Histoire : Je n'ai aucuns souvenirs de qui j'ai pu être avant de finir ici, à la Soul Society. Ce sont les règles sous lesquels nous vivons. Ça nous empêche d'avoir des regrets, d'éprouver de la tristesse pour un être cher laissé derrière nous, de vivre cette non-vie dans la continuité de ce que nous avons commencé – ça nous permet d'avoir une seconde chance. Imaginez une foule de gens entassés dans le Rukongai avec toute la peine, et le ressentiment d'avoir été arraché aux leurs, et traîné dans un autre monde, ça serait quelque chose de complètement ingérable pour les Shinigami, les maîtres de ces lieux. Parfois, j'essaye d'imaginer la personne que j'ai bien pu être. Une mère de famille dévouée ? Une office lady ambitieuse ? Une vieille femme qui a eu une vie bien remplie ? Ou bien exactement ce que je suis maintenant ? L'absence de ces précieux souvenirs ne nous condamne-t-il pas à refaire exactement les mêmes erreurs ?
Quoi qu’il en soit, me voilà aujourd’hui, Ryûshi Ayame, Shinigami médiocre, passeuse d'âme anonyme au milieu de tant d'autres. J'avoue avoir ressentit une certaine déception de n'avoir ni faux, ni capuche noire, ni même de barque pour faire passer les âmes de l’autre coté du fleuve des enfer ; Je n'ai qu'une lame pour les protéger contre leurs ennemis, et un sceaux gravé sur l'extrémité de celle-ci pour les faire traverser de l’autre côté. Pourtant, avant d'en arriver à ce stade, j'ai vécue une cinquantaine d'années dans le Rukongai. C’était il y a environ 65 ans...1 – Personne
Je ne me souviens pas du visage de celui ou celle qui m'a envoyé à la Soul Society. Je ne me souviens même pas avoir eu une explication à propos de ce qui allait m'arriver, ou de ce qu'on attendait de moi, encore moins de parole rassurantes. Mon premier souvenir est de l'ordre de l'olfactif – l'odeur particulière que prend l'air juste après un orage pour être plus précise. Je gisais à demi consciente, affalée contre un arbre dont le tronc était encore humide. Je n'avais ni chaud, ni froid, mon corps était mou, l'odeur agréable, et les bruit de la nature me berçait – j'étais bien. Je n'arrivais pas à trouver le courage d'ouvrir les yeux et d'affronter... ce que je devais affronter. Soudain, je sentit une pression sur mon bras, puis j’entendis une voix d'enfant me murmurer quelque chose au creux de l'oreille:
« Madame... Madame... Il faut se réveiller... Tu peux pas rester ici, c'est le verger de Goro-san, il va te gronder s'il te trouve ici. Madame ? »Je n’avais aucune envie de me réveiller, mais mon corps réagit de lui même, et je repris conscience doucement. Une enfant de 6 ou 7 ans était penchée sur moi et me secouait doucement. Quant elle me vit ouvrir les yeux, elle me gratifia du sourire le plus lumineux du monde. Je me redressais difficilement, et m'assied en tailleur au milieu des feuilles et de la mousse. J'avais un mal de crâne épouvantable, dont je découvris après coup l'origine : une marque rouge boursouflée sur mon front qui allait persisté des semaines durant. Je voulais interroger la fillette sur l'endroit où je me trouvais, mais aucun son cohérent ne sortit de ma bouche. Je lâchai un grognement de frustration.
« C'est le première fois que je trouve quelqu'un en premier ! » me lança-t-elle sur un ton enjoué.
« Tu viens bien d'arriver, c'est ça ? Tu n’es encore personne ? »La question me fit l’effet d’une gifle. Elle avait raison sur les deux points, je venais d'arriver ici, et j'avais beau essayer de retourner mon esprit dans tout les sens, je ne me souvenais absolument de rien : ni de mon nom, ni de mon âge, ni même de mon apparence (un rapide coup d'œil sur ma poitrine m'apprit que j'étais de sexe féminin). Elle m’avait livré cette vérité crue : Je n'étais personne. Cette pensée me glaça le sang, et cela due se lire sur mon visage.
