n'en trouvait aucun. Il semblait lui même avoir la célébrité, les femmes et le sake, pourtant, aucun chemin. Aucune direction précise, il fonctionnait à ce que l'on appelle communément le feeling, ou l'instinct. Plus versatile nul existe, sur cette terre comme sur une autre. Si ça gênait certains, ce n'était pas pour déplaire à d'autres. Il n'avait d'avis pour rien, ou pour tout selon les cas. Il n'était pas même fichu de retenir le nom d'une simple personne, fut-elle son subordonné depuis des années maintenant. Alors pourquoi cet intérêt soudain pour le tout et le rien ? Peut être pour s'amuser, ou peut-être ne le faisait-il tout simplement pas exprès. Voici comment était Sei Higure, capitaine de la septième division. Sa lamentation vis-à-vis du ciel et des oiseaux s'était mue en un désir de se rendre à Karakura, une ville du monde mortel. Pourquoi, comment, ces questions n'étaient autre que pure futilité, seul importait de le faire. Ainsi, par pur coup de tête, il s'engagea dans le portail menant vers la fameuse ville, accompagné d'un papillon messager. Il n'avait aucunement tenu de compte, à qui que ce soit, cette soudaine disparition de la Soul Society lui vaudrait un bon ravalement de façade par le commandant en chef. En cet instant, il était bien loin d'en penser quoi que ce soit. Sa seule préoccupation s'était envolée maintenant que son souhait était exaucé. Mais bien loin de prévoir deux choses en même temps, sa nouvelle priorité était de trouver un truc intéressant à faire ou voir, tout simplement. Que pouvait-il bien trouver d'assez intéressant pour éveiller quelconque intérêt ? Peut être l'ouverture soudaine d'un Garganta, à quelques centaines de mètres de là. Étrange ... Pour tout Shinigami qui se pense normal. Mais voilà, Sei Higure n'est pas un homme normal. L'ouverture d'un Garganta n'est ni plus ni moins qu'une chose sans intérêt, sauf si une poitrine géante fait son apparition à travers ce trou béant. Mais force était de constater qu'aucun signe de poitrine n'était à l'horizon, aussi continuer son chemin semblait être la plus humble décision.

Ainsi débuta son périple à travers la ville, déambulant dans les rues, évitant les habitants qui ne pouvaient le voir. Mains dans les poches, le regard vide, il marchait sans but, tournant parfois au carrefour, on continuant sa route. Il s'était rendu, sans réellement s'en rendre compte, à l'endroit même où le Garganta était apparu. Il avait bien senti quelques hollows, mais pourquoi se fouler lorsque d'autres personnes sont là pour ça ? Enfin, au final, il reprit la route, calmement, sans se préoccuper de cacher son Reiatsu. Si ennuis il devait y avoir, ils viendraient bien par eux mêmes. Enfin, il s'agit là de pures spéculations, Sei s'était quant à lui cantonné à chercher un bon restaurant. A quoi bon, il était une âme invisible à l'œil humain, pourquoi chercher de la bouffe ? Incompréhensible, et donc totalement normal. Mais là où l'attirance se fit la plus forte fût bien devant la fenêtre d'un club de fitness, au deuxième étage d'un quelconque immeuble parmi tant d'autres, au beau milieu de la zone résidentielle. Les courbes étaient magnifiques, l'esthétique absolument parfaite. Non, il n'est pas question de l'immeuble, mais inutile de faire un dessin. Mis à part le troisième age en fond de salle, il s'agissait bien de la réelle apparence du paradis. Pantalons et shorts moulants à souhaits, Simple lambeau de vêtement recouvrant cette partie du corps aussi douce que le coton ... Il s'agissait là d'une bien agréable vision, seulement, le côté pratique n'était pas au rendez-vous. Attirance peut être, mais ça s'arrêtait là. Notre capitaine reprit doucement sa route, pas à pas, vers un avenir incertain. Cet avenir, espérons le, trouvera bien sa place sur un banc de pierre et de bois, celui même sur lequel le postérieur de notre capitaine était posé. Quant à ce qu'il pourrait lui réserver, ça ...

