Quand t'es dans le désert, depuis trop longtemps... [PV - Tsukaru - Shūjin]

Un zippo qui s'ouvre. Le bruit de l'allumage. Une forte inspiration afin d'allumer la clope. Puis le souffle pour recracher la fumée. Puis un pied qui se pose sur le sable blanc de ce désert. Son propriétaire qui regarde autour de lui. Moi qui regarde autour de moi. Il n'y avait rien mais je m'en moquais. Je n'étais pas encore arrivé à destination et j'avais ma clope pour me tenir compagnie ? Que demander de plus ? Ah oui...Trouver Tsukaru. Non pas qu'il me manquait énormément mais j'avais besoin de lui. Explications.

Il y a une chose à laquelle je n'avais pas pensé. Une seule et unique chose. C'était qu'au final, Tsukaru ne m'avait pas dit grand chose sur ce que j'avais besoin de savoir sur ce monde, et même la situation générale. Toujours en dehors des événements, je ne m'étais jamais intéressé à leur évolution, ne faisant qu'intervenir lorsque cela était nécessaire. Cela se traduisait donc maintenant par une ignorance pouvant me faire défaut. Qui étaient les hommes à son service et dont il fallait que je me rappelle ? Qu'est ce que j'avais à savoir sur eux ? Que pouvaient-ils me dire sur mes ennemis ? Tout cela, j'aurai pu le savoir auparavant. Mais n'étant qu'un instrument, je n'en avais jamais pris le temps...
C'était dans un sens mon plus grand regret. Maintenant que j'évoluais à la lumière, j'allais avoir plus de libre arbitre. Fini le temps où je fonctionnais en exécutant les ordres sans rien faire. Donc en savoir un peu plus sur ce qui m'entourait était un peu nécessaire. Même s'il fallait avouer que cela me gavait de devoir encore une fois compter sur Tsukaru. Certes j'étais sous ses ordres, certes je comptais lui obéir, mais quand même, on peut dire que je commençais bien ma liberté relative !

Me voilà donc de retour dans ce putain de désert à chercher cet homme. L'avantage c'était qu'il m'en avait mit tellement dans la face que je saurai repérer sa présence à des kilomètres à la ronde. Bon, peut être pas à ce point là. Et pas s'il cherchait vraiment à se cacher. Mais dans les autres cas j'y arrivais ! Question de survie. Il fallait bien que je sache quand il allait arriver pour me prendre par surprise. Par contre, pourquoi s'était-il exilé dans le désert ? J'en savais rien. Mais forcément, j'allais pas tarder par l'apprendre.
Car en effet je finis par le trouver. On pouvait dire qu'il n'était pas en train de faire quelques choses le présentant comme le grand danger des différents mondes. Accroupi en plein milieu du désert désertique que constituait le Yermo, il semblait compter les grains de sables. Alors, bien évidemment, je me dis que cela ne pouvait être ça. Qu'il ne pouvait pas atteindre un tel niveau. Mais en m'approchant je fus bien obligé d'accepter la terrible vérité. Il comptais VRAIMENT les grains de sable. C'était... Désespérant...

Le pire, c'est que, sur le coup, j'hésitai à le déranger. Si ça se trouvait, il était en pleine expérience capitale et, pour me punir de l'avoir tiré de sa concentration il essaierait de m'en mettre plein la face. Et il réussirait très certainement. J'avais beau avoir progressé depuis le gamin qu'il avait tué et commencé à entraîner, j'étais encore très très loin de son niveau. Donc forcément, s'il tentait quelque chose, j'aurais un peu de mal à l'en empêcher ! Mais pourtant je pris le risque...

- Eh, Tsu' ! Tu fous quoi avec le sable ? Tu tentes de compter combien de grains il y a dans ce fichu désert ?

Ce que je faisais là ? Je n'en avais moi-même pas la moindre idée. Ce qui ne m'empêchait pas d'y rester, bien au contraire. Et ce en dépit du fait que je n'aie strictement aucune occupation pour m'y retenir. À défaut d'en avoir au départ, j'avais du en confectionner une. Laquelle ? Ma foi... Elle se résumait sobrement à compter un à un chaque grain de sable composant les dunes de cet immense désert où je régnais en maitre. On avait vu mieux, mais les énumérer pouvait toujours être utile. Notamment si j'essaie de me débarrasser d'un de mes sbires en l'envoyant les calculer à son tour pour être sûr qu'il ne mente pas pour abréger cette injonction de ma part. Être le seigneur incontesté avait parfois du bon, même si le lopin de terre qu'on avait sous sa juridiction se résumait à un bac à sable à grande échelle. Comment j'en étais arrivé là ? Je ne me souviens même plus en fait.