« Attend ! Ne t'en fait pas. Maintenant que je t'ai trouvé, tout ira bien. » Les propos de cette gamine aux joues roses, pas plus haute que 3 pommes ne me rassurèrent bizarrement pas... mais cette dernière continua sur sa lancée.
« Je vais te ramener à la maison, Toru-san est quelqu'un de gentil tu verras, on pourra peut-être même te garder … Sinon on te trouvera une famille. »J'avais l'impression qu'elle me prenait pour un de ces stupides chatons perdus. Le temps qu'elle avait passé en bavardages m’avait permis de regagner un peu de force. Je tentais à nouveau de m'exprimer :
« O... Où so...mmes... nous ? » Articulai-je d’une voix rauque de n’avoir pas parler depuis des lustres.
« Ici c'est la Soul Society, le Rukongai plus exactement. C'est l'endroit où vont les âmes après la mort de leurs enveloppes charnelles. »« Leur... mort … ? » Dis-je le souffle coupé par cette révélation.
« Oui. Mais ça n'est pas aussi grave que ça en a l'air. On est là maintenant, et on vit tous normalement. » Devant mon air interdit, la fillette prit son temps pour m'expliquer en détaille ce qui m'étais arrivé, qui m'avais emmené ici, et qui ils étaient. Elle fini ses explications en se moquant ouvertement de moi en pointant mon front douloureux du doigt.
« Tu es vraiment sonnée toi, hein ? Il n'y est pas aller de main morte le Shinigami qui t'a amené. » Elle m'aida à me relever, et agrippant ma main de ses tout petits doigts, elle me traîna derrière elle avec une vigueur insoupçonnée. Je la suivi du mieux que je pu sans protester.
« Viens avec moi, il faut partir d'ici... » Je n'avais pas vraiment d'autres choix non ?
« Au fait, moi c'est Rinako. » lança-t-elle gaiement « Et comme c'est moi qui t'ai trouvé, j'ai le droit de te donner un nom... Laisse moi réfléchir un peu. » Elle me toisa de haut en bas, réfléchit quelques secondes en plissant les yeux, parut captivée par les iris bleutées qui poussaient un peu plus loin, puis déclara que je m'appelais Ayame.
Rinako me ramena chez elle, dans une maison en bois, grossière mais solide, et me présenta Toru. Á mon grand étonnement, Toru se trouva être un homme d’une cinquantaine d’année, trop âgée pour être le père de la petite Rinako. L’enfant m’expliqua alors comment les familles se formaient par ici, au hasard des rencontres. J'avais, par chance, rencontré des êtres d’une extrême bienveillance. Ils me prirent sous leurs ailes et je vécus dans le 38° secteur durant quelques années, entre la jovialité de Rinako et l’air bourru de Toru. Ma vie s’organisa alors entre cette improbable famille, et un travail minable de serveuse dans la taverne du coin. Je n’avais aucun objectif, ni aucune ambition, et c’était sans doute ça la clef d’une vie paisible.
2 - Prélude à la chute
Quand je dis paisible, c'est relatif, surtout dans le Rukongai. J'avais eu la chance de me retrouver dans un district très correct, mais les gangs qui étaient les véritables maîtres, et leurs guerres de district débordaient fréquemment sur nos vies. Et puis il y avait les « autres » : Les Hollow qui apparaissaient de temps à autre à la lisière d'un bois, ou au bon milieu de nos rues, et qui faisaient des dizaines de victimes à chaque fois. Nous autres étions impuissants face à ces créatures maléfiques. Les seules qui auraient pu faire quelques choses, nous défendre et les vaincre, c'était les shinigamis ; Mais ces porcs, je ne les croisait qu'a la taverne où ils étaient très occupé à se saouler et à me tripoter, ou encore, une fois le désastre passé, pour constater les dégâts et écrire leurs foutus rapports. Tandis qu’ici, le bas peuple n’avait d’autre choix que de mourir ou d’enterrer leurs morts, bien qu'en générale, il n'y ait pas de corps à mettre en terre.