Un snif solitaire lui suffisait. Stagnait dans l'air même cette odeur nauséabonde de combat, la mort était au rendez vous. Non pas que cette information puisse changer le présent de notre capitaine, qui, assis sur son banc, n'avait d'autres préoccupations que celle de savoir quand il se lèverait enfin. Une après midi posé sur un banc dans le monde des Humains, c'est sympa sur le papier, mais le côté positif ne pourrait égaler présentement le coté négatif, à savoir une prise de tête avec le commandant en Chef, encore une fois, grâce à ses efforts surhumains pour désobéir aux ordres et aux règles du Seireitei. Non pas que la présence d'un Capitaine dans le monde mortel soit peu commune, juste qu'en général il s'agit d'une situation relativement sérieuse, or aucune expédition n'était prévue à l'heure actuelle. Qu'à cela ne tienne, quelques Hollows se trouveraient bien sur son chemin, lui donnant une raison d'être présent, aussi ridicule cette raison soit-elle.

Les choses ne semblaient guère bouger dans les quelques minutes passées à regarder les humains. Il y avait une certaine fascination dans ses yeux, comment un tel groupe de personne pouvait être aussi désorganisé pour devoir autant se presser. Aucun ne semblait vouloir se poser, manger un sandwich, ni même fumer une cigarette dans un petit moment de pause. A y penser, certains Shnigamis ont le même genre de réaction, surtout lorsque notre Capitaine est dans les parages. Pourquoi, comment, aucune idée, quoi qu'il en soit l'empressement des gens restera à jamais un mystère. C'est peu être à cause de cette idée qu'il avait acquis avec le temps de la sympathie envers les drogués, ils planaient au dessus des autres sans prendre parti du système. La grande vie, en somme. Du moins jusqu'à l'overdose, là c'est à Sei d'entrer en scène, et ramener ces âmes égarées à la Soul Society. Ce qu'il n'avait pas fait depuis un bon siècle, en fait. Mais l'heure n'était plus à ces inepties sans queue ni tête, l'odeur perceptible peu avant avait prit une plus grande importance, et se rapprochait de plus en plus, suivi du reiatsu d'un Arrancar. Cocktail bien étrange, assurément, son nez lui criant que l'entité était mortelle, son esprit lui expliquait qu'elle semblait dangereuse, et enfin tous les pores de sa peau lui susurraient qu'il s'agissait d'une femme. Étrange, très étrange, assurément, néanmoins le type de femme parfait pour lui, restait à connaître sa plastique pour se faire une idée plus concrète et un intérêt plus poussé.

Il se leva d'un bond, laissant son mètre quatre-vingt scruter l'horizon d'un œil plus haut perché. L'intérêt était enfin là, la rencontre à venir serait des plus intéressantes. Refuser de cacher son reiatsu semblait finalement être la meilleure idée de sa journée, peut être même qu'ils iraient casser la graine dans un restaurant chic non loin ... Même si peu probable du fait qu'ils soient ennemis. Enfin, éviter la joute serait déjà fort agréable. La voilà. Ô déesse du destin, jamais le mal n'aura été aussi attirant. Plantureuse poitrine qui n'attendait plus qu'une paire de main pour déstresser tout ça. Mais l'heure n'était guère aux fantasmes, la nécrophilie n'étant pas sa tasse de thé, si combat devait il y avoir. Zampakuto rangé, reiatsu en partie caché, marchant naturellement vers lui, sans qu'aucun signe d'empressement ne soit dévoilé ... Visiblement, l'échange de coups serait porté à plus tard, si toutefois on devait en arriver là. Le regard dur, les cheveux virevoltants au vent, il s'agissait bien là de la plus sublime Arrancar qui lui ait été donné de rencontrer. Leur condition d'ennemi mortel n'avait en cet instant aucun sens, peut être l'attirance mutuelle avait-elle prit sa place au dessus de tout ça. Les derniers cheveux se dressant sur son front s'enfuirent via la brise légère d'un froid glacé. Il avait la chair de poule, autant causé par le froid ambiant que par l'excitation d'une telle rencontre. Certes, toutes les conditions n'étaient pas remplies pour se jeter purement et simplement sur la belle inconnue, mais une fois les premiers portés, tout ne serait que détail inutile.