Je devrais creuser ma mémoire. La fouiller pour me rappeler le jour où je suis arrivé. C'est ce que je vais faire je crois... D'ailleurs il me semble que quelque chose me vient déjà. Je n'aurai pas eu à chercher longtemps. Ah non, ça c'est la recette du flan au caramel... Ce qui me rappelle que j'ai faim... Je n'ai pas mangé depuis quand, déjà ? Longtemps. C'est sûr et certain. Quand à savoir précisément, impossible de m'en souvenir. Mais ce qui ne faisait aucun doute, c'était que j'avais la dalle. Je devrais manger. Manger ? Ah oui, ça me revient... J'ai atterri là à la fois par hasard et par erreur alors que je voulais aller manger un morceau dans le monde des humains. Mais comme je pouvais pas demander qu'on m'ouvre le passage pour ça, j'ai voulu me débrouiller tout seul. Ça a raté. Forcément. Sinon je serais pas là. Quoique j'aurais pu y arriver aussi... Mais plus tard. Et pas obligatoirement de la même façon.

En tout cas, je me souviens que dès que j'ai posé le pied ici, je me suis fait attraper. Des serviteurs du maitre des lieux. Manifestement ce n'étaient pas les serveurs du buffet où je voulais aller. Et ils n'étaient visiblement pas là pour me faire faire le tour du propriétaire non plus. En général, pour ça, il faudrait déjà qu'il y ait un propriétaire dont faire le tour. Et à moins que les murs soient vachement loin, tellement qu'on ait l'impression qu'il n'y en avait pas, je n'étais pas dans une maison. Ni même un appartement d'ailleurs. Sauf s'ils étaient transparents. Ce qui ne serait pas commode, surtout du point de vue de l'intimité. À moins que l'habitante soit une femme, de préférence jolie. Mais ce n'était pas le cas. Ou alors elle ne vivait pas seule et je n'étais pas tombé au bon endroit pour la voir.

Du moins était-ce ce que me laissaient penser les tronches de cake des deux mecs qui m'ont épinglé alors que je venais tout juste d'atterrir. Ils m'ont fait prisonnier aussitôt. Enfin, je me suis laissé faire, plutôt. Je voyais pas l'utilité de résister. Encore moins de prendre la fuite. Pour aller où ? Il y avait peut-être beaucoup de sable mais ça ne voulait pas nécessairement dire qu'il y avait une mer à proximité. Même si ça aurait été bien que ce soit une plage. Je devrais d'ailleurs y penser. Modifier l'endroit en y installant une petite mer privée, ce serait le pied. Même si bronzer s'avérerait difficile comme la nuit est permanente ici. L'avantage de la crème auto-bronzante en fait. Sauf si je me débrouille pour faire installer des appareils à ultra-violets...

Bref. Je me suis laissé choper. J'avais pas mieux à faire et je me suis dit que ça pouvait être marrant de jouer au captif. Alors je les ai suivis. De toute façon ils avaient l'air de se prendre pour les maitres du coin. Ce qui n'était pas plus mal. Parce qu'en général quand on domine un endroit, on s'y installe aussi confortablement que possible. Ce qui implique d'avoir de la bouffe à proximité pour pas devoir aller en chercher à chaque fois. Et s'ils en avaient, je pourrais piocher dedans, même s'ils voulaient pas. Je cognais assez fort pour les dissuader de m'en empêcher alors c'était pas grave s'ils étaient pas d'accord. Mais c'est pas au garde-manger qu'ils m'ont conduit. C'est devant un grand type habillé tout en blanc. Comme eux. J'avais pas remarqué avant. Mais après, si. Trop de blanc tue le blanc.

Heureusement que moi j'étais tout en noir, ça équilibrait un peu. J'ai d'abord cru que j'avais rencontré un type avec un pot de chambre sur la tête, mais en fait c'était un Arrancar. Le plus fort. C'était comme ça qu'ils l'appelaient. C'était la classe. Nom de code : l'Arrancar le plus fort. Ça en jette quand même. J'étais jaloux. Et ça tombait bien. Parce que ce gars-là voulait me buter pour me bouloter après. J'étais pas trop d'accord. Alors quand il m'a attaqué je lui ai cassé la gueule. Il était pas terrible pour un mec qu'on appelait le plus fort, mais bon, tant pis. Au moins il était mort. Donc c'était moi le plus fort. Et là, les gars qui m'avaient trainé là se sont prosternés pendant que je cherchais un truc à me mettre sous la dent. Et ils ont dit que c'était moi le patron désormais. Et depuis, c'est comme ça. Même si j'ai toujours pas trop compris ce qui s'était passé, vu que je voulais juste me remplir le bide.