Rinako est morte de cette manière là. Enfin je le suppose. Elle n'est jamais rentrée à la maison ce soir là, et on a retrouvé des morceaux de son Yukata en sang dans une ruelle tout près du lieu où la dernière attaque de Hollow c’était déroulée. Les shinigamis sont finalement venue tuer la bête qui terrorisait le district... la nuit était déjà tombée depuis longtemps et on comptait au total 8 morts, 14 blessés, et 5 personnes ayant disparues dans la zone. Ils se comportèrent comme à leur habitude avec calme et dégagement. Ils interrogèrent les témoins pour savoir comment le Hollow était apparu, dressèrent une liste des victimes, constatèrent les dommages. Cet événement était terriblement banal pour eux, mais aussi pour tous les habitants du Rukongai qui avaient depuis longtemps accepté cette idée comme une fatalité. La foule qui s'était amasser autours du cadavre du monstre ne cessait de murmurer:
« Ça devait bien arriver un jour. » ou
« c'était trop calme ces derniers temps. » Mais, pour moi, la mort tragique de Rinako n'était ni banal ni sans importance, elle me remplit d'un chagrin sans bornes. La fillette avait fait de moi quelqu'un, en me nommant, aujourd'hui, elle n'étais plus qu'un souvenir et j’étais incapable de la venger, comme j'étais incapable de la faire revenir.
Je n'ai aucune envie de m'attarder sur ce douloureux souvenir, je voulais juste vous expliquer comment tout a changer, comment J'AI changer.
3- Pertes et fracas
Peut-être était-ce la peine qui me transforma, ou bien avais-je toujours été comme ça au fond. Le fait est, que je vivais cette vie simple et monotone uniquement parce que j'avais quelques chose à quoi me raccrocher, quelque chose à perdre : une famille, aussi improbable et dysfonctionnelle soit-elle. Si moi je continuais malgré tout à « vivre », Toru, lui, ne se remit jamais de la perte de Rinako. Il lâcha complètement prise, arrêta de cultiver ses terres, et de tresser ses paniers, et sombra dans l'alcool. Quant j'y repense, c’était un drame ordinaire pour le Rukongai que de voir une famille se disloquer après la perte d’un de ses membres. Rinako était le liant de notre relation, le cœur de notre foyer, sans elle, tout volait en éclat.
Un soir alors que j'essayais de rentrer chez moi, je vis mes affaires jeter à même le sol dans l'entrée. Devant cette vision, je fus d’abord déconcertée, puis je suis entré dans une rage folle, bien décidée à m'expliquer avec Toru. Je m’occupais de l’entretenir depuis maintenant des mois, il ne pouvait pas me jeter dehors comme ça. J'étais aussi chez moi après tout ! Mais quant j'ouvris la porte d’un geste sec, je tombais sur un groupe d’hommes que je connaissais vaguement – des sous-fifres de Yukimura, l’homme qui tenait la majorité des districts de l’Est. Il me fallut plusieurs seconde pour analyser la situation : Toru n’était plus ici, et ces hommes s’installaient visiblement. Une de ces crapules me sortit de ma rêverie.
«Qu’es’tu veux toi ? Tu es venue tenir compagnie à Saru-kun ? Aller, viens par là ma jolie… »« Arrête Saru, c’est la fille de la taverne. Elle vivait ici. » Coupa sèchement un autre homme plus imposant. Ce dernier se tourna vers moi, et s’exprima d’une voie calme mais ferme. « Prend tes affaires et va t’en. Toru à perdu a perdu une grosse somme au jeu, et nous prenons cet endroit en paiement. »
Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je ravalais ma salive, et m’adressait à lui d’une voix hésitante.