« Nana Ban Tai Taisho … si j’avais su qu’on se rencontrerait ici … j'imagine que c'est tout ce remue ménage qui est à l'origine de votre présence ici ? »

Et voilà le dialogue installé, laissant à Sei le loisir de fixer de douces lèvres décrire de bien durs mots. Le dédain était bien présent, il se ressentait autant par le ton prit par la jeune femme que par les mots doucement choisis pour arriver à conclure cette entame de discussion. Bah, il avait déjà oublié ce qu'elle venait de dire, mais restait intensément concentré sur sa poitrine. Certes, le trou béant transperçant son sternum pourrait faire pâlir la plupart des hommes, mais comme tout ce qui fait fuir les autres d'habitude, Sei y trouvait un certain charme indescriptible. Rassemblant toute la concentration dont il était capable, il leva ses yeux jusqu'à ce qu'ils croisent ceux de l'inconnue, pour y découvrir un vert émeraude intense. Pas une pensée, pas un mot. Il décrivit un mouvement de la jambe pour finalement disparaître dans l'instant. Réapparaissant tout aussi instantanément à quelques centimètres de la jeune femme, il décrispa son visage avec un petit sourire, avant de poser ses lèvres sur les siennes, posant au même moment ses mains sur sa taille. Les questions que tout le monde se poserait à sa place ne viendraient jamais, aussi, il n'avait aucune idée de comment régirait l'espada, ce qui semblait d'autant plus excitant ...

Jubilatoire, telles étaient les choses en son esprit. Il n'avait lui même pas de réponse quant à pourquoi il s'était ainsi jetée sur elle, néanmoins, de par sa réponse, de nombreuses informations étaient dorénavant acquises. Les Arrancars ne sont donc pas dénués de tels sentiments. Bien sur, elle n'était pas tombée amoureuse, mais les sentiments positifs étaient tout autant plausibles, on ne connaissait par le passé qu'accès de colère et de rage, d'envie de tuer ou tout autre appréhension négative. Sans doute Eldric Kioshi, capitaine de la douzième division, se verrait content de collecter ce genre d'informations, mais la nature même de Sei l'empêcherait de poser la main sur une telle source d'informations. Embrasser une Arrancar était une expérience intéressante, assez pour la garder pour soi, surtout au vu des éventuelles sanctions pouvant être entreprises à son encontre de la part du vieux commandant-chef. Peut être un jour exploitera-t-il de lui même de telles dispositions vis-à-vis d'une éventuelle vie conjugale avec son ennemie mortelle, mais jamais ô grand jamais il ne partagerait son expérience avec tierce personne. Plusieurs questions avaient obtenues réponses. Les Arrancars ne reprenaient pas que forme humaine, mais également certains autre dispositions. Le côté féminin se démarquait étrangement, sans doute également l'envie d'attention ou d'amour en faisait partie. Aussi, les plaisirs charnels ne seraient pas exclus, pour peu que le partenaire ne soit pas dérangé par le vide créé par l'absence de chair en un endroit du corps de l'intéressée. Ne restait plus qu'à savoir si une quelconque progéniture était envisageable. Après tout, Sei était père depuis plus d'un siècle déjà, même s'il n'avait jamais gardé contact avec ses enfants. Les dérapages liés à de folles nuits d'amour avec différentes partenaires l'avait conduit à diverses disputes liés à l'éducation de ses enfants. Oui, il avait plusieurs enfants, qui étaient peut-être au courant de leur ascendance, qui sait. Jamais il n'avait prit le temps de réfléchir à sa chair et son sang dispersés un peu partout à la Soul Society, peut être côtoyait-il un de ces êtres en tant que Shinigami, après tout le descendant d'un capitaine du Gotei 13 ne serait pas dénué d'un quelconque pouvoir.