Enfin voilà, c'est l'histoire de mon arrivée et de mon accession au trône. Un joli récit. Je devrais certainement envisager d'en faire un bouquin. Je suis persuadé que ça se vendrait à merveille et que les volumes partiraient comme des petits pains. Et après, je pourrais inventer une histoire qui parlerait d'un mec avec une cicatrice sur le front qui a des pouvoirs magiques. Je suis sûr que ça serait super original et que je me ferais plein de fric, et comme ça, je pourrais faire plein de truc !... Même si l'argent ne sert à rien, ici, en fait. Même si tout bien réfléchi, je pourrais sans doute payer un mec pour qu'il compte les grains de sable à ma place. Je suis sûr que Shûjin serait assez con pour accepter. C'est un bon plan. Faut pas que je l'oublie d'ici à ce que je lui tombe dessus.

Tiens, Shûjin. Comme quoi je dois avoir des talents de devin. C'est pour ça qu'il est arrivé précisément quand j'ai pensé à lui. Ou alors c'est parce que j'ai pensé à lui qu'il est arrivé. Auquel cas je serais plutôt un invocateur. Dans les deux cas, c'est quand même trop fort. Ça doit faire partie des super-pouvoirs que j'ai acquis quand je suis devenu le maitre du Hueco Mundo. On m'a dit que je pouvais faire un paquet de trucs grâce à ça. Donc je suppose que ça compte dans le lot. Sinon, je me serais quand même bien fait arnaquer. Même si le fait d'être à la tête d'une armée de types avec des morceaux de masque un peu partout sur la gueule a du bon parfois. Faire peur aux enfants même quand c'est pas Halloween par exemple. Ou me préparer des cocktails. Ou passer le balai. Ou n'importe quelle tâche ingrate que j'ai pas envie de me coltiner moi-même. Enfin bon. Maintenant qu'il est là, autant que j'en profite pour voir si mon stratagème bourré d'une ruse prodigieuse fonctionne bel et bien.

Bah, oui. Ca se voit pas ? D'ailleurs, ça te branche que je te paie pour que tu le fasses à ma place ?

Il m'avait cassé dans mon élan. Il méritait bien de devoir se farcir cette corvée. Même si du coup, je me retrouverais à nouveau sans avoir quoi que ce soit à faire. Même si je pouvais toujours l'observer en train d'en calculer le nombre total. Et peut-être même le faire en même temps que lui. Mais surtout pas l'aider. Sinon ça voudrait dire que je le paie à rien foutre. Ce qui m'amènerait à devoir le virer. Ce qui me ramènerait au point de départ, puisque je devrais faire son boulot à sa place. Cruel dilemme. Dans tous les cas, il fallait voir quelle serait sa réponse. En tout cas, en attendant, je me relevais – parce que oui, j'étais accroupi. C'était quand même plus facile. J'avais essayé de le faire en les repoussant du pied un par un, mais même avec ma toute-puissance, c'était chaud, quand même. Alors j'avais préféré opter pour une solution plus rudimentaire. La même qu'il allait maintenant devoir appliquer s'il voulait recevoir du blé. Même si celui-ci était inutile. Et surtout, que je ne l'avais pas. Il fallait que mon bouquin se vende, avant ça. Et par conséquent que je l'écrive. Ce qui risquait d'être complexe sans la moindre feuille de papier.

Quoique je pouvais toujours l'écrire sur le désert... Et ça me donnerait un prétexte pour refaire le portrait à tous ceux qui viendraient piétiner mon futur best-seller. Mais le hic serait le moyen de l'envoyer à un éditeur. Je me voyais mal remplir des enveloppes avec mon désert. Surtout que ça risquerait d'être gênant pour la lecture, après. Le bon côté, c'est que je saurais enfin ce qu'il y a en dessous. Ça me travaille depuis que je me suis incrusté. Mais bon, on verrait ça une autre fois. Remis debout, j'époussetais mon pantalon. Noir. Comme mon manteau. Celui-là même que j'avais ouvert tout en proposant un bonbon au type qui se tenait à mes côtés la première fois que je l'avais vu. Je devrais peut-être réessayer. Ce serait un bon moyen de savoir s'il avait gardé son âme d'enfant. Ce qui ne serait pas foncièrement bon pour lui vu que c'était à l'époque que je l'avais explosé avec un Cero. Mais bon, c'est un détail...