« Où est Toru-san ? »« Partit. Il a fait comme tous les autres hommes rongés par les dettes avant lui : Il a fuit. Ne te fait pas d’illusion, il ne reviendra plus. »Je ne pouvais pas me laisser aller à pleurer maintenant, mais mes yeux étaient embrumés d’eau et mon nez coulait. Je n’étais rien, et j’étais incapable de survivre seule.
« Je n’ai nulle part où aller … je suis juste une serveuse… qu’est ce que je vais faire ? »« Mon lit t’es ouvert pour la nuit si… » Commença le dénommé Saru.
« Ferme-là. » Hurla l’autre homme si fort que les murs tremblèrent. Il me déshabilla ensuite littéralement du regard
« J’ai quelque chose à te proposer. Tu as un physique agréable et l’air innocent… »« NON » Dis-je fermement, indignée.
« Attend avant de monter sur tes grands chevaux, je ne te parle pas de ça. Yukimura a besoin de personnes pour faire des « livraisons » et pour « lui raconter » comment ça se passe chez les voisins. Avant c’était les gosses qui faisaient ça, mais il y a eu trop de morts, et maintenant il n’y a plus aucun adulte qui les laisse travailler pour nous. Et puis t’as vu nos têtes. On n’a pas vraiment des visages de saints. » Je ne pouvais qu’approuver.
« Toi, c’est différent. En plus maintenant que t’as plus d’endroit où crécher, et que c’est pas avec les 3 pièces 6 sous que te donne ton patron qui vont te payer une chambre, tu pense pas que tu as besoin d’un petit extra ? »« Si je comprends bien, vous me demander de faire dans la contrebande et d’espionner pour le profit de Yukimura ? » « Ne fait pas ta mijaurée. C’est une fleur que je te fais avec cette proposition. Au cas où tu ne l’aurais toujours pas compris t’es dans la merde là ! Ce job paie bien, mais je ne vais pas te mentir, c’est dangereux. »Je n’avais plus rien à perdre, et comme l’avait si justement souligner cet homme, je ne pouvais pas survivre seule. J’acceptais cette offre avec amertume.
4- Le calme avant la tempête
Le temps passa, et je m’acclimatais étonnement bien à ma nouvelle vie plus tumultueuse que la précédente. Mis à part mon physique des plus commun, j’avais d’autres qualités très utiles pour mener à bien les missions qu’on me confiait : J’avais perdue tout scrupules, je savais me déplacer en toute discrétion, et j'avais un don inné pour suivre les gens, les traquer même. Et, cerise sur le gâteau, je ne posais JAMAIS de question. Bref, j’avais tout de l’employée du mois. Au début de ma carrière, je « livrais » uniquement dans les districts de l’Est qui étaient plus ou moins sous contrôle, ensuite, forte de mes succès, on m'envoya au 4 coins du Rukongai. Mon sens de la diplomatie, me tira de bien des situations dangereuses, devant les provocations d'hommes de mains sans cervelles, je ne perdais jamais mon sang froid, je faisais mon travail. Évidement on me cassa des membres, ou on m'explosa une pommette plus d'une fois, mais avec le temps j'appris à me défendre avec mes poings et avec un tantô dont je ne me séparais jamais. Je n'étais certes pas une combattante aguerrie encore moins redoutable, mais je m’étais toujours débrouillé pour ne pas mourir, de plus, les affrontements de ce genre avaient quelque chose qui m'enivraient et m’emportaient. C'est à cette époque que je commençais à sentir quelque chose grandir en moi : J'avais la sensation étrange de ne jamais être seule, et le sentiment d'être capable de beaucoup plus que d'infliger de simple entailles et de fêler quelques os. Dans ces moments là, le murmure grandissant dans mon crâne ne cessait de me répéter :
« Regard c’est comme cela qu’un guerrier doit se battre. » J'entrais alors dans un état de grâce. Tout autours de moi paraissait alors aller au ralentit et ma lame semblait parcourue d'impulsions électriques, je visais toujours les artères, je ne cherchais jamais à blesser. Durant quelques instants, je devenais un assassin rapide et très efficace. La voix dans ma tête reprenait de plus belle, récitant une litanie que je pensais alors née de mon esprit délirant.