Etrange, vraiment, l'effet que lui avait procuré ce baiser volé. Lui d'habitude sans aucune attache semblait s'amouracher de plus en plus à la vue de sa dernière conquête, si de conquête il s'agissait bien. Ce genre de sentiments apparaissait parfois, mais disparaissaient bien vite. Peut être un tel lien créé avec une autre espèce que la sienne était-il plus fort qu'une ce ces amourettes dont il avait l'habitude. Même Sei Higure, coureur de jupon invétéré, n'avait de relations qu'avec une certaine dose de sentiments. Les plaisirs charnels pour la simple envie de passer du bon temps n'était guère son genre, préférant et de loin une relation passionnée, quitte à briser ce lien une fois la nuit passée. Un tel comportement lui avait valu bien des ennuis avec la gente féminine, rien d'insurmontable cependant. Mais à l'instant présent, il serait bien difficile de porter atteinte à leur lien, si unique. Après tout, c'était du jamais vu, de toute l'histoire de la Soul Society, du Hueco Mundo, ou d'un quelconque autre monde. Les pensées de Sei s'attachaient à l'intérêt d'une telle relation, non de sa véritable nature, aussi le coup de foudre était bel et bien présent, sans qu'il ne s'en aperçoive. Il était déjà impensable de croire qu'il tomberait un jour amoureux d'une quelconque personne, il était d'autant irréalisable de penser qu'il s'agirait d'une Arrancar, apparemment puissante qui plus est. Lui qui avait prit pour habitude d'être le mâle dominant, sans doute cette tendance avait changée. Même si l'initiative du baiser lui était accordée, c'était bien sa compagne du moment qui avait porté l'ultime moment à terme, aussi le jeu égal semblait de mise, sa figure masculine débordante de testostérone prenait fin dès cet instant, du moins en ce qui concerne la relation actuelle.

Toutes ses relations d'une nuit lui procurait une sensation différente, il lui était arrivé d'entreprendre quelconque étreinte avec des femmes fortes, prônant leur envie de blessures à même leur corps, autrement dit, les relations bestiales ne figuraient pas dans l'inconnu. Mais jamais, absolument jamais il n'avait perdu son côté masculin au profit de la domination féminine. En cet instant, il n'avait guère d'idées pour reprendre le cours normal des choses. Son instinct semblait s'époumoner à le convaincre de prendre ses jambes à son cou avant que la tendance ne puisse être ré-inversée. Mais il était bien trop intéressant de se prendre au jeu, quitte à se perdre totalement dans les méandres d'un amour impossible. Sentiments inconnus, envies incertaines, il se dirigeait à toutes jambes vers un trou noir qui l'aspirait déjà. Il ne serait guère inconvenant de penser à la gueule du loup, peut être cette amourette était-elle provoquée par les pouvoirs de la belle inconnue, la comédie ayant débutée à l'instant même où leurs lèvres s'étaient effleurées. Après tout, il n'avait aucune idée des différentes capacités de sa dulcinée, elle pouvait aussi bien se transformer en un cafard géant. Il chassa bien vite cette idée de la tête, la remplaçant par sa silhouette nue au vent, au milieu du désert aride du Hueco Mundo. Son monde d'origine n'était pas qu'inconnue pour notre capitaine, qui y avait séjourné quelques minutes lors d'une mission, il y a de ça des décennies. L'idée de la suivre dans ce monde vide aux instincts naturels de mort n'était guère enviable, du moins comparé à la vision irréaliste de ces deux âmes sirotant quelconque cocktail au bord d'une plage paradisiaque. Il fut bien rapidement sorti de ses pensées par le mouvement de lèvres de sa belle ...