Et toi, qu'est-ce que tu fous là ? Tu veux un bonbon ?

- Tu me paierais avec quoi ? Du sable ? Va crever, pauv' con !

Et ouais, on pouvait dire que ma relation vis à vis de mon mentor était des plus cool. J'avais pas le respect que plusieurs personnes pouvaient témoigner pour leur supérieur. Même si je devais tout à ce supérieur en question. En même temps, fallait avouer que la gueule de ce supérieur était bien spécial. Franchement, regardez moi ça ! Le mec il compte les grains de sables du désert ! Il pourrait faire péter le monde d'un claquement de doigt et lui il compte les grains de sable ! J'avais jamais vu ça. J'avais jamais vu non plus quelqu'un qui serait prêt à me payer pour le faire. Enfin, quelqu'un autre que Tsu', qui était vraiment un putain de taré. Peut être pour ça que je l'aimais bien n'empêche.

Bref, il semblerait que je l'avais dérangé dans son activité. Je disais bien que j'avais hésité ! Mais pas grave. On allait faire avec. Enfin, je pensais. De toutes façons il y avait pas le choix. Au pire il déciderait que je le faisais chier et il m'enverrait un Cero dans la gueule. J'étais tellement habitué que je pensais que j'avais fini par développer une résistance supérieure à la moyenne aux attaques de ce mec. Mais seulement aux siennes hein ! Je me prends un autre Cero, ça fait normal. Peut être une question de Reiatsu. J'aimerais bien avoir un doc' à mes côtés pour m'expliquer ça. Mais j'en avais pas. Dommage d'ailleurs. C'est utile un doc'. Faudrait que je demande à Tsu' s'il pouvait m'en offrir un pour mon anniversaire. Dommage que j'avais oublié quel jour c'était. Je suis sûr qu'il m'aurait offert tout pleins de cadeaux.
Quoi ? Ça vous semble bizarre ? Non mais regardez le ! Le mec il me propose un bonbon ! Comme la première fois que je l'ai vu. D'ailleurs, cela continuait à me faire penser que j'allais en prendre plein la gueule. Car la fois dont je parle, la suite de cette question avait été un Cero en plein dans ma gueule. Enfin je crois me souvenir que c'était un Cero. Ce qui est sûr c'est que ça m'avait tué. Meilleure chose qui me soit arrivée de toute ma vie. Ma mort. Paradoxale non ? Maintenant j'étais balaise grâce à son enseignement. Et enfin les autres allaient pouvoir me connaître ! Ce qui me faisait quand même sacrément plaisir. Mais fallait déjà que je règle quelques détails avec l'autre là.

- Ça dépend. Quoi comme bonbon ? Et il sera accompagné d'un Cero dans ma gueule ? Non car tu sais que j'aime bien bouffer, mais j'ai pas confiance en toi ! Ce qui est normal. C'est pas parce que je t'obéis que je suis totalement con ! Seulement un peu !

Oui, il y avait mieux comme paroles. On pourrait presque croire que je m'écrasais. Mais putain, essayez de refuser quelque chose à un mec qui vous a tout appris mais qui pourrait vous tuer simplement en baillant s'il le voulait ! Normal quoi que je sois son bras droit. Enfin ça c'était ce que je disais. Et je pensais pas trop trop me tromper. Même s'il devait vraiment plus me voir comme un larbin de plus qu'il pouvait utiliser. Mais au moins il devait me trouver utile vu qu'il m'utilisait pour plein de choses ! Donc lui servir de punching ball... Oui, c'est le grand traumatisme de ma vie. Je pourrai m'allonger sur un canapé et en parler à mon psy. Mais j'avais pas de psy. C'était gênant. Je devrais peut être en demander un à Tsu' aussi. Tiens d'ailleurs !

- Ah et sinon, j'avais plus choses à te demander. Mais là j'ai deux nouvelles questions. Il y a un doc' et un psy dans le coin ? Franchement, je trouve que ça serait utile ! Je sais plus pourquoi je veux d'un doc', mais je me souviens que c'était pour une bonne raison !