« Laisse les, part, enfonce toi dans les bois les plus proche, je t’y réapprendrais à vivre. Tu te trompes de voie là. Moi, je te donnerais l’honneur des prédateurs, je t’apprendrais à chasser. Je te rendrais ta liberté, tu ne sera plus un animal de compagnie »Je ne m'attardait pas sur ce début de folie aussi tentant soit-il, je pris simplement ça pour une l'expression de ma part bestiale, d’ailleurs je ne me souvenait en général de rien, de rien à part d’un nom
« Rakurai ».
Les saisons se succédèrent, et je gagnais en habileté, et en renommée. Mes progrès spectaculaires ne passèrent pas inaperçue aux yeux de notre chef, qui me décerna une promotion au poste d'intermédiaire – une sorte de chargée des relations publique. Je devais gérer les affaire internes entre les différent gang sous la coupe de Yukimura, et quelques fois je m’aventurais en dehors des quartiers Est pour négocier avec les autres factions qui tenaient le Rukongai. C'était une position plutôt enviable. Personne ne voulait qu'on retrouve le cadavre de l'intermédiaire sur son territoire, et personne n'oserait lui faire du mal de peur des représailles. Je m’étais vraiment fait ma place de choix parmi la pègre local. Aucun grand changement n'eut réellement lieu au court des longues années où je siégeais au cotés de Yukimura. Ce dernier était toujours à la tête de plus ou moins tout l'Est du Rukongai, perdant et gagnant quelques rues au cours des combats qui rythmaient nos existences. C'était un homme intelligent mais sans pitié, comme l'exigeait sa fonction, et moi même je devais parfois enterrer les corps atrocement mutilés de ses victimes – rien que de repenser à cette tâche ingrate, j'en ai le cœur au bord des lèvres. Mais aussi barbare soit-il, je préférais largement avoir à faire à lui, qu'à un ennemi anonyme au moins j’avais l’avantage de connaître mon adversaire.
Mais arriva le jour où les défaites furent plus nombreuses que les victoires… C'est avec une vitesse surprenante, que le territoire de Yukimura se réduisit comme peau de chagrin, et bientôt nous furent tous limité à quelques districts ci et là. Manifestement, un nouveau chef se profilait à l'horizon, et nous ne pouvions lui imposer qu'une résistance dérisoire. L'ennemi venait du Nord, il était plus fort, mieux organisé et répondait au doux nom de Habaki. Habaki était à la tête d'un gang qui avait pris très recensement possessions des districts nord; éliminant toute résistance sur son passage, il avait mis les districts à feu et à sang durant des semaines. Ceux qui l’avait vu combattre et avait survécue racontaient que c’était un bretteur hors pairs, qu’il savait utiliser le Kidô, et que personne ne pourrait jamais le vaincre. Moi, la seule chose dont j’étais sûr, était que cet homme avait beaucoup d'ambition et ça ne voulait dire qu'une chose : La fin du règne de Yukimura était proche.
5- La fugue
Le temps se figea dans le Rukongai, tous attendaient l'affrontement qui allait sceller notre sort et couronner le nouveau roi des districts Est. Bien sûr, nous avions tous conscience que cette bataille était perdue d'avance si nous restions aux cotés de Yukimura, mais la trahison n'était pas non plus envisageable : Finir une lame à travers le corps une fois devenu inutile pour Habaki et ses hommes ne représentait pas une très grande avancée. J'avais pensé à fuir la bataille, mais une fois les deux clans mis à dos, il n'y aurait aucun endroit dans le Rukongai où je pourrais être en sécurité, et personne ne peut quitter les districts et s’élancer vers l’inconnu sans y être préparé. Pour avoir une chance de survivre à ce remaniement de la hiérarchie, je devais absolument avoir un sursis de quelques jours pour préparer ma fugue, mais le temps me manquait cruellement. Tout ça était arrivé si vite.