« - Vous pourrez vous vanter de m’avoir pris mon premier baiser … »

Avoir volé le premier baiser d'une bien belle demoiselle n'était pas une première, il en faisait d'ailleurs une certaine habitude. La Soul Society regroupe tout un tas d'âmes humaines ayant succombé au monde mortel, ils perdent tous souvenirs de leur vie humaine, aussi leur voler leur premier – ou non – baiser n'est pas réellement d'une certaine rareté. Il faut bien avouer que la Soul Society n'est pas un lieu de romances, les âmes esseulées cherchant plus à survivre au beau milieu du Rukongai. Les Shinigamis, quant à eux, ont des devoirs plus importants qui ne laissent guère place à différentes histoires d'amour. Il n'est pas rare de croiser couples et autres amours, mais il s'agit d'une tendance qui se retrouve surtout dans les alentours des maisons nobles. A y repenser, il est vrai que Sei est la descendance directe d'une des plus vieilles noblesses de la Soul Society. Il n'a jamais déambulé dans les rues du monde des humains avant qu'il ne devienne Shinigami. Peut être est-ce la raison de ses nombreuses relations, et ce depuis plusieurs siècles maintenant. Les Shinigamis et Arrancars sont différents, et ce à tous points de vue. Morphologie, mode de vie, aspirations, maintien de la population ... Aussi voler le premier baiser d'un Arrancar semblait être une première tout court. Chose peu banale, pour sur. A bien y réfléchir, il est de rigueur de douter d'une quelconque histoire d'amour liée de près ou de loin à un ou une Arrancar. Ou sans doute une relation se règlerait par un duel à mort, réfutant alors toute idée d'amour véritable. Préserver une relation est un exercice difficile, il faut écouter, discuter, alterner entre compromis et compromission. La base étant d'écouter son ou sa partenaire, chose que notre Capitaine ne sut faire qu'à moitié, s'étant absorbé dans les méandres de ses propres pensées.

Idéalement, il reste plus saint d'écouter celle que l'on pense aimer, et ce quoi qu'elle dise. Pas de chance, seuls deux mots arrivaient encore à raisonner dans l'esprit du capitaine, la fin d'une phrase à priori sans intérêt, mais qu'il aurait été plus raisonnable d'écouter dans son entièreté. Aussi, « Bavard, Capitaine » ne trouvait aucun rapport direct dans son esprit. Il ne faisait que peu la différence entre penser et parler, aussi il fut prit d'un doute quant au fait d'avoir à un moment ou à un autre ouvert la bouche. La logique voudrait que la Novena palabre d'un absence de mot de la part du capitaine, mais rien ne pouvait être moins sur à l'instant précis. Il suffisait de tenter sa chance, la jouer au feeling en pariant sur le hasard, mais l'envie irrésistible de passer plus de temps avec cette Espada l'empêchait de répondre convenablement. Aussi, il resterait tel qu'actuellement, avare de mots, préférant l'action au lyrisme. Sans doute serait-ce mieux ainsi, après tout, le baiser partagé attestait de son intérêt pour lui, et ce malgré l'absence totale de quelconque vocable. Judicieusement, il serait à son avantage de repartir sur une base saine, un nouvel élément à la suite d'un silence prolongé, il n'en resterait que fidèle à lui même.