Habaki avait arrêter la date où nos deux factions s'affronterait : ça aurait lieu dans deux jours, date à laquelle les shinigami du Seireitei seraient trop occupé à essayer de débaucher des combattants de tous horizon, pour venir rétablir l'ordre dans les districts. Foutu campagne de recrutement ! J'avais beau retourné la situation dans tout les sens, je ne voyais pas de moyens d'échapper à cet affrontement qui ne manquerait pas de mettre un point final à ma vie. Je n'avais pas envie de mourir, et pour cela il fallait absolument que je trouve un moment de fuir. Vous trouvez ça lâche ? Ça l'est sans doute. Mais les morts n'ont plus de fierté à défendre, et je pouvais parfaitement vivre sans honneur, en avais-je d’ailleurs jamais eu ?
Je pris alors une décision stupide, guidée par la peur. J’allais utiliser le stratagème de Habaki pour nous laisser sans défense, pour me mettre à couvert durant quelques jours salvateurs. Le Seireitei ouvrait ses portes une fois l'an à tout les postulant qui le souhaitaient, et n'importe quel crétin aussi vil soit-ils, pouvait tenter sa chance (Sans doute espérait-ils tomber sur un génie au milieu de tout ces vauriens). Ça me laisserait le temps de réfléchir à un moyen de me mettre à l’abri et de me faire oublier. J'avais des relations qui me devaient un service, et qui pourraient m'aider dans ma fuite. Mais pour l'instant, je devais absolument laisser passer la tempête, et battre en retraite. Ce soir là, je donnais leurs missions habituelles à mes hommes. Je leurs signifiait mon absence, me justifiait par une soi-disant réception d'armes nous étant destiné. Ils ne discutèrent pas. Je ne dis au revoir à personne. Je n'avais personne à saluer, les êtres qui m'étaient chers avaient disparus il y a longtemps. Je fuis sans rien emmener avec moi, et je ne me retournai pas. Comme le dit le proverbe : Quand le bateau coule, les rats quitte le navire. J'étais un rat.
6- Coup du sort
Je me présentais devant les deux gardes qui accueillaient les postulant aux abords de la porte Est. Je lisais l'incrédulité sur leurs visages. Je ne pouvait pas leurs en vouloir, la plus part des postulants qu’ils croisaient n’avait pas mon visage délicat, et mes membres frêles.
«On cherche des guerriers, des gens capable de se servir d’un sabre, et de tuer. Laisse tomber, fillette, tu ne feras que perdre ton temps, et le notre. »Je ne pouvais pas permettre à un crétin de Shinigami de faire rater mon plan. D’un geste vif, je fit glisser mon tantô hors de ma manche, puis le fit pivoter avec dextérité pour en faire atterrir la pointe contre la jugulaire du garde.
« Moi qui croyais que les Shinigami étaient des combattants endurcis. On ne vous a jamais appris à ne jamais vous fier aux apparences ? »Je plongeais mon regard dans ses yeux noirs écarquillés, tandis qu’il déglutissait péniblement.
Je sentis la lame de son camarade appuyer contre mes côtes dans une silencieuse menace, en réponse, je baissais mon arme. L’autre homme repris son souffle et se massa la gorge avant de me lancer, avec un sourire improbable sur les lèvres :
«Tu m’intrigue fillette… Très bien, va tenter ta chance si c’est ce que tu souhaite. Mais ne crois pas que ça va être facile. J’ai vu beaucoup de gars doués repartir la queue entre les jambes. »Je retiens la blague vulgaire sur mon absence d’appendice qui trottait dans mon esprit.
« Tu n’arrivera pas à me décourager. » Lui assurais-je.
Si je voulais avoir une chance de survivre, il me fallait cet abri, au moins pour quelques jours. Sur ce, il m’arracha mon tantô des mains, et fit ouvrir les portes à mon attention.
Les Shinigami n’ont vraiment aucun sens de l’accueil ! Une fois prise en charge, on me déposséda, de tout ce que j’avais, vêtements compris. On me fit enfilé un kimono gris, comme celui des prisonniers, et on m’enferma dans une espèce de dortoir immense où était regrouper les autres postulants de sexe féminin. Nous étions peu nombreuse, mais nos profils étaient très différents. Certaines avaient les traits durs, et les muscles saillant comme des hommes qui témoignaient d’une vie passer à se battre, tandis que d’autres étaient à peine entrées dans la puberté, et leurs visages poupins ne les prédestinaient pas à tenir une arme. Je pouvais entendre à l’extérieur les bruits de pas régulier que font les rondes de sentinelle. Dans le Seireitei, on ne lésinait pas avec la sécurité. S’ils étaient d’accord pour faire rentrer la crasse du Rukongai dans leurs murs, ils n’étaient pas assez stupides pour nous laisser sans surveillance.
Le lendemain et les jours qui suivirent furent rythmés par toute une batterie de tests. Je m’illustrais par mon ignorance en matière théorique (que ce soit au sujet du Kidô ou du fonctionnement de la Soul Society) et par ma maladresse au combat, avec la lame trop longue et lourde qui nous était imposée. Je crois que si les tests c’étaient limités à ça, j’aurais pu plier bagage au bout de quelques jours. Mais les dieux devaient d’autres projets pour moi, car ils me mirent entre les mains de la 12° division et de leur machine de l’enfer. D’après ce que j’avais compris, l’appareil devait nous placer sous un flot de stimuli dans le but de voir si notre corps générait en réponse un reiatsu suffisante pour occuper une fonction dans le Gotei 13. On nous plaça en file indienne devant la salle d’examen. Je vis un homme plutôt costaud rentrer dans l’habitacle de l’engin, puis ressortir une dizaine de minute plus tard, comme si rien ne s’était passé. Après une série de grésillements la machine se contenta d’imprimer un rouleau de graphiques illisibles, le capitaine de la division (l’homme le plus étrange qu’il m’ait été donné de voir) hocha simplement la tête à leur lecture, puis ce fut au suivant. Certains nous dirent qu’ils ne ressentaient rien, d’autre que ça les chatouillait tandis que d’autres nous rapportèrent que ça avait été horriblement douloureux. J’en avais même vu un sortir sur une civière.
Quand mon tour vint, l’appréhension me tétanisait. On m’ordonna d’avancer au centre du dispositif, j’obéis, et l’homme au haori blanc appuya sur quelques boutons. Je ressentis d’abord une douce chaleur et une sensation de bien-être, puis une seconde plus tard mon corps était parcouru de décharges électriques qui contractèrent chacun de mes muscles et m’arrachèrent un long cri de douleur. La souffrance me faisait perdre la raison, j’entendais une voie familière me chanter cette même rengaine :
« … je te donnerais l’honneur des prédateur… la liberté…la force…». Mon esprit et ma vision s’embrumèrent, la chute me sembla interminable, ma tête finie par toucher le sol et juste avant de fermer les yeux, une vision s’imposa à moi :
Une nuit magnifique et bruyante d’orage. Les grondements du tonnerre battaient la mesure, comme des tambours de guerre, et la foudre intermittente illuminait le ciel. La pluie battante lavait les odeurs des prédateurs qui rôdaient, et couvrant aussi le bruit de leurs pas, tandis que la végétation luxuriante de cette forêt nordique, offrait un abri imparable aux proies qui s’y terraient. Au milieu de cet enfer vert se dressait un jeune homme à la peau tannée, habillé dans un costume tribal abîmé. Son masque de loup lui recouvrait le visage, ne laissait entrevoir que ses yeux dont « blanc » était noir et la pupille d’un jaune d’or. Dans ma vision, j’avançais d’un pas incertain vers lui, et il me salua d’un grognement sonore qui n’avait pourtant rien de menaçant.