Malgré l'absence totale d'idées quant à un quelconque sujet de conversation qu'ils pourraient partager, le regard plongé l'un dans l'autre ne voulait plus rompre. L'intérêt porté pour cette Arrancar semblait réciproque, les intentions et sentiments peut être également. Qui sait, peut être un jour reviendra-t-il à la Soul Society, cette sublime créature à son bras. En résulterait automatiquement son exclusion du Seireitei, même de la Soul Society entière, mais ça vaudrait sûrement le coup. Après tout, rien ne le retenait parmi les Shinigamis, la plupart des jolies donzelles étant déjà passées à la casserole. A y repenser, elles n'étaient pas nécessairement toutes sublimes, hélas, le beurre et l'argent du beurre ça reste pas mal, pourquoi désirer chaque fois le derrière de la crémière ? Son regard toujours plongé intensément dans le vert émeraude des iris de sa partenaire, il ne semblait toujours pas capable de briser ce silence par quelques piques de son cru. Après tout, chaque fois qu'il à conscience de parler, il se rend compte qu'il devient trop honnête. Souvenir marquant, assurément, de voir le Commandant-Chef du Gotei 13 le poursuivre dans tout le Seireitei afin de lui flanquer une fessée méritée, après lui avoir ouvertement parlé de son odorat délicat, en ce qui concerne les dessous de bras d'un vieux tel que lui. Le dire est une chose, l'assumer également, mais qui, mis à part son humble personne, aurait pu lancer telle remarque deux jours après sa nomination en tant que Capitaine de la septième division. Secouant la tête pour chasser toutes ces pensées de son esprit, il prit enfin l'initiative et tua le silence de quelques mots pouvant influencer l'intégralité de son futur.

~ « ... Tu sais quelle gueule aurait le gosse d'un Shinigami et d'un Arrancar ? »

Et voilà, la bêtise la plus absolue du monde. Il faut savoir que ses pensées vagabondaient entre une nuit d'amour au Hueco Mundo ou une vie de plaisirs charnels, qu'importe le monde. En résulte une demande de vie conjugale avec gosse à la clé. Autrement dit, il venait soit de faire fuir sa dulcinée, soit de s'enchaîner à une vie qu'il ne désirait pas. A y repenser, il est vrai qu'un enfant issu de deux souches clairement différentes pourrait être intéressant, quant à ce qu'il pourrait devenir ... Il s'agissait clairement d'une question qui méritait une réponse, quant à l'expérimenter lui même, pourquoi pas, à la limite. Dans le pire des cas il fuirait une nouvelle fois ses responsabilités, se trouverait une nouvelle compagne et perpétuerai ce cycle infernal jusqu'à la fin des temps. Enfin, l'heure n'était guère aux divagations du futur, si ce n'est un avenir qu'ils partageraient ensembles, lui et sa nouvelle connaissance. Tiraillé entre rires et pleurs, partagé entre haine et amour, ne restait plus qu'à attendre la réaction de la Novena, quelle qu'elle soit ...


__________________________________________

Rassemble la première lettre de chaque paragraphe ...

« Je me dois de refuser, pour cette fois. Lorsque la part d'ombre étreindra mon cœur, peut-être alors me laisserais-je séduire par cette proposition, ô combien alléchante je vous l'accorde. Je me dois de m'en aller, avant de tomber dans les méandres d'un amour que j'aurais pensé irréalisable, et pourtant non loin d'être à portée. »

Telle un bombe, sa pensée s'était mue en une mélodie de l'âme. Ces pensées qu'il tentait de réprimer n'en éclataient qu'avec plus de force, encore, toujours. Jamais il n'aura eu de si grande attirance, et jamais il n'aura eu à réfuter son instinct, qui lui criait, encore une fois, d'aller sans nulle pensée de conséquences. Là n'était pas la question, les changements soudains perçus quelques temps plus tôt au sein même de son corps ne pouvaient être ignorés, peut être leur relation entamée était-elle la conséquence même de ces changements, l'ombre en son cœur s'amourachant de plus en plus vers son monde naturel. Il ne fallait pas perdre la guerre pour autant, aussi, fut-elle brute et sans once de sentiments, mais c'était une réponse qui venait du cœur. La bataille semblait gagnée, le grognement au fin fond de son âme semblant s'être apaisé. Le dragon ne se libérera pas de ses chaînes, du moins, pas aujourd'hui. Pour la première fois de sa vie, il se posait des questions. Jamais refuser de suivre son instinct ne l'avait autant fait douter, néanmoins, sa réponse évasive lui permettait de rebrousser chemin présentement, soit d'y prêter une oreille plus attentive plus tard, ce qui semblait être la décision la plus juste, pour une personne dans les normes, ce qu'il n'est guère par définition.