Je me réveillais au sein de la 4° division, dans un lit douillet. J’avais encore du mal à bouger, mais j’arrivais à ouvrir les yeux et à me redresser douloureusement. J’étais imprégnée d’une forte odeur de sueur et de vomis, la soif qui me tiraillait m’indiqua que ça faisait un certain temps que j’étais ici. Je me servis un verre d’eau de la carafe, tenant de me remémorer en détail ce qui c’était passé. Je reçus la visite d’une infirmière quelques heures plus tard. C’était une jeune fille petite et brune, en kimono noir traditionnel avec un brassard de la 4°. Elle me rassura, me dit que je serais totalement sur pied dans 1 ou 2 jours, et que le traumatisme crânien avait été soigné. Elle prit soin de moi comme elle put, changea mes bandages, m’apporta de la nourriture et des vêtement de rechange. Ma convalescence durant quelques jours dont je me servie pour élaborer un plan pour survivre une fois que je me serais faite éjectée du Seireitei. Alors que j’étais perdue dans mes pensées, mon infirmière entra dans la chambre. Je la saluais brièvement, elle arborait comme à son habitude une expression bienveillante. Elle commença d’une voie douce :
« Ayame-san je suis heureuse de voir que vous vous êtes bien rétablie. Les inventions de la 12° divisions ont parfois des effets secondaires inattendus. Vu le nombre de blessés que cette « expérience » à engendré, je ne crois pas que cette dernière sera à nouveau autorisé à faire usage de cette invention. Je suis désolée que vous en ayez fait les frais.
Je vous invite à prendre vos affaires maintenant, nous vous autorisons à sortir, il y a quelqu’un ici qui va vous escorter. »Je me rhabillais, renouant mon kimono gris autours de moi, et ramassais le sabre qu’on m’avait prêté.
« Je vous remercie de vous être occupé de moi. Mais vous n’avez plus besoin de vous en faire maintenant, je vais beaucoup mieux. En plus, je connais la sortie. Il est temps de renter chez moi, j’aviserais au moment venu…»Je m’apprêtais à sortir seule, quant elle me coupa :
« Je crois que je me suis mal exprimée – quelqu’un vous attend dehors, il vous emmènera à l’académie où vous commencerais votre formation. »
Je ne répondis rien, ma mâchoire semblait s’être décrochée. Une main amicale se posa sur mon épaule.
« Je comprends que cette expérience ait pu vous rebuter, mais j’ai le regret de vous annoncer qu’il est trop tard pour faire un choix. »La jeune fille avait prit un ton ferme.
« Et qu’est ce que vous allez faire si je refuse? »« La procédure légale comprend un emprisonnement à vie au repère des asticots. Vous ne pouvez pas quitter le Seireitei comme bon vous semble. Vous avez volontairement choisi de mettre votre vie entre nos mains en vous engageant. Soyez raisonnable »J’aurais due le savoir ! Dans la vie (ou la mort) rien ne se passe jamais comme prévue. Je n’avais même pas imaginé qu’il serait difficile de sortir d’ici. J’étais vraiment une personne stupide ! La perspective d’une vie recluse dans une prison ne m’enchantant guère, je me pliais bon gré malgré à leur volonté, et je rejoins l’académie dans la soirée.
7- Epilogue
Voilà comment je suis devenu un Shinigami : Après l’échec cuisant d’un de mes plans minable. J’avoue ; J’ai mis du temps à m’y faire. J’ai souvent rechigné à la tâche, fait preuve d’une mauvaise fois flagrante. Mais maintenant j’ai accepté ma nouvelle vie, je l’apprécie même. Elle m’a permis de découvrir qui j’étais. J’y aie trouvé un compagnon une âme sœur qui sommeillait en moi, une meute, une raison d’être. Aujourd’hui, je ris volontiers de cette histoire. Après tout, c’était peut-être le destin qui m’avait envoyé ici…
Je vais vous épargner la suite : le passage très pénible de l’académie, mon affectation à mon actuelle division où j’ai longtemps été une source intarissable de déception, et la rencontre très personnel avec Rakurai mon électrique compagnon. Une femme a besoin de garder une certaine part de mystère (et de passer sous silence quelques humiliations). .