Aussi fut-ce sur ces mots, et par le biais d'un Shuunpo maîtrisé qu'il s'en alla, ne laissant qu'un fin nuage de poussière face aux yeux de la belle, esseulée suite à ce départ. Un petit pincement au cœur vint bien vite ronger le capitaine, continuant sa course de toit en toit, ne se laissant aucun répit, en réponse à l'envie de se saborder. Une bien belle histoire aurait pu commencer, en cet instant, chose à laquelle il n'avait encore jamais goûté, qui semblait néanmoins non dénuée d'intérêt. Chasser toutes ces pensées se révéla plus difficile que prévu, même impossible. Dans sa course, sans vraiment y prêter attention, un Dangai s'était ouvert, laissant le passage libre jusqu'à son arrivée à la Soul Society, au beau milieu de la première division. Son arrivée aussi soudaine que non souhaitée l'amenait à se poser plus d'une question, il s'avérait exact que lui même n'avait entreprit aucune action pour changer de monde, et avait par ailleurs perdu la compagnie de son papillon messager, guide au premier passage. A première vue, l'importance de la situation semblait être plus élevée qu'il ne le pensait. Ce n'est pas tous les jours qu'un capitaine de division se retrouve cerné par les forces spéciales, notamment quand il pense n'avoir rien à se reprocher. L'absence de têtes célèbres manquait cependant de donner quelques doses de panache à cette scène, bien vite réduite en lambeaux par quelques attaques menées de-ci de-là.

Qui pouvait prévoir ce genre de réaction de la part de ceux qu'il aurait pu appeler ses alliés ? La réponse se fit sentir, puisque son bras gauche avait la forme d'un bras de Hollow, et se mettait à battre à mort les quelques Shinigamis osant encore l'attaquer. Étrange, vraiment, que d'avoir un bras qu'on ne contrôle pas, qu'on ne sent pas, qui reste malgré tout largement plus puissant qu'un boulet des forces spéciales. N'haussant qu'un sourcil à la vue de ce membre autonome non désiré, son seul soucis restait de savoir s'il rejoindrait le Hueco Mundo sous peu, histoire de retrouver sa bien-aimée. Ce bras gauche, devenu ainsi sûrement via les diverses magies du Gothique décérébré de l'autre fois, était à la fois une plaie et une bénédiction. D'un côté, la discrétion était perdue, et provoquait un mélange de haine et d'hésitation vis-à-vis de ses pairs. D'un autre côté, il se rapprochait de l'état de Hollow, donc de ses nouvelles envies, ce qui n'était pas nécessairement un mal. Enfin, pour le moment, nul besoin de telle breloque, aussi, après avoir soigneusement ramassé l'arme d'un membre des forces spéciales présente à ses pieds, il entreprit un mouvement circulaire, rapide et efficace. Son bras gauche se détacha alors, tranché net au niveau de l'épaule, avant de se liquéfier au contact même du sol.

Un Cero, puis un autre. Il n'y avait plus d'ennemi à portée, mais son bras gauche, ayant repoussé à une vitesse fulgurante, n'en faisait plus qu'à sa tête, si toutefois il en était pourvu. A l'aveugle, balançant tout ce qu'il avait, rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Il venait de réduire à néant chaque parcelle du bâtiment où il se trouvait, arrachant du même coup la calligraphie présente au mur, symbolisant le numéro premier en un losange, le tout couleur noire. Oui, la situation était critique. Le bras-Hollow d'un capitaine dépourvu d'intentions hostiles venait de réduire à néant la plupart des murs d'un baraquement de Shinigamis, jusqu'à ce qu'il soit à court de jus. Ronronnant en se résorbant, via la plaie ancienne présente sur le bras de Sei, la bête semblait avoir eu son lot de destruction. Il leva les yeux au ciel, avant d'être enseveli vivant sous les décombres d'un toit dévasté.

« Je me dois de refuser, pour cette fois. Lorsque la part d'ombre étreindra mon cœur, peut-être alors me laisserais-je séduire par cette proposition, ô combien alléchante je vous l'accorde. Je me dois de m'en aller, avant de tomber dans les méandres d'un amour que j'aurais pensé irréalisable, et pourtant non loin d'être à portée. »

Ces mots furent une révélation aux yeux de la Novena, le Capitaine ne souhaitait pas la rejoindre, enfin, pas dans l’immédiat, mais que voulait ‘il dire par « La part d’ombre étreindra mon cœur » ? Etait-ce sa façon de lui dire qu’un jour peut être ils sillonneraient les couloirs de Las Noches côte à côte ?
Une idée bien plaisante aux yeux de l’Espada, ô oui, très plaisante même, outre le fait qu’il soit l’incarnation du Némésis Arrancar, le Taisho était vraiment quelqu’un de fascinant. Aimable et gentleman qui plus est, vraiment un homme remarquable, peu de shinigami avaient traités la Novena avec autant d’égard, mais encore moins avaient essayé de l’embrasser, chose qui est vraiment peu commune. Il serait faux de dire que cet homme n’avait aucun intérêt aux yeux de la jeune femme, d’autant plus qu’au final, c’était elle qui l’avait embrassé, mais actuellement elle était quelque peu déçue, du fait qu’il ne l’ai pas rejoint immédiatement.

D’autre part, c’était aussi un genre de challenge qui se posait à elle. En effet, elle partait du principe que s’il était parti avec tant de hâte c’est que quelque part au fond de lui il ne souhaitait pas se lier à la Novena. Comportement assez paradoxal venant de l’homme qui avait fait le premier pas, alors était-ce plutôt une forme de timidité ? C’est exactement ce que Karaleth essayait de savoir, mais il s’était enfui si vite, qu’elle n’avait pas pu lui poser une dernière question.
Elle n’attendait ardemment qu’une seule chose a présent, c’est de pouvoir le revoir un jour, et cette fois ci, de ne pas le laisser filer si vite, elle voulait qu’il lui parle un peu plus, inconsciemment, elle voulait absolument renforcer sa relation avec lui, sans pour autant le brusquer, pour ne pas qu’il la rejette. C’était aussi un problème, car Karaleth n’avait jamais été très forte en ce qui concerne le tact et la douceur dans les mots, elle qui d’habitude était sèche et brutale.
Elle traversa à nouveau le garganta, tout en pensant a un moyen quelconque pour revoir le bel inconnu. Arpentant les couloirs de Las Noches, elle semblait si pensive qu’elle percuta inconsciemment son ainé, Absalon Ehlinger. Comme a son habitude, ce dernier semblait remonté, probablement qu’un de ses larbins avait encore ramené un tabac de mauvaise qualité. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le choc lui avait probablement remis les idées en place, elle glissa un petit produit dans la pipe de son ainé. Cette dernière se mit soudainement a produire des bulles, quelque chose de bien rigolo aux yeux de la Novena, qui esquiva rapidement le bras agacé d’Absalon.
Il semblait vouloir l’étriper, et elle savait qu’il était violent, et aussi que sa pipe était un instrument digne d’un culte sectaire. Ainsi débuta -encore- une folle course poursuite dans les couloirs de Las Noches.